« Les hommes qui sont ici sont pompiers, comptables, commerciaux... Ils ont entendu parler de ce stage sur Facebook. Des pages où se croisent des citoyens anxieux, mais aussi des fans d’Alain Soral ou autres figures de la droite extrême. »
Ça commence bien ! Le sujet de France Inter, qui retrousse ses manches de grand reporter, c’est bien sûr l’autodéfense qui, si elle n’est pas totalement interdite en France, est très sérieusement encadrée par la loi. On a le droit de se défendre, mais seulement dans des cas précis...
Venant de France Inter, la radio malaxée par les mains successives de Jean-Luc Hees, Philippe Val et Patrick Liste Noire Cohen, tous bien alignés sur la pensée dominante, plus rien ne nous étonne !
La petite entourloupe de la station de service théoriquement public consiste à faire croire entre autres que ces dangereux Français s’entraînent à tirer sur des cibles féminines, précisément sur des femmes musulmanes voilées. Pour comprendre en creux qu’il s’agit de potentiels assassins racistes.
Cependant, si ce genre de stage existe et a du succès, il faut essayer de comprendre pourquoi. Les Français aujourd’hui ne se sentent pas merveilleusement protégés par « leur » État, c’est le moins qu’on puisse dire. Il y en a même qui pensent que certains services à l’intérieur ou en relation avec cet État sont à l’origine ou au contrôle plus ou moins direct de la déstabilisation terroriste en cours...
Avec la multiplication des attentats, le sentiment d’insécurité grandit chez les Français, qui craignent, un jour d’être pris dans une attaque. Les formations aux risques d’attentats se multiplient. Le nombre d’inscription en club de tir explose – plus de 40 % de demandes supplémentaires cette année –, et plus encore de créations de cours d’autodéfense et de combat rapproché.
Ce sentiment d’insécurité est aussi un terreau fertile sur lequel surfent les milieux identitaires et l’utradroite. Une instrumentalisation de la peur ouvertement revendiquée par certains, comme ce Français, installé à Varsovie, qui organise, en Pologne des stages paramilitaires « antidjihadistes » pour ses compatriotes...
Se défendre, attaquer
Nous sommes à l’ouest de Varsovie. Au sol, cinq hommes. Celui qui leur parle ne veut pas donner son nom. Cet instructeur militaire est un ancien soldat. Afghanistan, Côte d’Ivoire et autres terrains de guerre. Dans sa main, un 9 mm. C’est un cours de T3C, du secours médical militaire. On y apprend à poser un garrot. On y apprend aussi à se saisir d’un blessé au sol, pour s’en servir de bouclier en cas d’attaque...
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VIDÉO - En Pologne, des Français viennent s'essayer à l'autodéfense https://t.co/C8QX4eTvuZ @ClaudeGuibal pic.twitter.com/Wr01VBqzfo
— France Inter (@franceinter) 16 octobre 2017
On y dénonce dans un virilisme exacerbé, la menace djihadiste, mais aussi l’insécurité dans les banlieues... Des posts où reviennent régulièrement les mots « terroriste », mais aussi « migrants », « racailles », et « islam », la France en danger, les citoyens appelés à se défendre eux-mêmes.
C’est Gregory, un français établi en Pologne, qui a eu l’idée de ces stages. Ce qu’il propose ici ne serait pas légal en France, où le tir dynamique sur silhouette, par exemple, est interdit. Mais en Pologne, la législation est bien plus laxiste. Et dans ce pays pétri de nationalisme, la radicalité de ses propos n’est pas un problème.
Des cibles bien établies
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- Sur le mur de la salle de tir, à Sulejuwek (est de Varsovie), une cible laisse imaginer une femme voilée
Sur le mur du club de tir où a lieu l’entraînement, une cible accrochée au mur représente une femme voilée, stylisée. Et cela n’émeut guère l’instructrice de tir, une ancienne des forces spéciales polonaises. Sur le visage de leurs propres cibles, les hommes dessinent des barbes avec des marqueurs. Des cibles sur lesquelles ils tirent… à balles réelles.