Les pompiers ont dû lutter contre de multiples brasiers simultanés, alimentés par des vents violents, eux-mêmes nourris par la force de l’ouragan Dora. Face à la vitesse de progression des flammes, la population de Lahaina a dû fuir sans se retourner, parfois même en se jetant dans l’océan. (Le Monde)
Cut the shit : on va partir sur cette expression US qui signifie « va droit au but », comme l’OM, pour parler des grands incendies qui ont touché l’île de Maui de l’archipel de Hawaï en ce mois d’août 2023. Cet événement a donné lieu à deux interprétations, l’une complotiste, l’autre sociale. Les voici.
Une survivante raconte ce qui a été vu à Maui, Hawaï. "C'était une attaque à énergie dirigée contre les gens et Maui. Des centaines voire des milliers de personnes sont mortes." Plein de témoignages affluent dans ce sens, incendie criminel par arme à énergie dirigée... pic.twitter.com/ov88nf3tpB
— Vivre Sainement (@VSainement) August 13, 2023
Il y a bien sûr exagération ici, puisque le bilan officiel ne dépasse actuellement pas les 100 morts, ce qui est déjà considérable, et prouve un problème de prévention et/ou d’intervention. Ceci étant dit, des internautes se sont posé la question des arbres qui n’ont pas brûlé :
Les incendies d'Hawaï - Pas naturels. ROSÉE ?
Comment un t... peut-il faire ça ?
Il n'y a aucune possibilité…Des armes à énergie directe ont-elles été utilisées ?
Des gens qui y vivent dit que les nouvelles mentent sur la gravité de la situation. C'est bien pire. pic.twitter.com/1uNxBLtUyA
— Bops (@BeaupinEric) August 13, 2023
Pour eux, pas de doute, il s’agit de l’essai grandeur nature d’une « arme à énergie dirigée ».
Je reposte car censuré ? Quelle est la cause des incendies à Maui, Hawaï ?? Les satellites à énergie dirigée seraient-ils les responsables ? L'horreur n'a aucune limite pour certains pourris...Voyez-vous cette vidéo ? pic.twitter.com/HfrYVrkdYm
— Vivre Sainement (@VSainement) August 13, 2023
Passons maintenant à l’explication sociale, qui est intéressante en ce sens qu’elle renvoie à « l’impuissance » des services publics américains lors des grandes inondations de Louisiane d’août 2005.
À l’époque, le monde entier avait assisté, atterré, à la débâcle du système de secours du premier pays du monde, quasiment au niveau du tiers-monde en matière sanitaire. Malgré les promesses du fils Bush, le drame de Hawaï prouve que rien n’a changé... pour les pauvres.
A Hawaï, la première puissance économique et militaire mondiale a confié l'organisation des secours au "réseau noix de coco" (expression employée par un habitant pour désigner le bouche-à-oreille).
Des manques à tous les niveaux ont été observés sur l'île et, une fois de plus,… pic.twitter.com/eHH5QNsMek
— Stéphane POLI (@Stephane_Poli) August 13, 2023
Le mégot de Satan ?
Après l’explication complotiste et l’explication sociale, nous finirons sur l’explication économique, les grands incendies qui ont touché la France depuis 2019 ayant associé, dans l’esprit du grand public, destruction de forêts et promotion immobilière. Nous sommes en juillet 2022, la Gironde brûle. Des internautes font le rapprochement entre les feux qui ravagent la région depuis le 12 juillet et l’implantation, sur les lieux mêmes d’un incendie, d’une usine solaire très controversée.
Heureusement, le journal gratuit 20 Minutes vole au secours des promoteurs et des autorités, qui nient tout rapprochement entre les deux événements.
Depuis quelques mois, le projet Horizeo a du mal à se faire une place dans le cœur des Girondins. Pour cause, la future plus grande centrale photovoltaïque d’Europe – dont les travaux commenceront d’ici à 2025 – doit s’installer sur plus de 1 000 hectares au milieu d’une forêt de pins. Son implantation entraînera par définition la déforestation de toute cette superficie.
