De tribunes en lettres ouvertes, les tenants de "l’élève au centre," pourtant responsables de la faillite actuelle, interpellent la ministre. Halte au feu !
Lettres ouvertes, tribunes et déclarations se suivent et se ressemblent : les pédagogistes, qui ont fait de l’École de la République ce qu’elle est aujourd’hui, pressent Vallaud-Belkacem de continuer un combat douteux. Mais qui sont-ils ? Revue de détail des ennemis de l’École de la République.
Il a suffi que Najat Vallaud-Belkacem, dans la foulée des événements sanglants de janvier, semble marquer le pas des réformes peillonesques pour que les spécialistes auto-promus de la pédagogie, outrés, reconstituent leur groupe de pression. Il a suffi qu’elle parle de laïcité et d’autorité pour que le Camp du Bien s’insurge. Il a suffi qu’elle renonce à remplacer les notes par des pastilles de couleur pour que les pédagogues les plus faisandés, les syndicats les plus compromis, les fédérations de parents d’élèves les plus réactionnaires protestent. Tous aux abris !
Le désastre du collège unique
"Il est urgent, disent les pédagos, de réformer en profondeur le collège" : oui-da ! Le collège, empêtré depuis dix ans dans les exigences peu exigeantes du "socle commun", est aujourd’hui à bout de souffle. On a tellement descendu le seuil que les 17 % (chiffre officiel) d’entrants en sixième qui ne maîtrisent pas, comme on dit poliment, ni la lecture ni l’écriture sortent quatre ans plus tard de troisième dans le même état de décomposition : le collège unique tel que l’ont imposé jadis à Giscard d’Estaing les théoriciens du pédagogisme abîme chaque année des centaines de milliers de gosses.
On a voulu remplacer un enseignement vertical, où le maître transmet des connaissances fondamentales, par un enseignement transversal, où les mômes (on dit "les apprenants", chez ces gens-là, je crois qu’au fond, sous prétexte d’éviter le paternalisme, ils n’aiment pas les enfants, sinon pour étayer leurs carrières) sont invités à parler de tout et de rien. Résultat, c’est dans les collèges qu’il y a eu le plus d’incidents lors de la minute de silence imposée pour Charlie. On a cru bon de donner la parole à ceux qui n’avaient pas encore les moyens de s’en servir : on en récolte aujourd’hui les fruits pourris, le communautarisme, les certitudes erronées, le relativisme généralisé et la contestation des faits les plus avérés - "c’est votre avis, c’est pas l’mien".
Pourtant, les apprentis sorciers, qui, comme les Shadoks, persistent puisque ça ne marche pas, suggèrent sur le mode menaçant de "poursuivre les apprentissages commencés à l’école primaire et d’acquérir le socle commun en s’appuyant sur des démarches pédagogiques actives et coopératives, sur des programmes profondément transformés comprenant des travaux interdisciplinaires et sur une évaluation renouvelée". En une phrase alambiquée, tout y est, la mort des disciplines, la primauté du vocabulaire pédago sur les contenus effectifs, la réunionite programmée, et les pastilles vertes.