Invité pour la seconde fois en deux ans par la Renaissance catholique, Éric Zemmour se trouvait le 4 décembre 2016 dans le cadre de la 25e Fête du Livre à Grand’Maisons (Yvelines), pour vendre son dernier ouvrage, La Fracture. L’autre invité principal étant Philippe de Villiers. Malgré la messe de 10 heures, la plupart des débats sont consacrés à la guerre entre l’islam et les chrétiens, plutôt celle que l’islam fait aux chrétiens. Enfin, la guerre que l’islam ferait aux chrétiens. On ajoute la nuance, car dans le discours de Zemmour, il n’y en aura pas beaucoup. Devant un public conquis, il développe sa théorie du conflit de civilisations, de la guerre civile en cours, sans le moindre émoi dans la salle. L’avantage, avec les chrétiens de droite, c’est cette fascination millénaire pour le boniment sioniste. Ingénierie sociale grossière, quand tu nous tiens.
L’animateur de la rencontre : « Merci de mettre des mots, o-t-s, sur nos maux, a-u-x, merci d’avoir mis votre formidable érudition au service de la France, vous le Français de branche comme vous le dites, de porter le témoignage militant et combatif d’un amour de la France plus ardent que celui de bien des Français de souche… Merci de votre courage, car il en faut pour ne pas hurler avec la meute. »
En voilà un qui ne sait pas ce qu’il dit. Il devrait relire les Évangiles.
Zemmour attaque, droit dans la ligne Valls-Netanyahou : « Nous vivons… un temps qui annonce des mouvements peut-être violents, peut-être sanglants, nous vivons le temps des guerres de civilisation. Nous devons nous confronter à deux guerres de civilisation. »
L’auteur développe alors pour un public très sage la thématique de Samuel Huntington datant de 1996. Selon Zemmour, la première guerre de civilisation correspond à celle entre la puissance de mer, les États-Unis, et la puissance de terre, la Chine. Mais il abandonne rapidement cette piste pour ne garder que la seconde, qu’il estime plus probable, puisqu’on serait déjà dedans. Il s’agit du « retour de l’islam qui considère que lui aussi comme la Chine il est fait pour dominer le monde et que il est absolument scandaleux qu’il ne le domine pas… L’’islam qui considère que sa civilisation est supérieure ». Un islam mû par la revanche et la nostalgie : « L’islam a connu un âge d’or avec le califat islamique, avec la religion qu’ils ont imposée à des territoires immenses ». On a un mobile. Puis, sans transition ni ambages, à part une citation de Lévi-Strauss (« l’islam ne sait pas vivre avec les autres religions ») :
« Je ne dis pas islamisme, je ne dis pas islamisme radical, je ne dis pas radicalisation, tous ces termes qui sont inventés par nos bien-pensants pour protéger l’islam. L’islam dans son texte même est une religion guerrière, c’est une religion belliqueuse. »
Les conditions historiques qui permettent ce retour sur la scène mondiale et sa nouvelle « domination » sont les revenus du pétrole, source principale de la théorie providentialiste. La thèse zemmourienne devient :
« Et nous avons tout simplement aujourd’hui une civilisation qui nous mène une guerre de civilisation par les trois moyens de ce que j’appelle le triptyque invasion, colonisation, conflagration. »
Une invasion qui trouve ses raisons à l’extérieur mais aussi à l’intérieur de notre pays :
« Nous avons une population énorme qui se rue à nos frontières… On a des élites qui organisent l’invasion. »
Attention, quand Zemmour dit « élites », il faut comprendre pouvoir visible, celui de l’alternance, des gouvernants interchangeables. Pas le pouvoir profond. La véritable élite, elle, n’est pas nommée, ni même évoquée. Au lieu d’accuser le pouvoir profond, qui fait et défait les gouvernements depuis un demi-siècle en France, Zemmour charge la pauvre gauche de pouvoir, déjà totalement laminée :
« Au nom d’un espèce d’universalisme frelaté… L’universalisme chrétien est complètement dévoyé par un universalisme devenu fou qui estime que tout homme est un individu hors-sol… »
Il ne dit évidemment pas qui a frelaté l’universalisme chrétien… Après cet uppercut asséné à son auditoire, qui ne réagit pas – on est chrétien ou on ne l’est pas – le pamphlétaire peut tranquillement envoyer la série de coups suivants, à partir de constats indéniables :
« Dans les banlieues…. Le nombre fait basculer le rapport de forces… Les Français et les Anglais de souche sont obligés de quitter l’endroit où ils étaient parce qu’ils sont submergés par le nombre, parce que le nombre fait que le mode de vie change. […] L’assimilation s’est faite à l’envers. »
Que va devenir la France périphérique ? C’est-à-dire les Blancs ?