Si Engie et Neom – les promoteurs du projet – cherchent des alternatives pour répondre aux inquiétudes des différentes consultations citoyennes, l’installation d’Horizeo semble compliquée. De quoi laisser certains internautes imaginer une corrélation avec les récents incendies survenus dans le département. Selon eux, les feux auraient été déclenchés afin de « résoudre proprement » la destruction de ces milliers d’arbres.
Et maintenant, place à l’anticomplotisme avisé, que l’on peut aussi appeler voix de la raison, ou de l’aveuglement selon le point de vue
Reprenons avec les Landes en 2022. C’était l’été, il faisait cette année-là très chaud et très sec (les canicules se suivent et ne se ressemblent pas). L’idéal pour des feux spectaculaires, suite à des déclenchements généralement volontaires ou accidentels (rarement naturels), que l’on peut voir comme une constante. À chaque fois que les conditions sont favorables, ça brûle.
Dans les années 1980, il y a eu pas mal d’étés pendant lesquels 50 000 à 60 000 ha partaient en fumée, particulièrement dans le Sud-Est. Le plus gros incendie en France, c’est en 1949, justement dans les Landes : 50 000 ha ! En 2022, les feux en Gironde ont parcouru 32 000 hectares. Bref, ça a brûlé, et pas de manière anecdotique, mais rien de neuf hélas. Ce n’est pas en soi étrange.
Concernant la proximité d’un incendie avec un projet photovoltaïque, il n’y a pas grand-chose à en dire de concluant. Déjà, il y a eu des feux ailleurs aussi, jusqu’en Bretagne (dans des peuplements monospécifiques de résineux, pas au milieu des chênes et des hêtres). Ensuite, mille hectares brûlés prétendument pour faire place nette, c’est beaucoup mais pas tant que ça. L’État ne se gêne pas pour permettre, en France comme en Allemagne et ailleurs, de couper des boisements pour implanter des éoliennes. Et il ne se gêne pas non plus pour le faire en faveur de panneaux photovoltaïques. Ces vingt dernières années, mille hectares, c’est justement la moyenne annuelle de la disparition des boisements dans le massif des Landes au profit d’infrastructures urbaines et… d’installations photovoltaïques.
Les Landes sont une vaste forêt artificielle, largement possédée par l’État, gérée comme un champ d’arbres, avec de vastes coupes à blanc. On imagine sans peine l’État décréter que sur les 1 300 000 ha du massif, 1 000 ou plus seront affectés au sauvetage de la planète. Pas besoin de mettre le feu pour cela.
Revenons à Hawaï. Dans l’imagerie populaire, Hawaï, c’est des volcans couverts d’une jungle humide. Un cliché non dénué de vérité, puisque c’est sur l’une de ces îles que l’on enregistre la deuxième plus grande hauteur de précipitations annuelle au monde, avec près de 11 700 mm ! Mais telle n’est pas la situation de Lahaina, la commune ravagée par les flammes sur l’île de Maui. La moyenne des pluies n’y est que de 371 mm par an. Avec un minimum estival très marqué. On est loin de la jungle où tout est détrempé, a fortiori en cette saison.
Ajoutons que, comme sur le continent, les maisons sont de structure légère, en bois, et remplies d’objets prenant aisément feu ; tout comme les voitures à l’extérieur. Et que la météo de cette période était très ventée. D’excellents conditions pour un feu catastrophique. Quant à l’allumage du ou des feux, il se pourrait bien qu’il soit non naturel, voire criminel. Mais est-il besoin d’avoir recours à l’utilisation d’armes secrètes ? D’autant que la justification que l’on donne à leur prétendue utilisation concerne plus la violence du feu que son déclenchement.
Ne comptons pas sur les commentaires pour trancher la question, mais gageons que les points de vue seront donnés avec les arguments sérieux requis pour défendre une opinion d’honnête homme.