Notre pointe d’ironie en titre ne doit pas cacher la dure réalité pour les régions concernées : les habitants des Alpes ont besoin de cette économie, mais il semble que pour une triple raison – le manque de neige, les changements d’habitudes vacancières et la crise économique – il faille réorienter un peu les activités de loisirs.
En été, par exemple, il y a désormais plus de VTTistes que de randonneurs. Le cyclotourisme a supplanté la marche. Pourtant, les régions montagneuses françaises sont accueillantes, typiques et pleines de ressources. La montagne, c’est autre chose que la mer, bordel ! On y respire mieux, on y mange mieux, on s’y ressource mieux, on s’y fait moins voler...
Certes, il y a moins de boîtes de nuit, on y drague un peu moins mais il n’y a pas que le sexe dans la vie, il y a aussi le grand air, les paysages magnifiques, l’effort récompensé... Quelqu’un a-t-il déjà trouvé de la spiritualité sur la côte d’Azur ?
Bon.
Dimanche matin, tous les télésièges de France sont restés à l’arrêt après l’annonce, ce samedi 14 mars 2020, par Édouard Philippe de la fermeture jusqu’à nouvel ordre des lieux publics non indispensables à la vie du pays. Quelques semaines avant la fin habituelle de la saison, c’est un nouveau coup dur pour les domaines skiables, qui souffrent déjà d’un enneigement de plus en plus faible et d’un déclin de leur fréquentation.
Les controverses récentes sur le transport de neige par hélicoptère pour pallier l’absence de « l’or blanc » dans une station pyrénéenne ont en effet remis en exergue la fragilité des stations et leur très forte dépendance au ski.
Parallèlement, la traduction citoyenne du résumé pour décideurs issu des derniers travaux du GIEC souligne bien l’accent mis sur les impacts du changement climatique dans les zones de montagne, réaffirmant notamment la vulnérabilité de ces territoires en matière d’enneigement.
Les stations de ski cherchent en premier lieu des solutions pour pallier le manque de neige (canons à neige, principalement…), et pour cause : le poids économique des stations en matière d’emplois locaux mais aussi à l’échelle de la filière touristique (équipementiers des stations, bureau d’étude, etc.) est colossal.
Mais les « canons à neige » ne suffiront pas à chasser un débat récurrent sur le devenir des stations et de l’économie montagnarde qui y est associée. Les évolutions qu’elles connaissent ne s’arrêtent d’ailleurs pas aux transformations climatiques. Les séjours « tout-ski » ont désormais moins la côte, et les touristes souhaitent également profiter d’offres de bien-être, de ressourcement ou d’autres activités ludiques.
La fusion des intercommunalités ainsi que la consécration de leur rôle en matière touristique, conséquences de la loi Notre, ont par ailleurs bouleversé les équilibres territoriaux.
Parfois noyées dans des intercommunalités allant de la plaine à la montagne, les préoccupations particulières des communes peuvent se retrouver à la fois diluées par des considérations plus ordinaires de planification foncière (zones d’activité ou urbanisation résidentielle par exemple), et isolées pour assumer leurs responsabilités en matière de gestion des remontées mécaniques, de sécurité sur les domaines skiables ainsi que leur rôle de chef d’orchestre des aménagements touristiques.
Le ski ne disparaîtra pas partout
Avec le changement climatique, les incertitudes d’enneigement que connaissent les stations s’intensifient et le niveau de vulnérabilité économique augmente.
Face à de telles évolutions, les stations françaises répondent essentiellement par l’amélioration des techniques de damage du domaine skiable et dans la production de neige de culture. En 2015, le taux de couverture en neige de culture des domaines skiables français s’élevait à 32 %.
Verra-t-on la fin du ski dès 2050 ? Le temps du développement intensif des stations de sports d’hiver est aujourd’hui révolu, maintenant place stations dites « en site vierge », comme La Plagne, les Arcs ou Tignes -> https://t.co/cQFclquVXq
@FR_Conversation @irstea pic.twitter.com/NEZYJDR5UV— Forum Météo Climat (@Forumeteoclimat) April 1, 2019
Ayant fait d’autres choix technologiques et organisationnels, les stations autrichiennes peuvent en moyenne couvrir potentiellement 66 % de leur domaine skiable et ce taux peut monter jusqu’à près de 100 % dans certaines régions italiennes. Il avoisine les 40 % aujourd’hui dans le massif des Alpes.
D’ici à 2050, la neige de culture pourra ainsi compenser globalement le manque de neige naturelle. Cette perspective positive ne doit cependant pas occulter la diversité des situations (topographie, climat), ainsi que les grandes disparités de situations quant à la disponibilité de la ressource en eau, en coûts énergétiques et encore plus en capacités financières des stations et des communes concernées pour assurer l’investissement et le fonctionnement de ces équipements en neige de culture. Dès lors, d’autres voies d’adaptation doivent être imaginées.
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