La vérité on a essayé à plusieurs reprises d’ouvrir un Fred Vargas, et à chaque fois la vie d’sa mère il a chu de nos mains qui déraillaient comme celles de Manu-la-tremblote. Mal écrits, peu structurés, faussement peuple, on dirait du Despentes sans la fêlure, mais avec la même légèreté, pas la légèreté stylistique synonyme d’aisance d’un Combescot ou d’un Grainville, mais la légèreté d’un canevas grossier à travers lequel on voit tout, la faiblesse du récit, l’absence de dramaturgie, et puis les clichés, maman !, gros comme le cul d’une cachalotte qui vient de se faire bouyaver par un cachalot.
Après la langue délicate et imagée de Combescot, un litron de parler poissonnière des Halles de la Vargas :
Il semble bien hélas, pour la gauche culturelle, que la véritable culture soit de droite.
Chester Himes et Jim Thompson faisaient des polars de haute volée parce qu’ils connaissaient le réel, qu’ils avaient (eu) une vie dure, ou du moins pas bourgeoise. On vous recommande leurs autobiographies, Vaurien pour Jim et Regrets sans repentir pour Chester. C’est du brutal, comme dirait Francis Blanche, et ça vaut cent mille Vargas.
À l’inverse, l’écrivain de polars de gauche tente de nous refourguer ses clichés irréels à travers une prose maigrelette, et ça n’a aucune chance de passer. Oh, ça vend, parce que ça rassure le public petit bourgeois qui préfère le cliché gauchiste à la réalité dérangeante, qui n’est même pas de droite ni même fasciste. La réalité a juste ses propres lois qui ne se plient pas au catéchisme gauchiste : antiracisme, féminisme, homosexualisme, sionisme, antichristianisme...
Or ce sont les femmes en majorité qui achètent les romans, donc l’édition a décidé de leur refourguer du roman féminin et des romancières, qu’il faut appeler des « auteures ». Le Système les promeut, et on voit de plus en plus d’écrivaillonnes du niveau d’Angot (le plus bas qui soit) hanter les plateaux télé et les colonnes des journaux. Il faut des héroïnes dans les livres mais il faut aussi des héroïnes qui écrivent.
Avoir des auteures ne suffit pas, il faut des génies, on devrait écrire des génie-es, histoire de précéder la prochaine évolution féministe (oxymore). Partout les petits agents du Système ont pour ordre de dénicher des Einsteines, des Fermates ou des Poincarées :
Déjà qu’on a la petite conne à couettes qui nous explique en plein mois de mai glacial que le réchauffement va tous nous tuer... C’est exactement ça le gauchisme : balancer des affirmations en dépit du bon sens, tordre le réel pour en faire une petite chose apprivoisée selon les normes du Bien, pour en faire leur esclave. Et ce sont les mêmes qui pleurnichent parce que l’Homme a voulu dominer la Nature dans les siècles précédents !
Le trucage, s’il tient un temps, ne tient jamais bien longtemps et tout finit par se casser la gueule dans un difficile reniement. Sauf pour la Vargas, qui persiste et signe dans Paris Match :
Si ça c’est pas un déni gauchiste du réel, on sait pas ce que c’est.
On reste de l’autre côté des Alpes, où un nom défraye la chronique (nous aussi on peut écrire comme les journalistes formatés) : il s’agit d’Elena Ferrante. La qualité de ses livres a estomaqué la critique, qui la présente comme la plus grande romancière du XXIe siècle, mais son existence même est auréolée de mystères...
Qui est Elena, la star des féministes de la culture, citée parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde par le magazine Time ? Est-elle vraiment une femme ? Et si cette femme était au bout du compte un homme, son homme, ou disons un travail collaboratif homme-femme ? Ce serait la fin du monde pour les féministes, les adeptes du génie féminin. Oui mais voilà, quand on gratte un peu...
