[…]
Après un mois de procès ultramédiatisé et cinq jours de délibérations, le jury de sept hommes et cinq femmes a délivré son verdict dans l’affaire la plus emblématique du mouvement #metoo. Le producteur de cinéma Harvey Weinstein, 67 ans, a été jugé coupable d’agression sexuelle et de viol, lundi 24 février, une peine passible de vingt-cinq ans de prison au maximum. Il a toutefois été disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.
Harvey Weinstein, qui a été écroué, est désormais passible de vingt-neuf ans de prison au total. Il connaîtra sa peine le 11 mars. Son avocate a annoncé qu’il fera appel. […]
[…]
Pour rappel, deux femmes accusaient formellement Harvey Weinstein. La première, Mimi Haleyi, est une assistante de production, aujourd’hui âgée d’une quarantaine d’années, qui dit avoir subi un cunnilingus forcé par M. Weinstein à son domicile new-yorkais, en 2006, alors qu’elle avait ses règles. Cet acte valait à ce dernier d’être poursuivi pour agression sexuelle « au premier degré » (ce chef d’accusation, qui englobe fellations, cunnilingus et sexe anal fait encourir vingt-cinq ans de prison).
La seconde, Jessica Mann, 36 ans, rêvait à l’époque de devenir actrice. Selon son témoignage, elle aurait subi un cunnilingus forcé début 2013, puis deux viols, en mars et en novembre de la même année, dans un hôtel new-yorkais. Ces accusations valaient à M. Weistein d’être poursuivi à deux titres, viol avec violence (« premier degré » avec de cinq à vingt-cinq ans de prison) et viol avec personne incapable de donner son consentement (« troisième degré », jusqu’à quatre ans de prison).
[…]
[…] Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés. Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.
« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. » Mimi Haleyi a, elle, raconté avoir eu un rapport sexuel engagé par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance. Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».
[…]
Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #metoo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.
[…]
Lire l’intégralité de l’article sur lemonde.fr