« La vraie loyauté consiste à dire la vérité à son chef. »
C’est ainsi qu’Éric Dillies, le patron du FN à Lille, se justifie, dans la longue lettre qu’il a envoyée, mercredi 22 novembre, à Marine Le Pen. Il tente, à nouveau, d’être candidat à la présidence du parti d’extrême droite, lors du congrès qui doit se tenir en mars à Lille, justement. Une lettre, que l’Obs publie dans son intégralité plus bas, dans laquelle l’élu régional FN livre ses quatre vérités sur la situation de la formation lépéniste.
« Nous n’avons eu aucune réponse », assure un proche d’Éric Dillies à l’Obs. « Marine Le Pen est restée assise pendant quatre heures près d’Éric Dillies au conseil régional. Elle lui a à peine dit bonjour. Elle ne lui a adressé aucun regard alors que la lettre lui avait été envoyée hier », raconte ce proche, pointant le « mépris » de la présidente frontiste.
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Éric Dillies attaque :
« Tout va si bien que nos cadres nous quittent. Tout va si bien que les réadhésions sont en chute libre. Tout va si bien que nos électeurs ont de moins en moins envie de t’écouter lors de tes émissions.
Ce qui est navrant, c’est de faire comme si rien ne s’était passé. Comme si les 20 millions de Français qui ont regardé le débat de l’entre-deux-tours n’avaient jamais existé. Comme si le débat lui-même n’avait jamais existé. »
« Pourquoi personne n’a osé se présenter au congrès ? », interroge-t-il. Le patron FN local explique alors que « l’élection est tellement verrouillée que personne n’a l’audace de s’y risquer sans penser qu’il en paiera tout le prix ».
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Éric Dillies tente encore une fois de justifier une deuxième candidature pour le congrès frontiste : « Plus que jamais, notre mouvement a besoin d’un débat ouvert, d’un dialogue libre et sans crainte, d’un échange loyal et sincère. La condition de cette sincérité, c’est la présence d’au moins deux candidats, et pourquoi pas trois ou quatre d’ailleurs. » Et d’asséner :
« C’est la chance pour toi de retrouver la confiance de nos militants et de nos adhérents. »
« Je sais que le message est rude, mais tu ne m’as guère laissé le choix », écrit l’élu frontiste qui fait valoir que « c’est le message d’un homme qui milite depuis plus de trente ans au Front National et à qui tu as demandé en 2007 de t’aider à reconstruire le mouvement ».
Les tensions frontistes
La lettre de cinq pages d’Éric Dillies illustre parfaitement les tensions qui secouent le Front national depuis l’élection présidentielle. En évoquant la chute des réadhésions, Éric Dillies confirme, à son échelle, ce que les proches de Florian Philippot, l’ancien bras-droit de Marine Le Pen, racontent : dans certaines fédérations, la chute de nombre d’adhérents avoisinerait les 30%, et dans d’autres, leur nombre stagnerait par rapport à l’année dernière.
La fuite des cadres frontistes a aussi été confirmée par plusieurs enquêtes, dont celle de Libération racontant une rupture qui se crée entre la direction et les élus locaux. Ou encore l’hémorragie : « Sur 1.581 conseillers municipaux portant l’étiquette FN au sortir des élections de mars 2014, 534 ont depuis cessé de siéger pour le parti d’extrême droite », expliquait Libération.
Enfin, Éric Dillies évoque l’audience plus que décevante de Marine Le Pen lors de son dernier passage à l’Émission politique de France 2. La présidente du FN n’avait réuni que 1,74 million de téléspectateurs... Il s’agit de la pire audience enregistrée par le programme depuis sa création il y a un peu plus d’un an.
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