Pendant que le bulldozer « America First » de la transition Trump effectue un parcours sans faute marqué par une vive remontée dans les opinions favorables, une deuxième Amérique s’organise méthodiquement pour le dégommer.
D’un côté du rideau de fer intra-américain, Donald Trump n’est pas encore juridiquement élu, le collège électoral devant se réunir et l’élire – en principe – le 19 décembre. Mais il a pratiquement monté son équipe, composée principalement de fidèles, de self-made-men et de militaires, avec quelques ajouts de circonstance en provenance de la caste qu’il exècre : les politiciens. Le message est clair, inquiétant : la réorganisation de la bureaucratie est à l’ordre du jour. Des centaines de milliards d’économies en perspective….
Restent les Affaires étrangères à pourvoir.
De l’autre, animés par Soros dans le rôle du « Doctor Evil », se trouvent tous ceux qui ont orchestré en quatre semaines une remarquable campagne stalino-capitaliste, qui a commencé par une alerte au coup d’État fasciste, suivie d’un procès en légitimité démocratique, accompagné de troubles de l’ordre public, assaisonnés d’une attaque en règle contre les hérétiques médias sociaux « désinformateurs », tous assimilés à la Russie, chef d’orchestre présumé du Pearl Harbor électoral du 8 novembre 2016.
Ce qui explique que l’on tente, depuis quelques jours, de recompter les votes des États ouvriers de la Rust Belt afin de vérifier si Poutine a bourré les urnes, ou que les membres du Congrès lancent, le 9 décembre, une enquête « bipartisane » sur les agissements de la Russie (les démocrates minoritaires soutenus par le dernier carré des va-t-en-guerre républicains), ou encore que le Washington Post et le New York Times publient, le 10, des « fuites » en provenance de la CIA, et surtout que monsieur Obama demande le même jour aux services de renseignement de faire un état des lieux complet, avant son départ, des ingérences russes dans le processus électoral de la campagne présidentielle (il faut dire que le narcissique Obama ne supporte pas la récente poussée de popularité de Trump et, surtout, la perception dans l’opinion publique qu’il est déjà le président ayant directement mis la main dans le cambouis (emplois, diplomatie) plutôt que se donner des grands airs.
Il ne reste que deux moyens pour neutraliser Trump : le ruiner financièrement (en le forçant de vendre ses actifs à perte, afin d’éviter les conflits d’intérêt) ou le révoquer pour intelligence avec une puissance étrangère (dossier en cours de constitution). Certains croient dur comme fer, comme le cinéaste Michael Moore, à un impeachment inéluctable de Trump.
Il est donc fascinant d’observer Trump jouant à l’Electrophorus electricus (anguille électrique), esquivant et envoyant ses décharges à haute tension. Il sait que la majorité de l’establishment politique et métapolitique veut se débarrasser de lui, certains républicains souhaitant cependant l’utiliser à court terme (les leaders du Sénat et de la Chambre) avant de le vidanger sous deux ans.
Sauf que Trump est en train de gagner la bataille de l’opinion publique. Difficile, dans ce cas, de retourner le prochain vote du 19 décembre… Mais il y a peut-être une raison inattendue à vouloir le sortir tout de suite : la pilule empoisonnée préparée par Trump. En cas d’éviction tardive, son successeur serait l’intelligent Mike Pence (son vice-président), jugé pire que l’Opus Dei par les oligarques. Nous verrons…