L’aversion qu’exprime une certaine gauche pour la religion en général et le catholicisme en particulier n’est pas nouvelle. Elle puise certainement sa source dans la Révolution française, qui inventa la Constitution civile du clergé, autre nom pour la soumission de l’Église à l’État (à bien différencier de « séparation de l’Église et de l’État », d’une tout autre teneur).
J’ai été suffisamment longtemps à gauche (en fait, jusqu’à ce que je fasse de l’histoire), pour bien connaître les arguments utilisés par les anticléricaux, anticatholiques et autres laïcards, pour justifier leur aversion.
Il en est qui, aujourd’hui, sonnent plus faux que d’autres.
Le catholicisme, disent-ils, porte atteinte à la liberté humaine en instillant la culpabilité dans le cœur des hommes. La notion de péché paralyse, l’anathème est un abus de faux juges qui ruinent la vie d’un homme à cause de ses opinions. La notion même de blasphème, et sa poursuite pénale, est une tyrannie des consciences. Le sacrilège en soi est une atteinte à la liberté de penser. La religion, c’est l’horreur, l’ennemi de l’intelligence, du bonheur, de l’épanouissement, du progrès humain, que sais-je encore.
Écrasons l’infâme ! disait leur maître à tous, le grand, l’immense, le monumental Voltaire. Émancipons la pensée humaine, clament les libres-penseurs.
À gauche toute ! Tout ce qui est catholique est réactionnaire, odieux, obscurantiste, d’extrême-droite et nous rappelle, décidément, les heures sombres de notre histoire.
Le traitement proprement abject que cette gauche vient de faire subir à Étienne Chouard devrait servir à ouvrir les yeux.
Sans aucun égard ni pour sa sincérité ni pour sa liberté fondamentale de penser ce qu’il pense, une meute de procureurs souvent anonymes et toujours vipérins, qui sont allés jusqu’à le menacer de mort à coups de pelle, se sont acharnés à lui dire quoi penser, à le culpabiliser de ne pas s’y plier, à exiger de lui qu’il expie publiquement, à jeter l’anathème sur ses écrits, à exiger un cordon sanitaire autour de lui. Insultes, menaces, invectives, calomnies, censure, ils ne lui ont rien épargné jusqu’à ce que, épuisé et meurtri, il raccroche.
Étienne a commis le péché impardonnable de ne pas condamner Alain Soral, autre blasphémateur voué à l’exécration publique. Il a commis le sacrilège de relayer des « antisémites ». Il refuse de s’en culpabiliser. Il mérite l’anathème, l’excommunication.
Et tout ça sans aucune perspective de rémission, puisque, sans transcendance, qui donc le pardonnera une fois qu’on lui aura bien pourri la vie ?
Juste une petite précision, à l’usage d’Étienne et de ses persécuteurs : chez les Catholiques, un péché peut être pardonné. Toujours.
Et tout combat pour la vérité et la justice trouvera un jour ou l’autre, ici-bas ou dans l’au-delà, sa récompense ou sa compensation.
De tout cœur j’espère qu’Étienne comprendra ce que je veux dire.
Pour les autres, à la grâce de Dieu !
Marion Sigaut