On peut mettre ça dans la rubrique Bug dans la Matrice. Car Mathieu Kassovitz, s’il a commis quelques écarts mal-pensants (notamment sur le 11 Septembre), appartient à la matrice bien-pensante.

C’est un people, un « fils de », un antiraciste, un anti-fachos, bref, il coche pas mal de cases mainstream. Cependant, il lui arrive de déraper agréablement. Le tout donne une personnalité complexe, on pourrait dire fracturée, ou fracassée, mais c’est comme ça.
Récemment, il a hérissé le poil de Libé, le quotidien woke de la France des centres urbains, disons d’Île-de-France, parce qu’au-delà, ça ne se vend pas.

Qu’a donc encore sorti Kasso pour mériter les foudres du canard de Dov Alfon, ex-Mossad ?

Inter : Mathieu Kassovitz, vous êtes écolo, vous ?

Kasso : Ça veut dire quoi, ça ?

Inter : Je sais pas, est-ce que dans votre quotidien vous faites attention ou est-ce que ?

Kasso : Non, je conduis une voiture, je prends des avions, je respire. Non, je suis pas écolo.

Inter : Vous êtes pas écolo, vous l’assumez ?

Kasso : Ben, quelqu’un est écolo ici ?

Inter : Non. Mais personne ne l’avait formulé aussi clairement que vous. Jamais, dans cette émission d’hypocrites.

Kasso : Mais moi j’ai une approche différente sur la pollution

Inter : Quelle est votre approche ?

Kasso : Je pense que la pollution n’existe pas.

Inter : Vous pensez que la pollution n’existe pas ? Vous allez vous faire des ennemis.

Kasso : Je sais mais je pense que nous sommes en fait la vraie pollution, on part dans la science mais je sais pas dans quoi je m’engage là, d’ailleurs, mais je pense qu’il n’y a pas de pollution. La pollution est en fait le résultat de l’activité humaine, mais nous ne travaillons qu’avec les outils de la Terre, faire du plastique se fait avec les outils de la Terre.

Inter : Ah, vous voulez dire que les particules fines ça reste quelque chose de naturel.

Kasso : Il n’y a rien qui vient d’un autre monde, la pollution que nous créons, c’est notre pollution, la Terre va l’assimiler dans problème.

Inter : Mais peut-être pas nous.

Kasso : Pas nous.

Inter : Ah, oui. Mais ça peu importe si nous on crève.

Kasso : Mais ça c’est pas un problème.

Inter : C’est pas un problème, ça c’est un discours qui s’entend.

[…]

Kasso : J’ai rencontré des mecs qui ont des fermes, dans les cités, et qui sont très concernés par la bonne bouffe, par le bien-vivre dans les quartiers et qui essayent de changer un peu la façon dont les gens pensent qu’ils sont obligés de vivre, quoi.

Inter : Donc l’émancipation par la nature et l’écologie, pourquoi pas.

Kasso : Moi je suis dans la nature absolument, je suis absolument pas écolo par ce que je vis, malheureusement, et je pense que nous sommes les victimes de notre propre pollution. En fait, il n’y a pas de mystère, c’est pas quelque chose qui vient de l’extérieur, c’est notre propre production. Nous sommes les pollueurs, nous sommes polluants, par notre simple fait d’être là nous polluons, donc moi je suis pas contre la pollution […] parce qu’on peut pas éviter de polluer. On va vivre de plus en plus longtemps, on va être de plus en plus nombreux sur cette planète, on est obligés de polluer, il faut juste apprendre à vivre avec cette pollution.

Eh bien figurez-vous que l’Arcom a été saisie par une assoce d’éco-dingos, qui se considère comme « furieuse », juste parce que Mathieu a dit ce qu’il pense, sans avoir blessé ni pollué personne. « Nous saisissons l’Arcom », crie QuotaClimat, qui se prend pour la Cour suprême.
Décidément, avec des écolos pareils, on en vient presque à comprendre les industriels pollueurs !

En attendant l’exécution en place publique de l’impudent, la station publique s’est dégagée de toute responsabilité du crime et se lave les mains à la Pilate.

Du côté de France Inter, on estime qu’il « ne faudrait pas laisser penser que l’écologie ou le climat sont des sujets pris à la légère à l’antenne ». « Nous sommes l’un des médias où ces thématiques sont le plus abordées, notamment à travers nos émissions comme La Terre au carré diffusée tous les jours, CO2 mon amour le dimanche ou encore Planète verte tous les vendredis », explique la radio. Et de poursuivre : « Matthieu Noël n’est pas dans l’approbation des propos de Mathieu Kassovitz, on l’entend à son ton étonné. » Enfin, le média souligne qu’une journée spéciale sur la pollution de l’air est cours de préparation, justement pour donner des réponses sur le sujet à l’antenne.

En tout cas, bravo à GrotaClimat pour nous dire quoi penser. On a retenu la leçon : la pollution, c’est mal. Et on dirige cette officine de délation vers les pages d’un grand scientifique français – un certain Laborit – qui, dans les années 70, quand on lui a posé la question de la pollution de la planète (c’était alors à la mode) et de l’avenir de l’homme, a simplement répondu, en substance : « Les poumons muteront ». Du Kasso avant l’heure !