Créé en 2011 par la Commission européenne, le Réseau européen de sensibilisation à la radicalisation (Radicalization awareness network, RAN), chargé de soutenir « les principales organisations d’acteurs locaux impliqués dans la prévention de la radicalisation conduisant au terrorisme et à l’extrémisme violent), a récemment rendu un rapport particulièrement inquiétant.
Ainsi, il y est écrit, selon l’AFP, que « la plupart des pays membres de l’Union européenne s’attendent à une augmentation lente mais progressive des retours de combattants » de l’EI et du groupe Hayat Tahrir al-Cham (ex-front al-Nosra, lié à al-Qaïda).
Selon les estimations du RAN, « plus de 42.000 combattants terroristes étrangers » ont rejoint les rangs de l’État islamique (EI ou Daech) depuis plus de 120 pays entre 2011 et 2016, dont « plus de 5.000 » d’Europe. Sur ce nombre, 15 à 20% ont été tués dans les combats, 30 à 35% sont déjà rentrés et environ 50% sont encore présents en Syrie ou en Irak.
Or, le flux de « revenants » risque d’augmenter significativement si Daech « est vaincu militairement ou s’effondre ». Potentiellement, le RAN prévoit « entre 1.200 et 3.000 retours » en Europe, en grande partie « des femmes et des enfants » et avec des « antécédents différents ».
Toujours d’après le RAN, « environ 30% » sont déjà rentrés, en connaissance des autorités – ils sont alors souvent arrêtés – ou clandestinement. Évidemment, c’est une source de « préoccupation sérieuse et croissante », d’autant plus que ces « revenants » sont susceptibles de commettre des attentats, comme cela a été le cas à Bruxelles (2014 et 2016) et à Paris (novembre 2015).
« Ils peuvent également revenir car ils ont perdu leurs illusions, ont des remords, par opportunisme (ils sont toujours radicaux mais veulent de meilleures conditions de vie), pour intégrer une cellule jihadiste dormante en Europe, ou de manière involontaire (lorsqu’ils sont arrêtés) », explique le rapport du RAN.
S’agissant de la France, il était estimé, en 2016, que 1.910 ressortissants français (ou résidents en France) étaient impliqués dans la mouvance jihadiste, dont 600 à 700 avaient rejoint l’EI en Syrie et en Irak. Et, d’après le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, 217 adultes, dont un peu plus de 20% de femmes, et 54 mineurs sont revenus. « Les “returnees” font l’objet d’un traitement judiciaire systématique par le procureur de la République de Paris et nombre d’entre eux sont actuellement incarcérés », a-t-il précisé, début août, dans les colonnes du Journal du Dimanche.
En outre, et c’est tout aussi inquiétant, 18.500 personnes sont désormais inscrites au « fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste ».