C’est l’été avec ses clichés et dans la presse ses marronniers, ces sujets de plus ou moins faible importance qui font la une : les départs en vacances, les plus beaux villages de France, la rentrée scolaire, etc. Parmi ces derniers, le plaisir, le sexe. Et une idée reçue : le mariage éteindrait les feux de l’amour. La littérature est ainsi abondante qui montre que « l’amour dure trois ans ». Conséquence : l’infidélité serait inévitable. Mais d’où vient cette idée ? Est-elle juste ?
Au départ, il y a le mythe de Roméo et Juliette. Ils marqueraient « symboliquement l’avènement du couple moderne » écrit Jean-Claude Boulogne, historien spécialiste de l’histoire des mœurs dans son ouvrage Histoire du couple. La passion l’emporte sur les devoirs familiaux. L’Occident commence à admirer le triptyque interdit, désir, plaisir.
Arrive le XIXème siècle et sa cohorte d’images noires à propos de la famille, quand elles ne tournent pas aux clichés. Madame Bovary de Gustave Flaubert en est l’archétype : ne s’étant jamais véritablement remis de ses lectures de jeunesse, Emma s’ennuie dans son ménage… à en mourir. Relisons la prose de Flaubert, si célèbre, si juste :
« Ce n’étaient qu’amours, amants, amantes, dames persécutées s’évanouissant dans des pavillons solitaires, postillons qu’on tue à tous les relais, chevaux qu’on crève à toutes les pages, forêts sombres, troubles du cœur, serments, sanglots, larmes et baisers, nacelles au clair de lune, rossignols dans les bosquets, messieurs braves comme des lions, doux comme des agneaux, vertueux comme on ne l’est pas, toujours bien mis, et qui pleurent comme des urnes. Pendant six mois, à quinze ans, Emma se graissa donc les mains à cette poussière des vieux cabinets de lecture. »
Voilà. Depuis rien n’a changé. Les femmes et les hommes sont restés les mêmes. L’amour, toujours ; mais surtout, la passion.
Quant à Jean Claude Bologne, il s’interroge :
« L’attrait pour le libertinage, l’augmentation des divorces, l’érotisation quasi obsessionnelle des relations entre les sexes sonnent-ils le glas du couple, ou continuons-nous à rêver d’amours éternelles ? »
Il écrit que « Si l’on s’intéresse au nombre d’unions, et non de mariages, on se rend compte que la vie en couple est désormais bien plus importante que dans les années les plus fastes de l’après-guerre ». Est-ce à dire que le couple, pour connaître un tel succès, est le facteur du bonheur et de son corollaire, le plaisir ? Mais alors pourquoi la routine est-elle brandie comme l’ennemi ? Il y a les magazines comme Grazia qui nous mettent en garde : « Si vous voulez éviter de détruire la passion amoureuse et faire en sorte que votre couple ne sombre pas dans la rupture, prenez garde à la routine. »
Il y a eu plus sérieusement, avant, les rapports Kinsey publiés aux États-Unis en 1948 et 1953 sur les comportements sexuels des hommes et des femmes. Premières études du genre, elles vont durablement marquer le domaine. Le docteur Kinsey estime qu’environ 50 % des hommes mariés ont eu des relations sexuelles extra conjugales. Voilà donc le stéréotype que les hommes sont volages validé par une étude scientifique. Pourtant les rapports Kinsey seront attaqués à propos de leur rigueur méthodologique qui auraient biaisé les résultats, quand ce ne sont pas des accusations de fraudes qui auraient faussé les résultats de l’enquête.