Tentons une uchronie : si Fernandel chantait cette chanson en 2018, sa survie médiatique serait égale à celle d’une caserne d’artillerie dans l’est de la France en cas de guerre nucléaire : quelque chose comme 10 minutes. Le temps que les missiles soviétiques (en 1968 il y a encore des soviétiques) arrivent.
On s’est renseignés : un missile intercontinental prend 3 mn en phase de poussée, pendant laquelle il fait du 7km/s, soit plus de 20 000 km/h. La seconde phase, dite intermédiaire, dure 25 mn pour 12 000 km. Sachant que la distance Moscou-Paris fait 2 500 km, et que la phase de rentrée ne prend que 2 mn, on a 10 mn (3+5+2) pour descendre à la cave, où de toute façon on finira fondus comme du fromage râpé.
C’était la parenthèse balistique car c’est toujours bien d’apprendre quelque chose.
Fernandel, comédien, chansonnier et acteur, serait donc pulvérisé en 10 minutes sur les réseaux sociaux par les activistes des minorités agissantes. Sa carrière prendrait fin le soir-même, il proposerait sa démission au cinéma, à la télévision et aux cabarets avant que ces derniers ne la lui imposent. On croulerait sous les communiqués des uns et des autres, toujours les mêmes, politiques, journalistes et people, qui inonderaient une médiasphère complaisante avec leurs messages de « condamnation » et d’« indignation ».
La mécanique de mise au ban d’une personnalité qui a dérapé hors des autoroutes autorisées de la pensée est désormais connue. C’est un processus bien huilé, qui a besoin de sa victime quotidienne. Tout le monde y passe ou y passera un jour, même les juges et délateurs professionnels qui font partie de cette machine. Ce n’est qu’une question de temps : celui qui dénonce aujourd’hui sera demain à la place du condamné. Tex aujourd’hui, Schiappa demain.
1968, Fernandel chante chez Guy Lux :
1973, Sardou chante Le Rire du sergent :
1991, Aznavour chante Comme ils disent :