Il y a des moments, même en pleine dystopie, même en pleine canicule, même en peine guerre contre la Russie (que notre Président est le seul à vouloir), où l’on ne doit pas bouder son plaisir. Les hommes ont toujours ri sous les bombes, c’est con, mais c’est humain. Partout et toujours, la survie s’impose.
Matthieucroissandeauisation des esprits
Vous savez qu’on aime bien sortir des gens de l’anonymat, pour les rendre célèbres, surtout ceux qui le méritent. On a fait nôtre la maxime d’Andy Warhol sur le quart d’heure de célébrité. Ce 15 juillet 2022, c’est au tour de Matthieu Croissandeau de devenir une star.
Matthieu, c’est L’OJIM qui en parle le mieux, donc on va commencer par là. Nous sommes en avril 2014, date à laquelle Matthieu est nommé directeur de la rédaction du Nouvel Observateur. Déjà, on va voir que quand le Système le place à un trop haut niveau, il dégringole.
En premier lieu, l’intéressé, journaliste au Nouvel Observateur de 1997 à 2011, était lui demandeur car « placardisé » au Parisien depuis juin 2013. Recruté comme rédacteur en chef politique par le quotidien d’Amaury, il avait été promu patron du grand pôle « actualité-économie-politique » mis sur pieds en juin 2012. Croissandeau a payé l’échec de cette nouvelle organisation rédactionnelle, qualifiée d’usine à gaz en interne. Un an plus tard, il a été rétrogradé rédacteur en chef éditorial, chargé également d’assurer également les plateaux de télévision et les émissions radio.
Et on va comprendre rapidement pourquoi cette rétrogradation.
Secondo, la candidature de Matthieu Croissandeau faisait du sens du côté du futur nouvel actionnaire du Nouvel Observateur, Le Monde. Son père, Jean-Michel Croissandeau, a créé Le Monde de l’éducation en 1974, dont il a été le rédacteur en chef de 1982 à 1989. Le journaliste, passé par la communication du ministère de l’Éducation nationale sous Lionel Jospin, a terminé sa carrière en 2000 en tant que directeur commercial du Monde. Surtout, Matthieu Croissandeau, à 42 ans, incarne à la fois les valeurs de L’Obs (la gauche, le côté exclusif) et le renouveau (il a travaillé ailleurs, au Parisien). Sa mission lui a été clairement fixée par le président du directoire du Monde, Louis Dreyfus, quadragénaire comme lui. Il s’agit de relancer (voire de réinventer) Le Nouvel Observateur, leader vieillissant et déclinant des newsmagazines français.
Ah ben voilà, tout devient clair : un gros pistonné, le Matthieu ! Tout de suite placé sur les bons rails, et ce à peine sorti de l’œuf ! C’est sûr que c’est pas l’esprit E&R, qui applique la méritocratie républicaine : t’es bon, tu bosses, tu restes ; t’es pas bon ou tu bosses pas, tu dégages. Le piston permet à un tas de médiocres de s’accrocher à des places pour lesquelles ils sont en surclassement.
Pour vous dire la vérité, Matthieu n’a rien réinventé du tout, le Nouvel Obs a continue à couler doucement, et un jour Matt a été mis en minorité, quelle surprise, puis il a été éjecté, pour atterrir chez Fogiel, c’est-à-dire BFM TV, disons ce qui se fait de pire en matière déontologique, quelques journalistes mis à part, dont Maxime Zwitek.
Après cette longue introduction sur le bonhomme, voici la masterpiece (ça doit vouloir dire pièce maîtresse en anglais) qui prouve, s’il le fallait, que Matt est professionnellement obsolète.
Petit chien de garde du Système en sueur
Matthieu : Ce premier échec de la majorité relative est riche d’enseignements. Mais d’abord je voudrais vous montrer une image, celle des cris de joie, des applaudissements qui ont salué le détricotage du texte hier. (…) On y voit, vous l’avez vu, l’extrême droite applaudir et la gauche debout ensemble. Alors je suis sans doute un peu vieux jeu d’une autre génération mais je me souviens d’un temps où lorsque l’extrême droite faisait quelque chose, ben la gauche y voyait rarement une occasion de se réjouir (...), ce temps-là est manifestement révolu. (...) Dans cette Assemblée à nulle autre pareille, nous sommes en train d‘assister à des convergences de vues dans des alliances de circonstances qui dépassent parfois l’entendement.
Notez que cela dépasse l’entendement de Matthieu, ce qui n’est pas très compliqué.
Matthieu : « Alors c’est une bonne chose d’un point de vue démocratique que de voir que les textes peuvent évoluer lors de leur passage à l’Assemblée nationole, nationale pardon, après tout le Parlement joue son rôle, on l’avait un peu oublié, mais cela risque de sérieusement compliquer la donne pour le gouvernement. »
Mais attend, Matt, si ça complique la donne pour le gouv, en quoi ça t’embête ? Tu bosses pour lui ?
Matthieu : « On a assisté hier à une genre de francislalannisation des esprits, oui, tous les antivax, tous les antipax, tous les antipass, tous ceux qui nous rebattent les oreilles sur la dictature sanitaire depuis deux ans, tous les Philippot, les Nicolas Dupont-Aignan, étaient aux anges et ça, ce n’était pas forcément très rassurant. »
Et là, l’animateur principal lance : « Fais attention, on va te casser la gueule ! »
Projet de loi sanitaire : "On a assisté à une genre de Francis Lalanisation des esprits. Tous les antivax et anti-pass étaient aux anges"
L'édito de @croissandeau pic.twitter.com/pUC5fMa5Tm
— BFMTV (@BFMTV) July 13, 2022
On comprend mieux pourquoi ce gros poussin a atterri chez BFM. Pendant qu’il chouine sur le réveil de la démocratie, sans comprendre que les députés LFI et RN défendent leurs électeurs, donc une bonne partie des Français, même les sénateurs se réveillent. On dirait que le pays entier sort de deux ans de torpeur. Sauf Matthieu, qui ne comprend plus rien.
Écoutez c’est très clair pic.twitter.com/x834urPD4w
— VERITY France (@verity_france) July 12, 2022
Un peu plus et ceux qui font vivre démocratiquement l’Assemblée passaient pour des platistes. On comprend qu’avec de tels concepts, le petit Croissandeau ait terminé sa carrière chez Fogiel, qui est quand même, malgré ou grâce à ses énormes lacunes politiques, directeur général de BFM TV.
Pour qui connaît le bonhomme, ce grand défenseur de la GPA en France, c’est comme si le fritier du Macdo de Jaurès (la station de métro, pas le socialiste) était bombardé second de cuisine chez Bocuse. On appelle ça la discrimination positive.
La France politique redécouvre les vertus de l’alliance entre la gauche du travail et la droite des valeurs.
La recimentation du populisme de droite et du populisme de gauche – adios le cordon sanitaire – est en train de ringardiser un par un les agents du Système, qui ne cachent pas leur panique.
Ce front des radicaux qui insultent leurs adversaires jour et nuit sur les réseaux est finalement assez homogène. Presque troublant de voir qu'ils sont généralement tous antivaccin, anti-passe sanitaire, antiaméricains, poutinolâtres, tout en qualifiant Macron de… dictateur.
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) July 12, 2022
On y va gaiement. RT.
Il y a encore quelques heures, Twitter était rempli de cet extrait vidéo, paru dans le fil du média CNEWS. Macron hué sur les champs. Maintenant il a disparu de partout...Inquiétant. pic.twitter.com/j0Nh7Bhm0x— Sined Warrior (@SinedWarrior) July 14, 2022