Selon un calcul effectué par le site web de Marianne, la première chaîne d’information en continu de France diffuse autant d’images des meetings du candidat d’En Marche ! que de ceux de tous ses principaux concurrents réunis. BFMTV dément.
BFMTV en ferait-elle trop à propos d’Emmanuel Macron ? C’est ce qui ressort d’un calcul effectué par le site web de l’hebdomadaire Marianne. Les journalistes ont « revisionné les chaînes d’information en continu le jour de chacun des meetings des candidats, depuis le mois de novembre ». Détail important : ils n’ont pris en compte que les rassemblements ayant compté au moins 1 000 participants et ne se sont pas intéressés aux extraits de journaux ni aux duplex.
Résultat : depuis novembre, les discours de l’ex-ministre de l’Économie auraient totalisé 426 minutes d’antenne contre 440 à ses principaux adversaires que sont François Fillon (182 minutes), Jean-Luc Mélenchon (135 minutes), Marine Le Pen (63 minutes) et Benoît Hamon (60 minutes).
BFMTV, cas à part
D’après Marianne, ce « déséquilibre criant » ne se constaterait que sur les ondes de la chaîne contrôlée en partie par le milliardaire israélo-français Patrick Drahi. Si l’on se réfère au travail effectué par le site web de l’hebdomadaire, ces quatre derniers mois, LCI a diffusé quatre minutes de plus de François Fillon en meeting. Concernant iTélé, si Emmanuel Macron reste en tête en minutes d’antenne, il n’est pas mieux loti que François Fillon ou Marine Le Pen concernant le nombre de meetings diffusés : un seul.
Quand on regarde en détails l’utilisation de la calculette de Marianne, on s’aperçoit que cinq meetings du candidat d’En Marche ! sur les sept qu’il a organisés depuis le mois de novembre ont été diffusés sur BFMTV, avec en moyenne un temps d’antenne de 61 minutes. Cinq des sept meetings de François Fillon sur la même période ont aussi été diffusés par la chaîne du groupe NextRadioTV. Mais loin des 61 minutes accordées à Emmanuel Macron, il n’a eu droit qu’à 26 minutes en moyenne par meeting. Jean-Luc Mélenchon a pour sa part été gratifié de deux retransmissions pour cinq meetings, avec un moyenne de 22 minutes. À en croire les calculs de Marianne, la campagne du socialiste Benoît Hamon n’intéresse pas beaucoup BFMTV. Ses rassemblements ayant réuni au moins 1 000 personnes ont eu droit à neuf minutes sur les antennes du canal 15 de la TNT.
Quant au cas de Marine Le Pen, il serait « plus difficile à lire » selon Marianne. La présidente du Front national (FN) n’a en effet organisé qu’un seul grand meeting ces quatre derniers mois. C’était à Lyon, le 5 février. Le site web de l’hebdomadaire l’assure : la patronne du FN est loin d’être lésée « puisque son unique grand meeting a été relayé pendant 258 minutes à la télévision ».
BFMTV réfute les calculs de Marianne
Les équipes web de Marianne ont noté un autre fait censé démontrer la bienveillance de BFMTV à l’égard d’Emmanuel Macron. Un jour avant Marine Le Pen, la capitale des Gaules était le théâtre d’un grand meeting de l’ex-boss de Bercy. Si le discours d’Emmanuel Macron, d’une durée d’1h47, a été retransmis par l’ensemble des chaînes d’information en continu, BFMTV a offert une couverture XXL de l’événement : prise d’antenne à 14h47 avec débat en plateau pour terminer sur le sujet à 18h54. Cela représente plus de quatre heures d’antenne.
BFMTV a contesté les analyses de Marianne. D’après Hervé Béroud, son directeur général, les calculs ne seraient « pas honnêtes ». Il assure qu’ils mélangent « les candidats partis en campagne très tôt, comme Emmanuel Macron » et ses adversaires.
Reste que les observateurs qui accusent les médias, notamment ceux contrôlés en partie par Patrick Drahi, de soutenir l’ex-ministre de l’Économie devraient s’appuyer sur le travail de Marianne afin de conforter leurs certitudes. Comme le note l’hebdomadaire, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron est la seule à avoir dans ses rangs un conseiller spécial qui a officié en tant que cadre chez Altice Média, propriété du milliardaire israélo-français. Il s’agit de Bernard Mourad, 41 ans et ex-responsable du développement d’Altice Média International.