On sent qu’Haroun a pris du poids politique depuis son sketch sur les mouettes marseillaises qui crient « PSG enculé ».
Haroun aborde aujourd’hui le champ politique, avec le rapport aux juifs et le conflit israélo-palestinien. Son sketch intitulé J’arrête les blagues à risque n’est pas très honnête, puisque l’humoriste se pose en juif, en antinazi, et même s’il parle des camps et de la Palestine (mais pas du ghetto de Gaza), les méchants et les gentils sont toujours les mêmes. Donc aucun risque de se faire gronder par le CRIF, la LICRA et les médias aux ordres.
« Je viens de faire référence à Hitler, nan pasque y en a qui disent que si il avait réussi le concours aux Beaux-Arts, il ne serait pas devenu dictateur nazi. Ce qui reste à prouver. Ben j’veux dire c’est pas incompatible, c’est juste que les camps auraient été mieux décorés, quoi. »
Ce n’est pas une imposture mais une façon de se poser en humoriste dissident (les autres sont en perdition) sans prendre de coups. Il ne suffit pas de dire juifs, nazis ou Israël pour être bon, il faut aussi entrer en humour de résistance. Et là, on est loin de Dieudonné ou des humoristes américains qui osent. Nous, en France, on est privés d’humour total, on a un humour tronqué, raboté par la censure, comme des journaux avec une paire de ciseaux. On a un humour sans couilles, ou avec une couille, mais prudente, car sa sœur est partie, ou a été enlevée.
Le positionnement d’Haroun, un gars pourtant techniquement bon, consiste à faire du politiquement incorrect correct, une petite arnaque fondée sur les mots interdits, mais qui sont développés dans le bon sens, celui de l’idéologique dominante. C’est du trucage, habile certes, mais qui fait croire qu’on est mal-pensant. C’est en réalité de la mauvaise mal-pensance.
Pour arriver au niveau de liberté d’une Gardin ou d’un Proust, il faudra donc tomber le masque ou la kippa, et y aller à fond sur Israël. Là, on applaudira des deux mains, parce qu’il y a du talent, de la trouvaille, alors qu’aujourd’hui on applaudit d’une seule main, ce qui ne fait pas de bruit.
En tous les cas, Hitler est toujours aussi vendeur. Il faudrait faire la somme de tous les films, tous les documentaires, tous les livres, toutes les revues qui ont gagné de l’argent sur le dos d’Hitler. Et sa popularité ne fait qu’augmenter, pas parce que le monde en général ou les Français en particulier deviendraient plus antisémites, mais parce que les juifs israéliens, victimes d’un génocide ou d’une tentative de génocide il y a 80 ans, pratiquent aujourd’hui ouvertement un génocide sur les Palestiniens. Les juifs non israéliens qui en appelaient à la Shoah pour un oui ou pour un non, pour un tag ou pour une vanne, sont bien embarrassés. Pour tenir, les israélistes français s’appuient sur le mensonge ou l’agressivité, mais ça ne trompe pas : ils sont dans la merde jusqu’au cou.
Peut-être que dans 80 ans – on espère plus tôt grâce à la vitesse intrinsèque des réseaux sociaux –, on fera des vannes sur le boucher Netanyahou. On verra si Haroun s’y collera. Il peut même en faire dès maintenant, puisqu’il a la carte.