Dans Le Figaro du 7 mai 2019, Georges Malbrunot (en service commandé ?) évalue « les scénarios d’une guerre avec l’Iran ». Selon lui, Riad a préparé un plan d’invasion de l’Iran. Vu le niveau véritable de l’armée de Salmane, défaite au Yémen et remplacée par des mercenaires, on peut douter de la crédibilité du plan saoudien... sauf si les Israéliens se cachent derrière.
« Alors qu’en réaction, Téhéran devrait annoncer ce mercredi son retrait “partiel” de l’accord nucléaire, le renforcement de la présence militaire américaine est justifié par “une menace crédible” contre des cibles américaines en Irak et en Syrie, voire, selon la presse israélienne, après des informations transmises via le Mossad, sur un “plan” iranien de s’en prendre aux intérêts américains dans le Golfe. »
On sait ce que les « menaces crédibles » veulent dire du côté du Mossad, qui font dans la prévision auto-réalisatrice à travers des proxies, en l’occurrence les Américains et les Arabes. Malbrunot produit alors un témoignage qui va dans le sens des Israéliens, qui rêvent de voir les Américains atomiser le pays qui empêche leur mainmise totale sur le Proche-Orient (et sur l’Asie mineure pour les Américains) :
« Quelle que soit la réalité de cette “menace”, le risque d’un accrochage s’est accru. “Les différents éléments de ces derniers mois vont dans une seule direction : la confrontation, décrypte un analyste français, familier du Golfe. J’exclus une guerre avec l’Iran, mais pas un dérapage dans les eaux du Golfe.”
L’Iran répète “ne pas vouloir la guerre” mais ajoute que “si on nous attaque, nous riposterons”. En représailles à l’interdiction américaine à l’Iran de vendre son pétrole, Téhéran menace également de bloquer le détroit d’Ormuz, l’un des passages maritimes les plus stratégiques à l’échelle mondiale. Bref, chaque camp se tient prêt. »
Le nombre de bases militaires américaines, anglaises et françaises dans et autour du golfe Persique montre toute l’importance de la géopolitique du pétrole dans la région et dans le monde. C’est le nœud de toutes les tensions et pour l’instant, malgré l’opposition Iran/Arabie et la cruelle guerre du Yémen, ça tient.
« Il n’y a qu’un chenal en eaux profondes dans le Golfe pour faire passer les navires de guerre américains, constate l’analyste. Les Iraniens vont arriver avec leurs drones pour essayer de voir ce qui se passe. Si les Gardiens de la Révolution s’approchent trop près du navire américain, ça peut partir en sucette. »
Après les sous-marins, dont on voit le détail dans l’article de Parstoday ci-dessous, les mines :
« Les centaines de vedettes rapides sont également capables de mouiller entre deux et six mines. Destinées à entraver la circulation dans le détroit d’Ormuz, les mines sont le deuxième élément de la guérilla maritime iranienne. Leur pose doit être rapide et discrète dans les passages les plus étroits du détroit. Outre des reconstitutions de stocks provenant de Russie, de Chine et de Corée du Nord, l’Iran a créé sa propre industrie – mines à contact M-08 notamment – via des répliques de mines chinoises. Téhéran en posséderait plusieurs milliers, mais d’après des experts américains, 300 seulement suffiraient pour bloquer Ormuz. »
Le message est clair : vous pouvez nous faire du mal, mais on peut bloquer votre approvisionnement en pétrole.
« Un minage du détroit d’Ormuz entraînerait un arrêt probable du trafic, les compagnies d’assurances maritimes refusant alors de couvrir le risque. Sachant que la neutralisation d’une mine prend 200 fois plus de temps que son mouillage, et même si les supertankers sont capables de survivre à l’explosion d’une mine, le déminage du détroit serait long et périlleux. »
Quant au plan d’invasion de l’Iran par les Saoudiens (avec quelle armée ?), il finit en farce, de l’aveu même de la source de Malbrunot :
« Soutenu à bout de bras par Donald Trump, le jeune prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman a demandé à ses généraux de lui préparer un plan pour envahir l’Iran, révèle au Figaro une source militaire française. “Oui, c’est vrai”, confirme l’analyste qui rappelle le jeu vidéo, non-officiel bien sûr mais diffusé sur un média saoudien, d’une telle invasion.
Des généraux saoudiens nous ont parlé de ce plan, confie le militaire français. MBS leur a réclamé une doctrine amphibie. L’Arabie nous a demandé des embarcations pour débarquer sur les côtes iraniennes. Je leur ai répondu : “mais vous êtes sérieux ? Vous avez en face des centaines de milliers de gars qui savent faire la guerre”. »
Ni les Américains ni les Iraniens n’ont intérêt à une confrontation directe, ce qui n’est pas le cas des Saoudiens et encore moins des Israéliens. Comme le passé l’a montré à de nombreuses reprises, un attentat gigantesque sous faux drapeau est possible pour précipiter les Américains dans une guerre contre l’Iran, selon la séquence « attentats du 11 septembre 2001 → invasion de l’Irak du 20 mars 2003 ».
Voici maintenant l’article de Parstoday qui a traduit une étude américaine sur les armes de défenses iraniennes et les scénarios d’une confrontation.
Zachary Keck, assistant de recherche au Centre Belfer pour la science et les affaires internationales de la Harvard Kennedy School, a fait paraître, lundi 6 mai, un article sur le site web The National Interest dans lequel il se penche sur quatre moyens grâce auxquels l’Iran pourra faire reculer les États-Unis en cas d’une agression militaire.
L’article de Keck est ainsi écrit :
Aucun pays de l’après-guerre froide n’a cherché à défier les États-Unis autant que l’Iran ; du Moyen-Orient à l’Asie centrale ou encore l’Amérique latine. Téhéran n’a jamais manqué de contrarier les États-Unis et de limiter l’influence des Américains.
