Peu à peu, sous la pression des journalistes (il en reste), des informations sur les événements du 13 au 18 novembre 2015 diffusent dans les médias. Certaines viennent d’en bas, d’autres d’en haut. Certaines sont constructives, d’autres ne sont que des « fuites » organisées.
Il est donc impossible de juger, à chaud, la véracité d’une information, surtout dans le domaine du « terrorisme ». Mais on peut se poser des questions, sachant qu’une partie des théories alternatives sur la responsabilité des attentats américains du 11 Septembre ont probablement été le fait de leurs propres organisateurs.
La question que l’on peut se poser face à ce témoignage, dont l’auteur selon Le Point aurait logiquement dû être protégé, c’est comment un responsable de commando a-t-il pu renseigner aussi facilement une personne extérieure ? Se savait-il déjà condamné pour se moquer à ce point d’être identifié ? Est-ce de l’amateurisme ou un élément incohérent de plus ?
À vous de juger, comme dirait la regrettée Arlette Chabot.
Au lendemain des attaques de Paris et de Saint-Denis, elle a permis l’indispensable : localiser Abdelhamid Abaaoud. À la veille de l’assaut du Raid contre la planque des terroristes, cette femme a rencontré et discuté avec le cerveau présumé des attentats. Et a joué un rôle fondamental dans sa traque.
Après les attentats de Paris et Saint-Denis, elle a livré un témoignage déterminant aux autorités. Presque trois mois plus tard, Sonia – dont l’identité a été modifiée – a décidé de raconter son histoire. À son initiative, elle témoigne au micro de RMC. Et son récit est édifiant : grâce à cette femme, dont la voix a été transformée pour des raisons de sécurité et qui n’apparaît pas à l’image, la police française a pu localiser Abdelhamid Abaaoud, l’instigateur présumé des attentats du 13 novembre, et l’empêcher de répéter un nouveau carnage.
Sonia était une amie d’Hasna Ait Boulahcen, la cousine du terroriste. Les deux femmes se connaissent depuis des années. Le dimanche 15 novembre, deux jours après les terribles attaques qui ont coûté la vie à 130 personnes, Sonia et Hasna sont ensemble quand la seconde reçoit un appel. Il s’agit d’un numéro belge.
Bob sur la tête et baskets orange
Son interlocuteur lui demande de trouver un véhicule « pour aller chercher quelqu’un qui a besoin d’un hébergement ». Une consigne adressée par son cousin, Abaaoud. Le point de rendez-vous est fixé. Hasna Ait Boulahcen doit se rendre au 2 rue des Bergeries à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. L’endroit, une zone industrielle en contre-bas de l’autoroute A86, est isolé.
Sonia l’accompagne. Lors de cet appel, son interlocuteur, toujours en ligne, fournit également un nom de code à Hasna Ait Boulahcen. Arrivée sur place, cette dernière lance « 1010 », un homme sort de derrière un buisson. Plus tard, Sonia comprendra qu’il s’agit d’Abaaoud, qu’elle croyait jusqu’alors en Syrie.
« Il avait un bob sur la tête, des baskets orange, un bombers, pour moi c’était un Roumain, confie en exclusivité à RMC la jeune femme. En plus, il avait le sourire, il ressemblait pas du tout à un terroriste. »
« Il est fier de lui »
Face au terroriste, Sonia engage la conversation, sans se démonter :
« Monsieur, vous avez participé au 13 novembre, à ce qui s’est passé ? »
Abaaoud rétorque, fier, sans aucune émotion :
« Il me dit, normal, les terrasses c’est moi. »