Céline a déjà répondu à ceux qui l’accusaient d’avoir touché de l’argent des allemands, dans "l’école des cadavres", donc soit tous ces pseudos spécialistes de Céline ne l’ont pas lu, soit ils sont menteurs et de mauvaises foi :
De tous les côtés l’on m’annonce que
j’ai touché des sommes formidables d’Hitler. Je m’en fous énormément que l’on m’accuse des pires horreurs. J’ai l’habitude.C’est la bêtise de la supposition qui me blesse. Je me sens tout déprécié. Vous êtes trop cons, suppositeurs, pour inventer autre chose ? Réfléchissez un petit peu que je gagne avec mes livres, mes romans,
tout simplement dix fois plus d’argent qu’il ne m’en faut pour vivre. Je connais le monde trop bien, ses façons, je l’ai pratiqué trop longtemps pour ne pas être mithridatisé en long et en large, contre les plus minimes, les plus furtives illusions, les plus fugitives faiblesses. Renoncez. Rien. Aucune prise. J’ai mis de côté un petit paquesson pour les jours périlleux. J’ai
planqué suffisamment pour n’avoir plus jamais besoin, devrais-je vivre encore cent ans, des secours de personne. Peau de vache absolue – Est-ce que je suis renseigné sur les conditions humaines ? – Pendant 35 ans j’ai travaillé à la tâche, bouclant ma lourde pour ne pas être viré de partout. À présent, c’est fini, bien fini, je l’ouvre comme je veux, où je veux, ma grande gueule, quand je veux. Ne vous cassez pas le haricot. Ce que j’écris, je le pense, tout seul, et nul ne me paye pour le penser, ne me stimule. Personne, ou presque personne ne peut se vanter d’en faire autant, de se payer ce luxe. Moi je peux. C’est mon luxe. Mon seul luxe. Et ce n’est pas terminé ! Je n’ai pas fini de travailler. Ma mère, à 71 ans, insiste encore pour ne dépendre de personne. Elle continue à travailler, elle gagne sa vie. Je suis pareil. Je ferai de même. Pas de fainéants dans la famille. À 71 ans j’emmerderai encore les Juifs, et les maçons,
et les éditeurs, et Hitler par dessus le marché, s’il me provoque. Qu’on se le dise. Je dois être, je crois bien, l’homme le moins achetable du monde. Orgueilleux comme trente-six paons je ne traverserais pas la rue pour ramasser un million à la traîne dans le ruisseau d’en face.
Voilà Ferdinand, au poil. Il faudra le tuer. Je ne vois pas d’autre moyen. Le malheur, c’est que les gens vous jugent toujours d’après leurs propres tendances, et qu’ils sont presque tous à vendre, n’importe quel jour, par tous les temps.