Egalité et Réconciliation
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Excursion à Créteil : Alain Soral rencontre un responsable d’ATTAC

Lundi 8 décembre, Alain Soral était invité dans les locaux de l’Université Paris XII (Créteil) en vue de débattre avec Jacques Cossart, secrétaire général du conseil scientifique d’Attac. L’occasion pour Egalité et Réconciliation de revenir sur les points communs et les divergences qui caractérisent la relation de notre mouvement à la cause altermondialiste.

L’invitation paraissait improbable, Monsieur Jêrome Baray, Maître de Conférences à l’Université de Parix XII, nous avait contacté par courrier, but de ce premier contact : Organiser une rencontre entre notre président et un intellectuel altermondialiste, parbleu ! Un cadre d’Attac !

Notre enthousiasme avait été immédiat mais pour des raisons qui puisent leur source dans les relations parfois houleuses que notre jeune mouvement a entretenues avec certaines formations de « gauche », nous appréhendions l’accueil qui nous serait réservé dans cette faculté de banlieue. En effet, en un an d’histoire et après des dialogues tendus avec une ou deux mouvances d’extrême gauche, quelques uns de nos camarades à Egalité et Réconciliation ont fini par nourrir une rancœur injustifiée à l’égard de cette sensibilité politique dont nous sommes pourtant si proches à bien des égards.

Nous avions organisé un service d’ordre discret pour accompagner notre président à cette rencontre pour le moins originale. L’université de Paris XII nous était à tous inconnue, fac de gauche, fac de droite ? Non, Fac tout court ! Des locaux impersonnels et modernes où les affiches de concert bien plus que les militants se battent en duel. Nous avions déjà constaté la pauvreté de la conscientisation politique dans les facultés françaises, bien des fois encore nous nous surprenons à penser qu’il serait préférable de nous trouver en présence de facultés véritablement remplie de gauchistes énervés ou de droitards abrutis... Cela serait toujours meilleur que le néant dans lequel leur âme se meurt actuellement, cela serait plus drôle du moins. Et de l’humour à notre arrivée il n’y en avait pas beaucoup, c’est le moins qu’on puisse dire ! Tranquillement installés dans un café des alentours, nous observions les galeries fantomatiques d’un centre commercial faisant face à l’Université ; nous attendions l’heure du rendez vous, curieux de savoir la tournure qu’allait prendre cette aventure : Annulation de dernière minute, traquenard, procès déguisé en échange universitaire ? Bien des éventualités plus romanesques les unes que les autres.

Une fois l’heure de la rencontre venue, le résultat ne fut certes pas aussi épique que nous l’avions imaginé, mais suffisamment sérieux pour que nous ne regrettions en rien notre petite excursion dans le Val de Marne. Notre hôte, professeur à l’université de Paris XII, nous présenta M. Jacques Cossard, Secrétaire du conseil scientifique du fameux groupe altermondialiste Attac. Bonne surprise, Monsieur Cossart est un homme courtois, il a tenu à serrer la main de tous les camarades en nous regardant dans les yeux... (Droite des valeurs... Vous avez dit droite des valeurs ?)

Autre bonne nouvelle, bien des étudiants se présentent au débat que Monsieur Jérôme Baray a eu l’intelligence de faire passer dans ses heures de cours. Résultat des courses, voilà nos deux intervenants face à un auditoire d’une quarantaine d’étudiants, ce qui est loin d’être négligeable d’autant plus qu’il s’agissait là d’un public qui, avouons le, n’est pas celui face auquel notre président a l’habitude de discourir.

Parmi eux, quelques chevelus aux pantalons larges et aux cheveux gras mais dans l’ensemble de jeunes gens dont l’apparence ne laissait pas trahir une appartenance politique quelconque. (Les dread-locks, et l’esthétisation de la crasse étant malheureusement devenues les signes d’appartenance à des groupuscules qui font honte à l’histoire glorieuse de la gauche sociale).

Une fois installé, notre hôte s’est livré à une brève présentation des intervenants. Monsieur Jacques Cossart, secrétaire général du conseil scientifique d’Attac, ancien conseiller du vieux Jean-Baptiste Doumeng, le fameux « milliardaire rouge » ; Alain Soral, présenté comme l’auteur d’essais de sociologie populaire et d’un ouvrage dont le titre comporte le mot « texticules » ce qui n’a pas manqué de faire sourire une partie de l’assistance. Par un hasard merveilleux (mais peut être était-ce un acte délibéré de notre hôte afin de préserver un semblant de calme dans son auditoire,) les récents engagements politiques de notre président ne furent mentionnés que de manière assez sibyllines ; Monsieur Jérôme Baray se contentant d’ajouter au parcours d’Alain Soral les mots suivants « après quoi vous avez adhéré au Front National avant de créer une association du nom d’Egalité et Réconciliation. » Tout cela dit avec une célérité qui rendait la phrase quasiment inaudible, beau boulot, l’étiquette « Front » aurait sans doute fermé le jeune public à la pertinence des propos de notre président.

Première sujet de discussion : La Crise ! La parole est donnée à Attac, Jacques Cottard s’est alors lancé dans une analyse de la virtualisation de l’économie, revenant sur la tragédie qu’avait constituée l’abandon de la parité-or. Notre président entama son analyse dans l’axe ouvert par le militant altermondialiste, il insista sur le visage délirant qu’avait pris la finance internationale, cette dernière ne produisant des richesses que par l’« ouverture infinie de lignes de crédit », procédé pervers qui dans une course irresponsable au profit fait reposer l’économie sur un mirage, sur de l’argent qui n’existe tout simplement pas.

