Le 2 octobre prochain, le gouvernement hongrois proposera par référendum le rejet de la politique de quotas imposée par Bruxelles (« Approuvez-vous que l’Union européenne puisse imposer l’établissement en Hongrie de ressortissants non Hongrois sans l’accord de l’Assemblée nationale ? »). Référendum dont l’issue en faveur du rejet ne fait pas de doute, mais dont il n’est pas certain qu’il puisse être validé, nécessitant pour ce faire 50 % + 1 voix de participation, ce qui n’est pas acquis. À 18 mois des prochaines législatives.
Quelle que soit l’opinion que l’on aura sur le sujet, il est évident que le thème de l’immigration, cheval de bataille de Viktor Orbán, vient à point pour faire oublier les affaires de corruption qui entachent des proches du gouvernement. À un moment aussi où les grands syndicats et certaines professions se mobilisent (enseignement, santé). C’est de bonne guerre, dira-t-on. Sauf que le combat se déroule à armes inégales. En effet, le gouvernement vient de lancer une impressionnante campagne d’affichage sur la voie publique, d’encarts et de spots dans les médias. Campagne qui coûte une fortune, et ce aux frais du contribuable. Ce que ne peut s’offrir l’opposition.
Une campagne dont les slogans hostiles au migrants grossissent quelque peu la réalité, sur le leitmotiv du « Le saviez-vous ? » Ce qui est habile, mais sournois, est qu’ils reposent sur un fond plus ou moins réel, mais habilement déformé. Quelques exemples : « Le saviez-vous ? L’attentat de Paris a été perpétré par des migrants », « Le saviez-vous ? Depuis le début de la crise migratoire, le nombre des agressions contre les femmes augmente en flèche » ou encore « Le saviez-vous ? Bruxelles entend implanter chez nous des immigrants illégaux équivalant à la population d’une ville. »
Dans ce dernier cas, l’assertion ne traduit pas la réalité, le nombre avancé par Bruxelles étant de 1 900 (sur une population de 10 millions d’habitants), qui plus est non pas des « illégaux », mais des demandeurs d’asile. Quant aux attentats de Paris, les auteurs du slogan jouent habilement sur les mots car, si deux des terroristes du 13 novembre étaient effectivement irakiens, tous les autres assaillants étaient des ressortissants français ou des Belgo-Marocains nés en Belgique…
Mais bon, on peut donner à parier que la campagne va faire mouche. Dans une population hongroise où 72 % des personnes interrogées déclarent avoir une mauvaise opinion des musulmans, dont le nombre ne dépasse pas en Hongrie les 50 000. Par comparaison, en France, qui dénombre une population d’au moins 5 millions de musulmans, 29 % des personnes interrogées déclarent avoir une mauvaise opinion d’eux, le reste établissant un distinguo entre musulmans et islamistes.