Dans un recours devant le Conseil d’État, des sinistrés dénoncent, avec le soutien de plusieurs associations, les « manquements en matière d’adaptation et de protection des populations ».
« L’État n’a pas anticipé cette sécheresse, il n’a pas pris ses dispositions ». Racha Mousdikoudine se souvient de la situation désastreuse à Mayotte en 2023. Face au changement climatique et à ses conséquences dévastatrices sur le territoire français, la Mahoraise et une poignée d’autres citoyens, soutenus par des associations (Oxfam, Notre Affaire à tous, Greenpeace...), déposent un recours devant le Conseil d’État, mardi 8 avril, pour dénoncer les « manquements en matière d’adaptation et de protection des populations ».
Ce recours collectif porté devant le Conseil d’État a vocation à dénoncer les effets du changement climatique sur les citoyens. La présidente de l’association Mayotte a soif témoigne tout particulièrement de la crise de l’eau qui a frappé l’archipel de l’océan Indien, après une sécheresse sans précédent. « Avec ma famille, nous n’avions déjà pas d’eau du robinet depuis 2016 », raconte-t-elle à franceinfo. La sécheresse de l’été 2023 a « aggravé » la situation. Racha Mousdikoudine explique qu’elle n’avait alors « pas assez d’eau pour se brosser les dents, doucher ses enfants ou faire son linge ».
« Je me sens piégé »
Dans sa ferme de l’Essonne, avec sa femme, Florent Sebban « fait des fruits, des légumes et des plantes aromatiques » depuis quatorze ans. Mais « on subit de plus en plus de pertes et on observe bien pire chez nos voisins », raconte-t-il à franceinfo. La hausse des températures, en tout début d’année, a par exemple fait fleurir ses arbres fruitiers trop tôt. Deux ans plus tôt, c’est un grand coup de froid tardif qui avait ruiné sa production.
« En 2023, on a eu un gros gel dans la nuit du 4 au 5 avril, qui a conduit à ce qu’on n’ait plus aucune poire, très peu de pommes et 50 % de prunes en moins. En une nuit, les fleurs étaient cramées. »
Florent Sebban, agriculteur dans l’Essonne
Plus au sud, à Lyon, Salim Poussin se mobilise après des années à vivre dans des bouilloires thermiques, ces logements pas ou peu isolés qui surchauffent en été. « J’ai vécu dans un appartement sans volet, où le soleil entrait le matin et s’installait jusqu’au soir. Pendant les grandes vagues de chaleur, c’était très difficile de rester à la maison », raconte-t-il, assurant que la température dépassait régulièrement les 30°C à l’intérieur.
[...]
Le Plan national d’adaptation pointé du doigt
Cette action rappelle l’« Affaire du siècle », qui a fait condamner l’État deux fois en 2021 : en février, quand le tribunal administratif de Paris a jugé l’État responsable de manquements à ses engagements et du « préjudice écologique » qui en découlait, puis en octobre, date à laquelle l’État a été sommé de réparer le préjudice causé par le non-respect de ses engagements pour le climat.
[...]
« L’État a une obligation générale d’adaptation au changement climatique, une obligation de protéger ses citoyens de ses conséquences, découlant notamment de la Charte de l’environnement, la Convention européenne des droits de l’homme et la loi européenne sur le climat », cite Cléo Moreno, coordinatrice juridique de cette action devant le Conseil d’État.
Lire l’article entier sur francetvinfo.fr