Sans blague, les Russes n’y ont pas pensé tant ils sont simplets. Ma théorie est que Poutine a autorisé les navires ukrainiens à sortir, en sachant pertinemment que notre mentalité de hyènes à charogne abandonnée, nous conduirait à nous servir comme des goinfres. Le but de Vladimir est donc atteint : passer pour un dirigeant de bon sens, humain, rationnel, et prouver que ses homologues occidentaux sont des crevards.
Vous le dites naïf ; je le trouve au contraire agile : devant l’histoire, c’est nous qui affamons le tiers-monde, pas lui, puisqu’il a laissé circuler, ce qui lui permet, au passage, de jouer sur l’auto-apitoiement (« J’ai cédé à vos exigences et maintenant, mon blé tout blond pourit par votre faute »). Il donne dans l’inversion victimaire, en sachant que son blé peut bien pourir sur place, puisqu’il croule par ailleurs sous les commandes de gaz et de pétrole. Poutine savait que le tiers-monde consomme surtout du riz, de la patate douce, et très peu de blé. Les viennoiseries de Tombouctou, vous connaissez ? Il fait de la com, lui aussi, nous roule dans la farine, et excelle à ce jeu-là.
Certains esprits à courtes vues aimeraient que Poutine se mue en Ivan le Terrible, rase tout et affame tout le monde. Toutefois, cet homme
1- sait que l’on ne met pas un terme aux dysfonctionnements en en créant de nouveaux,
2- cherche à être inattaquable devant le Tribunal Pénal International. Finir comme un Ceausescu, très peu pour lui
3- a compris qu’il a gagné la guerre d’occupation (pour longtemps) de l’Ukraine, qui ne peut même pas faire sortir un radeau sans son autorisation
4- a compris qu’il a rallié tout le tiers-monde et perdu seulement ce qui l’était déjà, à savoir l’estime inexistante de l’Occident arrogant (se souvenir de la façon dédaigneuse dont Macron / Moumoute 1er l’avait accueilli à Versailles, au pas de course, suivi d’un discours pontifiant)..
Poutine a même gagné la guerre de la communication : sur les plateaux télé US, il est encensé alors que Biden se fait cracher dessus pour l’inflation, pour les hordes de clandestins qui franchissent le mur de Trump et l’enseignement de la théorie du genre dans les écoles.
Je pense que la Russie a gagné la guerre du monopole : au centre de tous les discours, elle est, de fait, devenue le centre du monde. Ce qui n’est pas gagné, ce sont des négociations de paix débouchant sur des accords équitables. Mais la guerre, elle, est pliée puisque l’Ukraine est occupée, paralysée, évacuée par cars entiers.