Sans prendre parti pour un camp ou un autre, on croit revivre la campagne électorale américaine de 2016, quand les médias pilonnaient la candidature de Trump du matin au soir. Un gaspillage de munitions médiatiques qui ne servira au final à rien, puisque les médias ne votent pas. Les Américains ont prouvé que le peuple comptait plus que les médias. Et encore plus que leur élite. Bolsonaro est peut-être un gros facho, mais les Brésiliens en ont marre de la violence, de l’insécurité, et la gauche ne les a pas débarrassés de ce problème social qui, il est vrai, est la sanction de la misère.
- Deux femmes contre un facho
La spécialiste : « Il prend de l’Allemagne nazie, le Brésil au-dessus de tout et Dieu au-dessus de tous... Aujourd’hui même il y a une colonne dans Le Monde, un article qui démontre comment il va utiliser plusieurs stratégies du fascisme. »
La présentatrice : « S’il parvient au pouvoir justement, vous, vous craignez pour l’avenir de la démocratie dans ce pays ? Un retour à un régime militaire pour vous c’est quelque chose de plausible ? »
Pour un peu, on avait le droit au retour des heures sombres du Brésil des années 60 avec la cavale du médecin SS d’Auschwitz, le Dr Mengele...
Les deux femmes en plateau ont peur, même si l’élection probable de Bolsonaro est le signe d’une alternance démocratique : la gauche a eu sa chance, à la droite de jouer. Mais voilà, la démocratie ne marche, dans l’esprit de ces deux propagandistes, que si l’on vote à gauche. La démocratie, c’est la gauche et la gauche, c’est la démocratie. Même si la gauche faillit au pouvoir.
La présentatrice : « Il vous fait peur, en tout cas. »
La spécialiste : « Il nous fait peur... »
Oui mais le problème, c’est que Bolsonaro ne fait pas peur à 57% des Brésiliens (selon les intentions de vote), avec un score de 46% au premier tour, soit une quasi-élection.
Les mêmes éléments de langage que dans la campagne anti-Trump des médias mainstream américains en particulier et occidentaux en général resurgissent : les fake news qui trompent un peuple naïf, le poids des réseaux sociaux (ici WhatsApp), la peur d’un pouvoir nationaliste (alors que les journalistes et les spécialistes qui squattent les plateaux télé n’ont jamais eu un mot contre les pouvoirs antisouverainistes), mais pas un mot sur le désir légitime de sécurité ou alors très vite.
La présentatrice : « Ces fake news ont un impact sur les électeurs... »
On rappelle la définition des « fake news » dans la bouche des journalistes du Système : c’est l’information qu’ils ne contrôlent pas, que leurs maîtres ne contrôlent pas, et qui leur fait perdre chaque jour de la crédibilité. La fake news, c’est la concurrence qu’ils ne peuvent pas abattre.
Tout cela ne doit pas faire oublier que Bolsonaro est le candidat des puissances économiques et aussi un peu de l’Amérique, et pas du Sud. On est loin de Chavez et de son expérience nationale et sociale. Cette vraie gauche ne plaît pas non plus à nos médias dominants : trop sociale, et trop nationale !