La nouvelle de l’interruption des négociations entre la Grèce et ses créanciers ce jeudi 11 juin n’est ni une surprise ni une nouvelle. D’une part, on peut penser qu’il s’agit plus d’une suspension des négociations et que ces dernières reprendront d’ici quelques jours, quitte à ce que nous soyons encore soumis au régime de la douche écossaise. Mais, d’autre part, sur le fond, il est clair qu’il y a un désaccord fondamental sur la nature politique de ces négociations.
La nature des désaccords
Ce que cherche l’Union européenne, par le biais de l’Eurogroupe, c’est de cautériser le précédent ouvert par l’élection de janvier 2015 en Grèce. Il s’agit de faire la démonstration non seulement en Grèce, mais ce qui est bien plus important en Espagne, en Italie et en France, qu’on ne peut « sortir du cadre de l’austérité » tel qu’il a été organisé par les traités. L’important est donc de faire plier la Grèce non pas pour elle-même, ou pour humilier ses dirigeants (même si certains dirigeants européens sont sur cette position) mais pour ôter l’envie aux peuples d’Europe de se rebeller par voie électorale contre les diktats de Bruxelles et Francfort.
Ce que cherche le gouvernement grec, c’est à imposer une solution politique à la question de la dette, qui permette de trouver une autre voie que celle de l’austérité. C’est pourquoi, et moyennant un tel accord et un programme d’investissements en Grèce, ce gouvernement serait prêt à faire des concessions que ce soit sur les privatisations ou sur les retraites. Mais, pour que ces concessions aient un sens il faut un accord politique global. Le Ministre des finances de la Grèce, M. Varoufakis, l’a rappelé en début de semaine [1].
L’attitude de l’Eurogroupe a ainsi largement fait évoluer la négociation vers ce que Yanis Varoufakis appelle une « guerre ».
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