Nous sommes sur RTL, mardi 10 avril 2018, chez Yves Calvi. Avec un art consommé de la dramaturgie surjouée, la présidente du FN envoie un signal lourd vers la communauté de lumière sioniste en criant son indignation devant le choix d’Edwy Plenel comme co-intervieweur du président de la République le dimanche 15 avril 2018.
Des âmes charitables avaient en effet exhumé le passage d’un article dans lequel « Krasny » – nom de code du trotskiste Plenel – soutenait l’action des Palestiniens lors de l’attentat des JO de Munich en 1972. L’occasion pour Marine Le Pen de se replacer dans la course pour 2022, en espérant que son indignation sera prise en compte lors du choix des candidats par le pouvoir profond.
« Il réitérerait ces propos aujourd’hui, il serait traîné devant le tribunal correctionnel, et à juste titre ! »
Oui, sauf que la rétroactivité ne fonctionne pas en matière de justice. Et que les écrits d’il y a 45 ans ne peuvent pas donner lieu à un procès en « incitation au terrorisme ». Edwy Plenel est dans le viseur du lobby depuis son accrochage avec Riss, le dessinateur qui a hérité de la maison Charlie et de son trésor.
Tout ce qui critique ou s’oppose à Charlie peut être considéré comme pro-islamiste, et donc pro-terroriste. Si Mediapart et son fondateur Plenel n’ont jamais épargné le FN, son ancien président et sa présidente actuelle, notamment via la « journaliste » Marine Turchi, le titre de presse en ligne a toujours refusé de céder aux trompettes sionistes de l’islamophobie. Il en faut alors peu pour ranger Plenel et ses journalistes dans le camp des assassins.
Marine Le Pen et le FN ont choisi le camp islamophobe, le camp Charlie, le camp atlanto-sioniste déjà incarné par l’israélo-barcelonais Valls et la droite identitaire raciste : pas sûr qu’il y ait encore de la place dans les gradins. Et pas sûr que ce choix soit gagnant électoralement.
D’ailleurs, la moitié du temps de parole de Marine Le Pen sera consacrée à Plenel, autant de perdu sur la situation sociale et la SNCF. Même si elle en parle ensuite, cela prouve bien l’ordre des priorités pour le nouveau FN, le Rassemblement national. Il ne se fera pas sur le principe social, ce qui est la préoccupation numéro un des Français – sauf un jour d’attaque terroriste... – mais sur le principe identitaire.
La diatribe anti-Plenel de la présidente du FN commence à 3’40 et se termine à 5’38. C’est alors que Calvi, très discret jusque-là, envoie la petite question qui tue :
« Quel lien faites-vous entre les terroristes islamistes et Edwy Plenel ? Excusez-moi mais euh... »
Réponse gênée :
« Bon, je recommence, pour ceux qui n’ont pas compris ou qui ne connaissent pas ce qui s’est passé. »