Après le « Trafalgar » subi au Mali, au Burkina Faso et au Niger, le président Macron est désormais menacé d’un nouveau « Fachoda » par nos « bons, solides et historiques alliés-amis » américains. Ces derniers viennent en effet de lui infliger un colossal camouflet en s’opposant de fait à une intervention de la CEDEAO au Niger, et en ouvrant un dialogue direct avec la junte. La raison en est triple :
1) Ne pas risquer de perdre la base stratégique d’Agadès d’où toute la région est sous surveillance américaine.
2) Éviter la venue de Wagner.
3) Ne pas être mêlé à une décision interventionniste qui ferait dévier sur les États-Unis le cyclone anti-français qui s’abat actuellement sur l’Afrique.
Voilà pourquoi, le 6 août dernier, Victoria Nuland, secrétaire d’État adjoint américain, a tenu à Niamey une longue réunion avec la junte militaire avec laquelle Paris refuse tout contact, adressant ainsi un soufflet supplémentaire à Emmanuel Macron toujours arc-bouté sur des postures idéologico-démocratiques et sur un interventionnisme hors-sol.
La « cerise sur le gâteau » serait maintenant que l’armée française soit contrainte de plier bagage et que les forces américaines soient au contraire autorisées à demeurer dans le pays… Un moderne « Fachoda » en quelque sorte…
La lourde et historique défaite diplomatique de la France était pourtant prévisible. Mais, pour l’éviter, encore eût-il fallu, comme je le montre dans mon livre Histoire du Sahel des origines à nos jours, prendre en compte le réel, à savoir la longue histoire régionale, celle de ses peuples et du milieu sur lequel ont prospéré leurs sociétés.
Au lieu de cela, et tout au contraire, biberonnés à l’ « air du temps », les petits marquis qui ont la prétention de définir la politique africaine de la France, ont affiché leur morgue, leur suffisance, leur idéologie… et en définitive leur insondable nullité…