Si l’on s’informe uniquement sur Le Monde et le New York Times, on peut croire qu’une révolution populaire est en cours. Que le pouvoir de Maduro, le successeur de Chávez, est une dictature qui lance son armée contre son propre peuple. La liberté tend les bras à un peuple écrasé par un totalitarisme bolivarien...
Et puis, il y a une vision moins manichéenne, moins simpliste, moins américanophile des événements. Dans cette interprétation, le gouvernement populaire de Maduro subit depuis la mort (ou l’exécution) de Chávez une pression intense du renseignement américain, qui voit la possibilité de récupérer dans son giron le premier producteur de pétrole et d’idées anti-impérialistes du continent sud-américain.
Parce que le Venezuela de Chavez, à l’instar de la Libye du colonel Kadhafi, a grandement participé à s’émanciper de la domination américaine tout en créant un club des non-alignés dans sa région. Une gifle pour l’empire, qui est considérée comme impardonnable. Les Américains n’ont jamais lâché le désir de récupérer le Venezuela, comme ils n’ont jamais renoncé à l’idée de récupérer Cuba dans leur sphère d’influence.
C’est l’avantage de la politique longue, et profonde. La révolution « orange » en cours ressemble à s’y méprendre à ces révolutions (les « printemps » arabes) qui étaient destinées dans les années 2010 à déstabiliser les pays qui étaient jugés encore trop indépendants vis-à-vis de l’Amérique.
Pour info, après l’élimination du bourreau de la Tunisie (ben Ali), ce sont les Américains qui ont ouvert au nouveau gouvernement tunisien une ligne de crédits militaires pour assurer sa sécurité, enfin, celle des Tunisiens. La Tunisie qui fournira – simple coïncidence – de gros bataillons de djihadistes en partance pour la Syrie à partir de 2011 : 6 000 rien que pour la Syrie, le plus gros bataillon !
Une bonne vieille technique mafieuse qui consiste à déstabiliser (tout casser dans le restaurant qui refuse de payer le pizzo) puis de proposer ses services en matière de sécurité... Si les événements empirent à Caracas, il est à craindre une intervention directe ou indirecte des Américains pour voler au secours des droits de l’homme... vénézuélien.