Sur le constat, les deux bonhommes sont d’accord, on rêve déjà d’un E&R/Attac. Aucun véritable point de divergence quant à la dénonciation des bulles spéculatives et de leur déconnexion de l’économie réelle.

Mais Jacques Cossart n’est pas membre d’Attac pour rien et la solution qu’il préconise pour se protéger de la violence du capitalisme repose en une formule : Faire de la monnaie un bien mondial, une devise émise par la seule organisation ayant une légitimité en matière de politique internationale (tenez vous bien) : l’ONU !

L’occasion était trop belle pour notre chef, il profita de cette question délicate pour fournir à toute l’assistance une belle leçon de nationalisme-révolutionnaire et préciser en quoi notre vision de l’action politique diffère du rêve altermondialiste. Nous précisons ce point car c’est ensuite essentiellement là-dessus que l’échange s’est concentré : comment affirmer le pouvoir du politique sur l’économie ?

Là encore, un même constat entre E&R et Attac, l’économie a été volontairement rendue inaccessible à tous les citoyens désireux d’en maitriser les outils. Les médias, la presse dite « spécialisée », nos classes dirigeantes, en ont fait une sorte de monstre vengeur se cachant derrière d’obscures formules mathématiques. A entendre les discours tenus sur la crise financière actuelle, l’économie peut être considérée sans mal comme une lointaine parente de l’alchimie tant ses mécanismes semblent abscons et inaccessibles au commun des mortels. Nos deux interlocuteurs se sont aussi accordés sur ce point (ça fait beaucoup), ils ont revendiqué la réappropriation nécessaire de l’économie par le pouvoir politique et les citoyens. Mais à travers quelle instance ? C’est là que réside tout le problème.

Cette souveraineté du peuple sur l’émission de sa monnaie, cette réintégration de l’économie dans le champ de l’action politique doit se faire selon nous dans le cadre national, cette dernière instance étant (en dehors de l’enjeu culturel que nous voyons dans sa sauvegarde) la seule entité existante permettant au citoyen d’avoir une prise sur le destin de sa communauté. Jacques Cossart quant à lui appela à cette réappropriation de la souveraineté mais à travers des instances supra-étatiques, qu’elles soient européennes ou mondiales, c’est là que nos point de désaccords se firent jour et que notre argumentation fut (vous ne nous reprocherez pas notre parti pris) la plus convaincante.

Comme beaucoup d’entre nous l’ont sûrement entendus lors d’un cours de philo de Terminale, il est impossible d’enfoncer des clous à coups de concept ; c’est à peu de chose près ce que notre cher Soral essaya de dire à Jacques Cossart. On ne terrasse pas le capitalisme à coup d’incantations, ni à coups de manifestations bariolées à Davos ou Porto-Alegre (aussi sympathiques et festifs soient ces rassemblements). Planifier une action civique mondiale sans se rattacher à des instruments politiques concrets comme le sont les nations revient à faire du théâtre militant, c’est croire qu’on peut enfoncer ces fameux clous dont parlaient nos professeurs de Terminale, avec un marteau qui n’existe pas. Aussi pratique et confortable puisse nous sembler l’idée d’une solution qui porterait sur le monde comme un arrêté municipal régule les allers-venus des riverains d’un quartier, la lutte nous force à agir avec les armes que la réalité nous présente ; or, le cadre étatique (pour filer ma métaphore) est un marteau bien réel celui là... Comme nous l’a rappelé Alain Soral après le débat, et avec l’humour qu’on lui connait, les gens d’Attac « risquent d’attendre longtemps les élections mondiales d’un président mondial par des citoyens mondiaux... »

Nous pourrions nous contenter de sourire de la rhétorique généreuse et éthérée d’un groupe comme Attac, malheureusement il nous semble que leur projet politique accrédite de manière indirecte les forces agissantes du Capital. En effet, ces dernières sont pour l’instant les seules à pouvoir planifier leurs actions à l’échelle planétaire. Même si le projet mondialiste voulu par Attac se veut une opposition au mondialisme financier, la rhétorique qu’il met en place légitime la logique planétaire nécessaire à la survie du système de la finance internationale.

Que retenir de cette rencontre ? Avant toute chose que le dialogue est très largement possible avec des militants d’extrême gauche, cela peut nous sembler évident mais certaines évidences sont bonnes à répéter. Nous gagnons toujours à rencontrer des citoyens désireux de combattre une idéologie que nous dénonçons d’un commun accord, Monsieur Cossart est un authentique défenseur de ce que nous appelons la gauche sociale, nous en avons eu la preuve vivante lorsqu’il a pris lui-même la défense de notre président suite à la remarque d’un étudiant ayant médiocrement tenté de nous dépeindre les vertus du Capitalisme financier. Ce dialogue E&R/Attac nous a donc rappelé la pertinence de notre approche « trans-courant » de la scène politique contemporaine.

Par ailleurs, nous avons pu constater qu’aujourd’hui encore, et même dans un cadre aussi surveillé que celui de l’université, rien n’empêchait des hommes de bonne volonté d’engager un dialogue constructif. Il n’est pas nécessaire de préciser que l’appréhension que nous éprouvions en nous rendant au débat n’avait pas de fondements, nous n’avons eu à faire à aucun perturbateur... Le jeu en valait la chandelle.

Benoit M. & Gaston Y. pour E&R

 
 

Livres de Alain Soral (118)