Le président de la République, François Hollande, a évoqué et pourfendu à plusieurs reprises mardi la thématique du complot lors de son discours au Mémorial de la Shoah à Paris.
"Pour combattre un ennemi, il faut d’abord le connaître et le nommer. L’antisémitisme a changé de visage. Il n’a pas perdu ses racines millénaires. Certains de ses ressorts n’ont pas changé depuis la nuit des temps : le complot, le soupçon, la falsification", a-t-il dit lors d’un hommage aux 76 000 Juifs de France déportés sous le régime de Vichy.
"Mais aujourd’hui, il se nourrit aussi de la haine d’Israël. Il importe ici les conflits du Moyen Orient. Il établit de façon obscure la culpabilité des juifs dans le malheur des peuples. Il entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Celles même qui ont conduit au pire", a-t-il ajouté.
Responsabilité du net
Et d’insister sur la nécessité de "prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux. Or nous devons nous souvenir que c’est d’abord par le verbe que s’est préparée l’extermination". "Nous devons agir au niveau européen et même international pour qu’un cadre juridique puisse être défini et que les plateformes internet qui gèrent les réseaux sociaux soient mises devant leurs responsabilités, et que des sanctions soient prononcées en cas de manquements", a-t-il insisté.
"L’Union des anciens déportés et l’Union des étudiants juifs de France lancent aujourd’hui un appel contre le négationnisme sur internet", a-t-il dit. "Il s’adresse aux grands opérateurs. Ils doivent prendre leurs responsabilités. Ils ne peuvent plus fermer les yeux, ou alors ils seront considérés comme complices. La France soutiendra cet appel. Et cet après-midi à Auschwitz je demanderai aux représentants des gouvernements qui sont présents de s’y joindre aussi", a-t-il aussi développé.
Crédulité des jeunes
En fin de semaine dernière, la ministre de l’Éducation nationale avait enjoint les médias à prendre "une part de responsabilité dans ce qu’ils rapportent", se déclarant "préoccupée" par les rumeurs et théories du complot auxquelles les enfants peuvent croire, deux semaines après les attentats en région parisienne.