Le président de Reconquête ! Éric Zemmour est reçu sur la chaîne i24NEWS le 3 novembre 2023, en pleine guerre israélo-palestinienne, ou plutôt pendant la destruction de Varsovie-Gaza par les forces de Netanyahou-Stroop, si l’on ose le parallèle historique.

Les parallèles historiques, Zemmour en est friand et va en faire devant son interlocuteur, pour qui l’antisémitisme en France n’a jamais été aussi haut. Il faut dire que presque chaque jour, Darmanin nous bassine avec une inflation totalement invérifiable (on en est à 1 040 faits antisémites, et plus personne ne sait ce que ça recouvre, et si ça prend en compte les faits d’auto-antisémitisme). Il parle ici avec solennité devant la poire Delahousse :

Il faudrait croire sur parole celui qui, sur ordre, invente un terrorisme d’ultradroite, qui n’a aucun fondement réel à part quelques ados qui s’excitent sur les RS, et qui laisse curieusement en liberté de vrais terroristes djihadistes. Allez comprendre...

La démonstration zemmourienne de la proximité des peuples israélien et français est osée, et bancale. On l’écoute d’abord : la séquence commence à 4’23.

i24NEWS : J’entends ce que vous dites quand vous parlez des deux peuples à qui s’adresse Emmanuel Macron [1], mais vous y avez été confronté ici, vous avez rencontré des familles d’otages israéliens. On n’a pas l’impression en France que ces deux peuples sortent dans la rue pour réclamer la libération de ces otages, parmi lesquels des enfants, ce qui est une situation qui apparaît insupportable à tout un chacun, et pourtant, y a pas de mobilisation dans les rues de qui que ce soit !

Zemmour : Je suis suffisamment vieux pour avoir connu, même quand j’étais enfant, la France d’avant la guerre des Six Jours, et j’ai connu depuis, j’ai connu dans les années 80, 90, 2000, etc., je pense qu’il y a un vrai changement. J’ai le sentiment, et c’est ce que je vis en France, que jamais le peuple français n’a été aussi proche du peuple israélien, depuis les années 50-60. Il y a effectivement deux peuples, je le maintiens, c’est-à-dire qu’il y a un peuple qui a compris, vous savez il y a eu un sondage qui disait que 72 % des Français étaient convaincus et craignaient que ce qui est arrivé en Israël arrive en France.

Et puis il y a un peuple islamo-gauchiste, je le dis depuis la présidentielle, qui a été forgé dans la campagne présidentielle de 2022 de Jean-Luc Mélenchon, qui est composé de musulmans qui votent Mélenchon et de gauchistes qui, au nom d’une idéologie woke que vous connaissez aussi en Israël, qu’on connaît aux États-Unis, qu’on connaît aussi en Angleterre, c’est-à-dire qui privilégie les minorités sur la majorité du peuple français, les minorités ethniques, religieuses, sexuelles, etc., et puis s’allient, dans une alliance complètement folle d’ailleurs, puisque l’islam dénonce, et martyrise et criminalise toutes ces minorités, mais enfin, c’est leur problème si j’ose dire...

Il y a quelques jours j’étais encore à Paris, et il y a une dame qui est venue me voir, et qui m’a dit vous savez, j’ai quitté l’Iran, et j’ai l’impression qu’il arrive exactement ce qui est arrivé dans mon pays. C’est-à-dire que les communistes à l’époque avaient chassé le Shah, et qui a tiré les marrons du feu, les islamistes de Khomeiny, qui ont mis les communistes en prison. Il arrivera la même chose à ces gauchistes français qui aujourd’hui font des mamours aux Palestiniens et à l’islam. Et vous savez, je pense que c’est inexorable. Mais pour l’instant, malheureusement, ils sont alliés contre le peuple français.

Les Français seraient les Israéliens et les musulmans les Palestiniens ?

Pour lui, les gauchistes français vont subir le même sort que les communistes iraniens qui seront mis en prison par Khomeiny. Il est vrai que l’alliage entre gauchistes et musulmans est incertain – on l’a vu chez LFI avec la question féministe – sur la durée. Mais ce qu’oublie Zemmour, c’est que ce minoritisme de gauche, ce choix des minorités contre la majorité, a été produit par le Système parce que justement il fallait briser la majorité en morceaux, afin de mieux la contrôler : le féminisme pour séparer les hommes des femmes, l’homosexualisme pour transformer les hétéros en persécuteurs, l’antiracisme pour faire du Français un assassin en puissance de ses frères de couleur...

