À l’occasion de la sortie du film blockbuster sobrement intitulé Dunkerque, nous revenons sur ce (déjà) premier tournant de la Seconde Guerre mondiale. Le débat est ouvert : pourquoi Hitler, alors qu’une victoire totale à l’Ouest lui tend les bras, ordonne-t-il à son futur maréchal, le général von Rundstedt, d’arrêter la progression de ses chars ?
La pointe de l’armée allemande se trouve en effet à 20 km de la ville, où s’entassent 340 000 soldats, dont 123 000 français, et 35 000 seront capturés par la Wehrmacht. Or les Anglais vont bénéficier non pas d’une erreur stratégique d’Hitler mais, d’une opportunité politique : le remplacement du piètre Chamberlain par le dur Churchill.
L’offensive allemande débute le 10 mai, mais quatre jours auparavant, Göring transmet via un canal non officiel une offre de paix aux Britanniques. Hitler avait sans doute besoin de la fin des hostilités à l’Ouest pour entamer sa grande offensive à l’Est, qui prendra le retard que l’on sait.
À l’époque, en mai 1940, il croit encore à une paix possible avec les Anglais. La nasse de Dunkerque, renfermant le gros de l’armée anglaise, représente alors un moyen de pression pour le chancelier.
Aujourd’hui, les historiens et les passionnés d’histoire se déchirent sur ces 10 jours qui ont peut-être changé la face de la Guerre : savoir si Hitler a donné son Haltbefehl (ordre d’arrêt) du 24 mai à ses troupes pour des raisons tactiques (le trop grand étirement de son offensive suite à la percée inespérée de ses chars) ou diplomatiques (l’espoir d’une paix avec les Britanniques). Il est possible aussi que toutes ces considérations aient joué en même temps sur la décision du Führer. Ce qu’on appelle aujourd’hui la logique plurifactorielle.
La bataille de Dunkerque ne sera pas un sauvetage facile : 18 000 soldats anglais et français y laisseront leur vie, tandis que les Allemands perdront 20 000 hommes, morts et blessés.
Ceux qui veulent aller au fond du débat peuvent le faire sur le site de ces passionnés, où la discussion est par moment véritablement pointue et sourcée.
Plus simple sera le film de Nolan, qui ne va pas aussi loin dans l’analyse de la décision allemande. Malgré les bombardements des Stukas, 90% des soldats cernés dans la poche de Dunkerque réussiront à passer en Angleterre, le pays de Winston Churchill ayant mobilisé tout ce qui flotte pour arracher près d’un demi-million de prisonniers potentiels à l’ennemi et tout ce qui vole pour conserver la maîtrise des airs au-dessus de la Manche (ou de la mer du Nord).
"Dunkerque" de Nolan, un tournage et des chiffres hors norme pic.twitter.com/RimIOfIDxN
— BFMTV (@BFMTV) 16 juillet 2017
Il y a 53 ans, en 1964, sur un scénario inspiré par un livre de Robert Merle, sortait Week-end à Zuydcoote d’Henri Verneuil, avec Belmondo dans le rôle principal et une pléiade d’acteurs français. L’ancêtre de Dunkerque, plus proche du soldat de base.