Les réseaux d’aide aux Syriens s’activent pour secourir les habitants d’Alep avant que la ville ne soit encerclée par les troupes de Bachar el-Assad. L’offensive loyaliste provoque un sauve-qui-peut
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Le futur siège d’Alep, un tournant décisif dans l’interminable guerre syrienne ? Pour Tamman Lodami et ses équipes sur le terrain, les dilemmes tiennent plutôt de l’urgence. Les stocks de matériel étaient destinés à ravitailler toute la partie nord de la Syrie, y compris les villes d’Idlib ou de Hama. Les conducteurs téméraires qui ont accepté d’emprunter la dernière petite route encore praticable vers Alep (salaire de la course : 250 dollars) ont pu voir, autour d’eux, l’ampleur des besoins auquel il ne sera pas possible de répondre.
Fuyant l’offensive terrestre, et la politique de la terre brûlée utilisée par l’aviation russe, des dizaines de milliers de personnes ont commencé à se déplacer vers la Turquie. Au moins 20 000 d’entre elles dorment depuis deux nuits devant la frontière, verrouillée par les douaniers turcs à Bab el-Salamah, à proximité de Gaziantep. Des milliers d’autres se sont dirigées vers Bab el Hawa, plus à l’ouest, là où sont précisément passés dans l’autre sens les camions de l’UOSSM.
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En réalité, la violence et la soudaineté des combats ont provoqué un véritable sauve-qui-peut. Déjà 70 000 nouveaux déplacés, comme l’affirment les autorités turques ? Peut-être même le double, glisse-t-on à Gaziantep. Un peu partout dans les villages de cette partie de la Syrie, les gens s’amassent aussi dans les écoles, les mosquées ou tout autre bâtiment public. Les villageois ont aussi ouvert les portes de leurs maisons. « Si les Syriens sont à nos portes et n’ont pas d’autre choix, nous devons laisser entrer nos frères et nous le ferons », a fini par affirmer ce samedi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Mais, malgré les pressions européennes, les portes d’une Turquie qui accueille déjà 2,5 millions de réfugiés syriens restaient fermées dimanche soir.
Le nord d’Alep est une sorte de modèle réduit de la situation militaire en Syrie. A la présence des diverses factions de la rébellion de l’Armée syrienne libre (ASL) et de groupes salafistes, aujourd’hui menacés par l’offensive des soldats du régime, s’ajoutent aussi au Nord-Ouest les combattants syriens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), tandis que l’organisation État islamique contrôle une partie du territoire plus à l’Est.