C’est une stratégie intrinsèquement risquée. Non seulement les États-Unis ont encerclé l’Iran avec des bases militaires de toutes parts mais les dépenses militaires américaines au cours des dernières années ont été deux fois plus importantes que le PIB iranien aussi.
Pour compenser, l’Iran applique une doctrine militaire dissuasive fondée sur trois types de capacités : un arsenal de missiles balistiques expansifs, une guerre navale asymétrique (en particulier la menace de fermer le détroit d’Ormuz) et des liens avec des groupes militants non étatiques. Bien que de nombreux systèmes d’armes soient utilisés pour appliquer cette doctrine, quatre atouts iraniens sont particulièrement à noter :
Missile Sejil
Le moyen le plus important en appui de la doctrine militaire iranienne est le large éventail de missiles balistiques iraniens, parmi lesquels, ceux de la famille Shahab sont les plus connus.
Le Sejil-1 (et son successeur, le Sejil-2) devrait toutefois être le plus redouté. Le Sejil-1 est un missile balistique sol-sol à deux étapes et de moyenne portée que l’Iran a testé pour la première fois en 2008. Contrairement aux missiles Shahab, le missile Sejil-1 est alimenté par un combustible solide ; ce qui réduit considérablement son temps de lancement et améliore sa mobilité.
Lors d’un témoignage devant le Congrès en novembre 2009, le secrétaire américain à la Défense Robert Gates avait déclaré que le « missile [Sejil] a une portée d’environ 2 000 à 2 500 kilomètres ». Cela correspond aux distances données par des responsables iraniens. À cette distance, le Sejil-1 peut porter une charge explosive de 750 kg jusqu’à Israël [territoires occupés palestiniens, NDLR] et même à des parties du sud-est de l’Europe. Il est largement admis que cela pourrait un jour être une charge nucléaire.
Le Sejil-2 a été testé pour la première fois en 2009 et il est encore en phase de développement. Selon Global Security, « Le Sejil-2 a une portée de 2 510 kilomètres et une tête conique de 650 kg. Il peut également transporter une tête militaire de 1 000 kilogrammes sur 2 000 kilomètres ».
La caractéristique la plus importante du Sejil-2 est sa précision, une chose qui manquait traditionnellement aux missiles balistiques iraniens. Les responsables de la défense iraniens ont déclaré que, comparé au Sejil-1, le Sejil-2 est équipé d’un nouveau système de navigation ainsi que de capteurs précis et sophistiqués.
Sous-marins de poche de la classe Ghadir
Le plus grand facteur dissuasif de l’Iran est peut-être sa capacité à menacer les expéditions de pétrole dans le détroit d’Ormuz où passent en principe 20% des approvisionnements mondiaux en pétrole. Des rapports indiquent que les États-Unis ont dépensé environ 8 000 milliards de dollars pour assurer la sécurité du détroit d’Ormuz depuis 1976.
Les sous-marins seraient d’une aide inestimable pour l’Iran s’il essayait de fermer le détroit d’Ormuz. Comme l’explique l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), « Dans les eaux confinées et peu profondes du golfe Persique, la capacité de déployer des sous-marins menace efficacement les navires qui circulent dans des trajets maritimes étroits ».
Les navires militaires et commerciaux empruntent des itinéraires prévisibles ; ce qui les expose très facilement aux sous-marins.
L’Iran possède différents types de sous-marins, mais sa flotte grandissante de sous-marins de petite taille Ghadir serait particulièrement meurtrière en cas de conflit.
Une variante des sous-marins nord-coréens Yugo et Sango, la petite taille et la signature acoustique de la classe Ghadir rendent ces engins particulièrement difficiles à détecter et à suivre. Chaque sous-marin contient deux tubes de 533 mm destinés à tirer des torpilles et est capable de poser des mines. Ghadir peut également être utilisé pour transporter et insérer des forces spéciales en territoire ennemi.
Comme c’est souvent le cas avec les capacités navales iraniennes, la quantité est importante. L’Iran compte au moins vingt sous-marins de la classe Ghadir. Comme l’avait expliqué en 2013 Chris Harmer, un expert de l’armée iranienne à l’ISW :
« Le sous-marin le plus silencieux au monde est celui qui repose sur un fond de sable en mer. C’est ainsi que les Iraniens emploieraient le Ghadir : sortez-le du port, coulez le au fond du golfe Persique qui est peu profond et reposez-vous sur le fond sablonneux et attendez qu’un objectif s’approche ».
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Hezbollah
Au début des années 80, des représentants du CGRI ont été envoyés au Liban pour aider à former le noyau de la résistance contre l’occupation israélienne. À l’époque, non seulement l’Iran n’exerçait pas beaucoup d’influence au Liban mais en plus il était plongé dans une guerre avec « l’Irak de Saddam Hussein ».
La décision d’infiltrer le Liban semble être un pur génie stratégique. Depuis, le Hezbollah a aidé l’Iran à plusieurs reprises. Le Hezbollah s’est révélé maintes et maintes fois « l’arme de guerre » la plus polyvalente et la plus utilisable de l’arsenal iranien.
En effet, la plus grande valeur du Hezbollah pour l’Iran est peut-être sa portée opérationnelle. À la suite de l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, l’Iran a utilisé le Hezbollah pour former des groupes militants irakiens. Il a également été rapporté que des militants du Hezbollah auraient aidé à former des Houthis au Yémen.
Le Hezbollah est notamment indispensable pour soutenir le gouvernement de Bachar al-Assad en Syrie depuis 2011.
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Un historique rapide des relations entre les deux pays panislamiques :