Votée il y a 26 ans, la réforme orthographique va s’appliquer à la rentrée prochaine. En tout, 2 400 mots subissent un lifting pour simplifier la langue ; l’accent circonflexe doit quant à lui disparaître.
Écrire « nénufar » avec un « f » ne vaudra plus un zéro en dictée. La réforme de l’orthographe votée en 1990 par l’Académie française va finalement s’appliquer à la prochaine rentrée scolaire, indique TF1.
Si les Sages ont voulu simplifier des tournures orthographiques peu évidentes, la nouvelle formule de certains mots fait parfois mal aux yeux.
Oignon perd son « i »
Ainsi, on pourra désormais écrire ognon au lieu d’oignon et nénufar plutôt que nénuphar. En tout, 2 400 mots ont subi un toilettage. Certains mots comme portemonnaie ou millepattes perdent leur trait d’union. D’autres leur accent circonflexe, qui pourra désormais disparaître sur les lettres i et u. Les éditeurs de manuels scolaires préparent déjà la rentrée. Les nouvelles éditions à jour sont prêtes à sortir pour septembre.
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Cependant, tout n’est pas perdu. La résistance des amoureux de la langue s’organise (lire l’article ci-dessous). Pour l’instant, une poignée de fins lettrés a perçu la menace derrière cette simplification qui, comme toute réforme, semble aller vers un progrès, une avancée, un gain de temps. En fait de progrès, qui simplifie la langue simplifie la pensée, on le sait tous. Sous prétexte que le français serait trop complexe, on le rabaisse, on le met à la portée des cloportes, qui ne s’en servent qu’à l’oral.
Or si la France en est là aujourd’hui, cinq ou sixième puissance mondiale au bout de mille ans, c’est parce que sa langue s’est imposée un peu partout, comme vecteur d’une culture, d’un raffinement, d’une richesse intellectuelle. Ce n’est pas rien. Les enfants qui naissent au XXIe siècle bénéficient sans effort de siècles de creusements intellectuels, de flamboyances stylistiques, de transcendance littéraire.
Cela n’a l’air de rien, mais c’est ça qui fait notre force, bien plus que nos voitures et nos sous-marins. Et si ces derniers exploits technologiques donnent du travail aux gens, ils passeront, comme tous les objets. Les mots, eux, forgés dans les siècles des siècles, resteront. Au commencent était le Verbe. Eh bien à la Fin aussi.
Il faut sauver l’accent circonflexe
En ces temps de fin du monde, Le Parisien a publié un article digne d’un mois d’août sans actu, Savez-vous que les règles d’orthographe ont changé ?. Il n’empêche, le papier a mis le feu aux poudres sur Twitter, et j’ai été, comme d’autres, scandalisée.
Même si les mesures évoquées par Le Parisien datent en fait de 1990, et n’ont heureusement jamais été vraiment appliquées, cet article nous rappelle (ou nous apprend) qu’il y a 21 ans [cet article date de 2011, NDLR], des gens ont décidé qu’il fallait écrire « nénufar », et non pas « nénuphar ». Mais que l’on reparle de décisions absurdes qui sont boycottées par les maisons d’édition et par pas mal de profs m’a bien énervée.
Une des mesures imbéciles de la réforme étant la disparition de l’accent circonflexe sur les mots en î et en û, je me suis sentie obligée de crier haut et fort mon amour pour cet accent. Le voici sous forme de sonnet, posture old school et conservatrice oblige.
Sur le i, sur le u, disparaît un chapeau.
On a ôté crûment, abîmé sans scrupules
Le coûteux couvre-chef de mes amis les mots.
Ce larcin traître et vil les tourne en ridicule.
Que deviendront mon maître, mon île et mon traîneau ?
Ils traînent défraîchis, le visage incrédule
Souvent soûls et voûtés, à l’affût du brûlot
Qui déchaînera leur rage dans tous les matricules.
Sans accent circonflexe la langue est moins goûteuse.
Maître devient banal, Île perd de sa magie,
il n’y a plus d’embûches dans ce verbe appauvri.
Refusons coûte que coûte cette réforme scabreuse,
Affûtons nos crayons et recoiffons les mots
Nous tromperons sûrement l’inflexible dico !
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