« On n’a plus besoin d’eux pour faire tourner la machine économique mondiale… Il y aura toujours des immigrés ou des robots pour faire leur travail… Et donc on n’a plus besoin d’eux, on s’en débarrasse. »
Là, le « on » semble désigner l’oligarchie mondialiste. Destinés à la mamelle du revenu universel (qu’on leur prépare), les autochtones sont appelés à disparaître. « Simplement le peuple de souche vote encore », et c’est là que le bât blesse. Cela donne le Brexit, et la surprise Trump. Mais cela ne sert pas la démonstration de Zemmour, qui ne prend pas cet embranchement, et revient sur l’islam. À coups de formules choc, il saute de fait en fait sans craindre l’amalgame. À l’écouter, la France serait presque sous domination... islamique ! En tous les cas, la loi coranique régnerait dans les banlieues, le fruit pourtant d’un travail de longue haleine de l’alliance du socialisme et du sionisme, qu’on appelait il y a 30 ans SOS Racisme. C’est bien le sionisme qui a autorisé cette anti-république, qui lui sert aujourd’hui de repoussoir et d’acte d’accusation contre toute une communauté.
« Et il y a un droit, un droit islamique qui peu à peu fait son tronc, son nid, et dans une alliance parfois un peu conflictuelle entre les imams et les caïds… C’est la vieille alliance du sabre et du goupillon on connaît ça, sauf que là c’est l’alliance de la kalachnikov et du Coran ! »
Pour soutenir sa démonstration, il s’appuie alors sur le dernier chapitre du livre de Davet & Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça, lorsque François Hollande évoque le risque (qui devient une certitude dans la bouche de Zemmour) d’une partition du pays :
Zemmour resserre les boulons de sa démonstration :
« Vous avez donc invasion, colonisation, et conflagration ! Les attentats, qui tombent comme ça, on a l’impression que ça tombe du ciel… Donc vous avez compris que la déflagration naît de l’invasion et de la colonisation, évidemment, tous ces jeunes gens, il suffit pour eux de lire le Coran, ils savent ce qu’il faut faire, le djihad fait partie des instructions coraniques. Et elles n’ont jamais été mises en cause par quiconque, même par les philosophes musulmans les plus tolérants, les plus rationnels comme Averroès. »
Le voilà en roue libre jusqu’à la pointe finale :
« Ils ont un projet théologico-politique qui s’appelle l’islam. Voilà, c’est ça les attentats terroristes c’est cela, ces gens-là qui, on a l’impression, on a l’impression qu’ils débarquent comme ça, à Nice je lisais “alors il s’est disputé avec sa femme il était en instance de divorce alors il a tué 100 personnes”, les bras m’en tombent ! »
« Donc il faut bien que vous compreniez qu’il y a une logique, une logique civilisationnelle, politique, économique, que cette situation que nous vivons et ce que nous allons continuer de vivre ne tombe pas du ciel, simplement voilà, il y a aujourd’hui des peuples européens qui ont pris conscience de ce grand danger. »
Comprendre que le renouveau nationaliste observé dans toutes les grandes nations occidentales ne peut être qu’une résistance à l’invasion islamique, et pas autre chose. Par exemple un réveil des peuples contre l’oligarchie mondialiste anglo-américaine d’obédience sioniste. Mais là encore, Zemmour trouve la parade en mélangeant pouvoir visible et pouvoir invisible, pouvoir réel et pouvoir symbolique. Les élites ne sont plus les maîtres sionistes mais les pâles gouvernements de centre gauche complètement discrédités. De l’art de tirer sur des morts… Cela permet de cibler le bon bouc émissaire, qui est le même – ô surprise – que celui du pouvoir profond.
« Nous vivons la révolte des élites et aujourd’hui les peuples se révoltent contre cette révolte des élites, voilà, il y a un affrontement terrible entre le peuple et leurs élites, entre le peuple et un autre peuple que les élites ont fait venir et qui sont amalgamés à ces élites. »
« Vous avez un affrontement entre deux peuples en vérité. Pour l’instant, il n’est qu’électoral. »
Applaudissements nourris. Signatures.
Zemmour vendra beaucoup de livres. Il a réussi à foutre la trouille aux Français. Il devient le recours, celui qui a tout compris, qui a vu l’avenir et qui prévient ses contemporains. C’est un prophète. Mais un prophète sioniste, qui fait – on en a l’habitude, nous qui analysons jour après jour ce genre de discours – de la prédiction auto-réalisatrice. Les attentats donnent du poids aux paroles de Zemmour, qui parlait déjà de « sang » avant la parenthèse désenchantée (qui commence le 7 janvier 2015). En ce début 2017, les phrases ne sont plus celles d’un auteur nationaliste lucide, mais d’un incendiaire, rouage essentiel de l’ingénierie sioniste en France.
Profitant du chaos que l’oligarchie a injecté en France, il vient vendre au troupeau de Français apeuré par une demi-douzaine d’attentats la solution… israélienne. Taper sur les musulmans, les islamistes, les djihadistes, de toute façon tout est pareil, c’est lui qui l’affirme. C’est la même engeance. En matière de pompier pyromane, on pensait avoir tout vu avec Sarkozy ; on n’a encore rien vu.
Ce que doit savoir monsieur Zemmour, c’est que 5, 10, 100 attentats ne rendront pas les Français sionistes ou pro-israéliens. Les Israéliens pourront manipuler chez nous autant de bombes humaines comme ils le font en Syrie contre les courageux Syriens, les Français ne deviendront jamais des Israéliens, car ils ont la justice chevillée au corps. Le pays du mensonge et du vol n’a pas d’avenir. Le nôtre si.