L’annonce lundi 15 janvier 2018 par le Premier ministre Édouard Philippe de mettre un terme au projet d’aéroport de Notre-Dames-des-Landes a provoqué deux échos contradictoires dans la presse et l’opinion.
Pour les uns, l’État a reculé devant une bande de punks à chiens ; pour les autres, la résistance des zadistes signe la victoire de l’écologie sur un libéralisme économique qui ne prend pas en compte l’humain.
Les policiers se font agresser, les pompiers sont caillassés, les immigrés illégaux ne sont pas expulsés, les zadistes hors la loi font plier le Gouvernement. Après la Hollande bienvenue en Macronie où l’autorité de l’Etat est bafouée tous les jours #NDDL
— Nadine Morano (@nadine__morano) 17 janvier 2018
300 zadistes hors-la-loi ont gagné à NDDL et l'Etat a encore reculé. Ceux qui se sont exprimés par la voie démocratique sont méprisés et devront se résigner à payer la note de +300 millions€ de dédommagement pour Vinci... #NDDL #Macron
— Lydia Guirous (@LydiaGuirous) 17 janvier 2018
Les uns et les autres ont raison. Désormais, depuis cette victoire des gauchistes contre l’État français, une cinquantaine de ZAD (zones à défendre) incluant des sites nucléaires risquent de voir le jour. Le problème sera alors plus ardu.
« La ZAD vivra. Notre lutte ne s’arrête pas aux portes d’un aéroport abandonné. Elle se poursuit au-delà, et tant que des bétonneurs sans scrupules continueront à piller des ressources et des espaces, nous continuerons d’entraver leurs machines. Sans pour autant que l’on ait envie de quitter cette zone, qui, dès lors que son avenir sera acquis au mouvement anti-aéroport, pourra constituer une base arrière solide pour ouvrir d’autres brèches. Nous sommes beaucoup sur cette zone à considérer que l’abandon de l’aéroport ne constitue qu’une victoire partielle. On aura encore à lutter ensemble pour préserver et arracher des marges de liberté, ici et ailleurs. Car des zones à défendre, il en existe des milliers. » (Communiqué de zadistes du lundi 15 janvier 2018)
Cependant, c’est aussi le moyen par lequel les véritables écologistes peuvent freiner l’expansion de l’urbanisation galopante du pays, au détriment des sols, des forêts, des sites protégés.
Zadistes contre économistes, le débat – ou le conflit – ne fait que commencer.
La construction de la ZAD fin octobre 2015 par l’agence de presse Taranis News :
Ils veulent rester à Notre-Dame-des-Landes
et créer une principauté zadiste
Lundi 15 janvier, avant même de connaître la décision du gouvernement annoncée par Édouard Philippe ce mercredi, les zadistes qui envisageaient toutes les hypothèses sur leur site internet, ont averti l’exécutif. Même après l’abandon du projet de création d’un nouvel aéroport pour le grand ouest à Notre-Dame-des-Landes qui ne constitue à leurs yeux qu’une « victoire partielle », les occupants de la zone ne libéreront pas les lieux.
Alors que le Premier ministre a donné aux occupants jusqu’au printemps pour se retirer, la communauté a fait officiellement savoir sur son site « Zone A Défendre » que « nous serons nombreux à défendre la ZAD en cas d’intervention policière, ciblée ou totale ».
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« Ce n’est pas une zone de non-droit mais une zone hors-normes »
Dans le manifeste publié ce lundi 15 janvier, les occupants de Notre-Dame-des-Landes décrivent la ZAD comme un univers en construction où s’invente un « nouveau modèle social ».
« Comme partout, il y a des conflits d’usages, des embrouilles, des dérapages. Mais ici, nous tentons de régler ces questions collectivement, sans recours à des flics, à des juges, des matons ou des psys. Nous y mettons beaucoup d’énergie parce que nous croyons que c’est possible. Ce qu’ils appellent "non-droit", nous l’appelons "hors-normes". Et ce n’est pas plus la légalité que l’illégalité qui nous semble le critère pour juger de la justesse de nos actes (…).
Cette expérience collective, vécue, soutenue et rejointe par de milliers de personnes depuis une dizaine d’années, donne de l’espoir et du sens dans une époque ou le capitalisme ravage ce qui reste de respirable en ce monde. C’est pourquoi nous serons nombreux à défendre la ZAD », avertit la communauté.