François Fillon était l’invité de David Pujadas au 20 Heures de France 2 le lundi 28 novembre 2016.
Il répond aux questions du présentateur qui se fait le porte-parole de l’inquiétude des Français sur le sort du système de santé. C’est le talon d’Achille du candidat, et son opposition (de gauche et du FN) le sait, qui tire à boulets rouges sur le libéralisme de son programme, qui sous-entend un sacrifice du social :
Pujadas : « Sur cette question de l’assurance-maladie, parce que vous sentez que c’est un point qui est très très discuté, est-ce que vous pouvez nous préciser les soins qui seront effectivement transférés vers un remboursement par les mutuelles, et ceux qui resteront dans le giron de l’assurance-maladie ? »
Fillon : « Mais pas aujourd’hui ! Je vais travailler avec les professions de santé, avec les responsables de l’assurance-maladie, avec tous ceux qui ont un rôle à jouer dans ce domaine, pour travailler à un projet qui doit être un projet permettant l’équilibre de la sécurité sociale bien sûr mais un projet qui améliore la couverture des soins en particulier pour les personnes les plus modestes. »
Pujadas : « C’est payant, directement payant. »
Fillon : « On va voir, on va voir. L’objectif c’est de regarder si y a pas sur un certain type de soins des personnes qui ont des revenus convenables qui peuvent participer un peu plus. Aujourd’hui il y a énormément de franchises, il y a énormément de tickets modérateurs, qui sont pas très justes, qui sont pas très lisibles, donc je voudrais remettre de l’ordre dans tout ça, mais je le dis ce soir devant tous ceux qui nous regardent je prends l’engagement de faire en sorte que toutes les personnes qui doivent être protégées, toutes les personnes qui ont des revenus modestes ou moyens, ne soient pas moins remboursées demain qu’aujourd’hui. »
Et la profession de foi, que nous ressortirons peut-être, en temps voulu :
« La sécurité sociale j’y suis extrêmement attaché, j’ai été ministre des Affaires sociales, j’étais Premier ministre pendant cinq ans et à ma connaissance on a toujours préservé euh, la, la, la, la justice en matière de remboursement »
Interrogé sur ses négociations avec le centre, représenté par François Bayrou :
« On n’est pas dans la IVe République, on est dans une Ve République où le président de la République va devant le peuple avec son projet, et c’est pas un projet qui est bricolé avec des partis politiques, avec des accords d’appareils, et avec des accords de couloirs »
Malheureusement, c’est le cas. Quel crédit alors donner aux déclarations du candidat de la droite en ce qui concerne le maintien de la protection sociale des Français ?
C’est pourquoi nous avons été lire le volet social du projet de François Fillon sur son site dédié à 2017, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il est alléchant. Tout le monde va y gagner : les patients, les professionnels de santé, l’État...
Mais quelques expressions sont à double sens : « un système de santé mieux organisé et plus efficace », quand on veut réduire le nombre de fonctionnaire d’un demi-million, cela veut dire moins d’employés aux caisses sociales (même si tous ne sont pas fonctionnaires), et probablement, moins de soins remboursés (par exemple le vaccin contre la grippe). Les mutuelles privées prenant le relais. On ne peut pas faire plus avec moins.
La suppression du tiers payant et le développement de « l’hospitalisation à domicile, pour tous les patients dont la pathologie ne nécessite pas un hébergement à l’hôpital », vont dans ce sens.
Pour le reste, il y a de bonnes mesures comme le redéploiement des médecins dans les déserts médicaux, ainsi que la « coordination des soins entre la médecine de ville et l’hôpital ».