Voici un extrait du Wikipédia qui lui est consacré :
« L’auteur derrière le pseudonyme tient absolument à rester dans l’ombre et refuse par conséquent la publicité et les apparitions télévisées, acceptant seulement en de rares occasions les interviews écrites. Lors de celles-ci, elle a reconnu être une femme, mère de famille, et que son œuvre était d’inspiration autobiographique. En particulier, dans La frantumaglia, l’auteur révèle à ses lecteurs des aspects de la personnalité d’Elena Ferrante en lui donnant notamment une origine (mère couturière s’exprimant en napolitain) une date (1943) et un lieu de naissance (Naples).
Selon certaines hypothèses, il pourrait s’agir d’Anita Raja, éditrice et traductrice italienne de Christa Wolf en particulier, ou bien de son mari, l’écrivain Domenico Starnone. Le 2 octobre 2016, dans quatre médias internationaux, Il Sole 24 Ore en Italie, Mediapart en France, Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung en Allemagne et The New York Review of Books aux États-Unis, le journaliste Claudio Gatti affirme avoir percé le mystère en observant une corrélation forte entre les droits d’auteur qu’Edizioni E/O, la maison éditrice d’Elena Ferrante, perçoit de ses ouvrages, et les honoraires que la société verse la même année à la traductrice Anita Raja. Ni Anita Raja, ni Edizioni E/O n’ont confirmé ou démenti cette hypothèse déjà envisagée depuis quelques années comme plausible par plusieurs personnes.
Lors d’un entretien non enregistré avec le journaliste italien Tommaso Debenedetti, paru dans le quotidien El Mundo (Espagne), Anita Raja a confirmé être Elena Ferrante. Il est important néanmoins de préciser que Tommaso Debenedetti s’est spécialisé depuis des décennies, selon ses propres dires, dans la publication de fake news "afin de démontrer à quel point il est facile de manipuler l’opinion sur les réseaux sociaux".
Le lectorat est partagé entre curiosité et indignation en réaction à ce qu’il considère comme une investigation intrusive.
Une analyse scientifique basée sur la comparaison des œuvres d’Elena Ferrante avec un corpus de 150 livres italiens par 40 auteurs différents a attribué, sur la base du vocabulaire utilisé, la paternité des œuvres à Domenico Starnone. Ce travail d’investigation a été conduit par l’Université de Padoue et des experts de Pologne, France, Grèce, Italie, Suisse et États-Unis ont participé à cette analyse. Les investigations ont aussi conclu qu’il s’agissait du travail d’une seule plume, à savoir celle de Domenico Starnone (qui est aussi le mari de Anita Raja, traductrice qui avait été désignée par C. Gatti comme Elena Ferrante). Afin d’arriver à ce résultat, neuf méthodes différentes en attribution d’auteur ont été appliquées sur le corpus de romans italiens. »
- Domenico Starnone, alias Elena Ferrante ?
Merde ! Déjà que les femmes n’ont pas beaucoup de génie-es à se mettre sous la dent, alors si on leur enlève Elena... il ne restera plus que Christine Angot ! L’horreur culturelle !
Le petit parterre féministe de France Culture (écoutez l’émission en fin d’article ou faites au moins l’effort d’écouter le début) tient absolument à ce que ce génie littéraire soit une femme, car le féminisme a besoin, après tant de martyrs, d’avoir des grandes figures.
La dernière tentative en date consistait à voir derrière chaque génie masculin une femme de génie qui a été détruite par l’homme, qui du coup avait moins de génie. C’était même carrément un salopard qui avait tout piqué à la pauvrette. On se souvient de la campagne pro-Camille Claudel et anti-Rodin qui avait agité la France sculpturelle dans les années 90. Aujourd’hui, après des Jenny Marx et les Lou Andreas-Salomé de tout calibre, les femmes de génie éclosent les unes après les autres dans les domaines les plus divers : roman, trous noirs...
Pas la peine de nous jeter des tomates et des tampons usagés (c’est pareil au fond), nous ne sommes pas anti-femmes, juste anti-féministes, ce qui est très différent. On se moque ici beaucoup plus des cons que des connes, et les femmes devraient en tirer fierté.