L’émission date du 4 juillet 2018, jour de fête nationale américaine, mais ça n’est pas le débat. Le débat, c’est – ô surprise – le retour de l’antisémitisme (il était parti en vacances ?), ce marronnier relou des médias mainstream et accessoirement incitation furieuse au zapping. Sauf que nous, on n’a pas le droit : on ne doit rien laisser passer.
- Noémie explique devant un Hassen qui ne bronche pas que les musulmans sont méchants
Halioua « contre » Chalghoumi, ça ressemble à un gag, car ça met aux prises la petite néosioniste qui monte et le comique bègue aux ordres. On est loin des grands débats entre intellectuels majeurs du type Chevènement & Garaud contre Veil & Attali, un must en la matière. Là ce serait plutôt L’Île aux enfants, avec Casimir et Julie, l’obèse et la nunuche.
RT France prête gentiment son plateau et sa présentatrice complaisante à ce vieux sketch multirediffusé, une sorte de Gendarme de Saint-Tropez où les nudistes pourchassés sur la plage seraient remplacés par les juifs d’aujourd’hui. Car c’est l’impression que donnent les trois protagonistes de cette farce. Si on va dans leur sens, c’est Shoah 2 le retour. Nos amis russophiles ont-ils quelque chose à se faire pardonner ?
Pour ceux qui n’arriveraient pas à cliquer sur la vidéo, pour des raisons de dignité personnelle, en gros la meuf à Devecchio (le néosioniste du Figaro) accuse les Arabes d’être les nouveaux antisémites et disculpe les bons Français qui eux en sont restés au vieil antisémitisme de droite (ouf putain), tandis que l’imam acquiesce et plie genou devant sa Maîtresse. Un discours aussi simplet que bidon dans la droite ligne de la nouvelle offensive du national-sionisme : bien séparer les bons des mauvais Français, distribuer les bons et les mauvais points pour semer la zizanie.
« À son tour, Hassen Chalghoumi espère qu’« un dialogue sincère et pacifique entre les communautés juives et musulmanes puisse avoir lieu, même si “la croissance de l’islam politique est un poison”. Enfin, l’imam Chalghoumi appelle à “une plus grande fermeté de la part des acteurs politiques”. »
C’est dommage, ce débat aurait pu être démocratique et sérieux, par exemple avec la présence d’un simple journaliste qui aurait rappelé les massacres de Palestiniens par les Israéliens, le racisme endémique de l’occupant pourtant fustigé par la justice internationale, l’importation du conflit en France par une élite corrompue (la Banque ça sert à ça), des trucs comme ça, histoire de pas noyer le poisson.
« Témoin attentif de cette montée de l’antisémitisme, Noémie Halioua est l’auteure de L’Affaire Sarah Halimi (Cerf, 2018). Elle a également participé à l’ouvrage collectif Le nouvel antisémitisme en France (Albin Michel, 2018). Pour elle, “il ne doit pas y avoir de corrélation entre le conflit israélo-Palestinien et l’antisémitisme en France. Les juifs de France n’ont pas à répondre à la politique du gouvernement de Benyamin Netanyahou”. »
Peut-être que les voix discordantes n’ont pas pu venir ou ont raté le débat à cause des grèves SNCF... C’est drôle, cette habitude qu’a la télé française, qu’elle soit russophile ou pas, d’inviter toujours les gens du même camp [1]. Au final, ça fait un peu concentrationnaire et étouffant.
Vite ouvrons les fenêtres, et prions pour que Taddeï les maintienne ouvertes !