Le maintien de l’ordre en France est soumis à de sévères remontrances. Prenant la suite d’experts onusiens, de députés de l’Union européenne et de son homologue au sein du Conseil de l’Europe, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Michelle Bachelet, a réclamé ce mercredi à la France une « enquête approfondie » sur les violences policières qui se seraient produites pendant les manifestations des Gilets jaunes depuis la mi-novembre.
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Dans un discours prononcé devant le Conseil des droits de l’homme à Genève, l’ancienne présidente du Chili en poste depuis six mois à l’ONU a déclaré que les « gilets jaunes » manifestent contre « ce qu’ils considèrent comme (leur) exclusion des droits économiques et de (leur) participation aux affaires publiques ».
« Nous encourageons le gouvernement (français) à poursuivre le dialogue et demandons urgemment une enquête approfondie sur tous les cas rapportés d’usage excessif de la force », a-t-elle ajouté.
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« Il faut, je le dis néanmoins, s’étonner tout de même de se retrouver cité dans une liste entre le Venezuela et Haïti où il y a eu des morts, je le rappelle, des morts nombreux, suite à des manifestations (...) Le niveau d’inclusion économique et démocratique en France est selon les standards de l’ONU un des plus élevés au monde, avec un niveau d’inégalités contenu mais que nous nous attachons à combattre », s’est défendu Benjamin Griveaux, rappelant l’attachement du président Macron au « multilatéralisme ». Et d’ajouter : « Il est bien de voir le verre à moitié vide (....) mais c’est mon devoir de rappeler que parfois il peut être vu à moitié plein ».
ONU, UE, CEDH : plusieurs précédents
Le porte-parole du gouvernement a également rappelé « 162 enquêtes [de l’Inspection générale de la police nationale avaient] ouvertes à la date du 1er mars ». Des dizaines de manifestants affirment notamment avoir été blessés par des tirs de lanceur de balle de défense (LBD), une arme qui suscite de vives controverses en France. Des vidéos ou des photos prises lors de manifestations révèlent des blessures particulièrement sévères. Il est néanmoins souvent difficile de savoir quelle est l’origine exacte de celles-ci, notamment s’il s’agit de LBD ou de grenades de désencerclement. 12 122 tirs de LBD, 1 428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées et 4 942 tirs de grenades de désencerclement ont été comptabilisés par le ministère de l’Intérieur à la date du 4 février.
Cette condamnation des Nations unies intervient aussi alors que les sénateurs ont décidé ce mercredi de voter le 12 mars prochain le projet de loi dit « anticasseurs », sans l’amender. Déjà votée en février à l’Assemblée nationale, elle est critiquée jusqu’au sein même de la majorité pour les interdictions administratives de manifester qu’elle introduit dans le droit français.
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