Et la majorité, la vraie, c’est le peuple, celui qui bosse et qui fait pas chier, sauf pour réclamer des conditions de vie décentes, et qui lutte pour ça, une lutte qui va au-delà des différences de confessions, d’origines et de sexes. C’est bien cette majorité silencieuse (sauf pendant la parenthèse Gérard Nicoud) qui se fait martyriser médiatiquement depuis un demi-siècle en France, rackettée par une fiscalité dévorante, taxée de tous les maux – beauf, raciste, puis antisémite –, puis carrément tabassée et mise à l’écart socialement (Gilets jaunes, antivax, puis carrément la classe moyenne).

Et qui trouve-t-on à l’origine de ce minoritisme (cette préférence minoritaire), qui permet justement à une minorité puissante de diriger en sous-main une majorité impuissante par le biais d’une démocratie d’apparat ? La fameuse minorité confessionnelle que Zemmour oublie de citer, et qui a érigé le minoritisme en levier politique pour obtenir avantages et privilèges contre les intérêts de la majorité, comme dans l’Ancien Régime. Il est là, le nouvel Ancien Régime.

C’est bien la minorité juive de gauche en France qui depuis Mai 68 a initié ce système délétère qui condamne aujourd’hui une majorité de Français à vivre sous la coupe et la menace de minorités qui font les lois, et donc la répression. D’ailleurs, si aujourd’hui Zemmour se retourne contre cette gauche woke, c’est parce que justement SA minorité se retrouve visée par la partie musulmane des électeurs de Mélenchon !

« Toucher à un juif en France c’est toucher toute la République » (Darmanin, on ne peut plus clair)

Et là, soudain, le minoritisme devient un danger pour la « République », une République qui n’est que le faux nez du pouvoir quasi absolu de la minorité principale. Car on le sait tous, parmi les catégories minoritaires qui composent le wokisme, le féminisme, l’homosexualisme, l’antiracisme, c’est bien le sionisme qui fait office de chef d’orchestre, et dont les intérêts passent avant les autres. On l’a vu quand des pseudo-leaders noirs ont été promus pour taxer la majorité blanche de raciste, puis jetés quand ils commençaient à réclamer les mêmes droits que les maîtres !

Dans sa démonstration, Zemmour oublie donc quelques articulations importantes, mais nous mettrons cet oubli sur le compte du biais cognitif essentialiste.

Enfin, sur le sentiment pro-israélien majoritaire en France et la « proximité » entre les peuples français et israélien, la simple constatation du journaliste d’i24NEWS suffit à contredire Zemmour : il n’y a pas de manif de soutien à Israël, hormis celles organisées par les associations juives.

Alors soit les Français s’en foutent parce qu’ils ont d’autres chats à fouetter (la facture d’électricité vient encore de prendre 10 %), soit ils sont pro-palestiniens dans l’âme (ce qui n’est pas non plus certain), soit ils sont antisionistes. Mais personne n’a manifesté chez nous pour Netanyahou et sa politique d’expansion meurtrière. On parlera de résistance passive, et non violente.

Juan Branco sur « l’importation du conflit »

« Gérald Darmanin, ministre des faits divers, auteur d’un ouvrage aux références antisémites, instrumentalise le peuple juif de France aux fins de propagande électorale, dans sa course à l’échalote avec Gabriel Abaya. Le tout avec la coopération active de leurs médias.
Cela leur permet de masquer la dégradation lourde des conditions d’exercice de nos enseignants, des magistrats et policiers, de la sécurité et de l’éducation de nos enfants.
Cela leur permet, en nous mettant en danger, de continuer à alimenter la fabrique à faits divers, au détriment des Français.
Cela leur permet de faire oublier la vacuité du positionnement géopolitique de ce gouvernement, leur absence de pensée, leur ridicule consommé sur la scène internationale.
L’instrumentalisation à des fins identitaires de la situation en Palestine, c’est eux. La guerre confessionnelle, c’est eux. L’importation du conflit, c’est eux. Eux et leurs ambitions avariées, leurs oligarques avinés qui payent des semeurs de haine pour salir, diviser, et qui à coup de fausses informations et manipulations déstabilisent notre nation. »