De ce flux ininterrompu d’informations qui inonde nos cerveaux, même malgré nous, gobé passivement par un bon peuple qui fait encore beaucoup trop confiance aux paroles d’autorité – médias et politiques –, que doit-on croire ou ne pas croire ? Alors qu’en 2005 c’est 90 % des institutionnels qui soutenaient le TCE, 55 % des Français le rejetèrent. Aujourd’hui c’est 90 % des responsables médiatiques ou politiques qui abominent Poutine et sa politique défensive contre les agressions répétées de l’OTAN, mais combien de Français avalent ce narratif que l’on nous fait rentrer dans la tête à coup de marteau, ou plutôt de masse !
Les sondages étant eux-mêmes totalement suspects d’impartialité et même, pire, d’ingénierie sociale délibérée (comme le très vicieux nudge consistant à inciter un individu à agir d’une certaine manière, mais sans jamais chercher à le contraindre), ils ne nous sont d’aucune aide pour sonder le réel.
Mais le réel qui nous entoure est lui-même victime de biais importants. En amitié par exemple, nous agrégeons des connaissances qui généralement ont des visions du monde assez proches des nôtres.
Notre famille, dont nous sommes issus et qui a souvent façonné en partie nos idées actuelles, peuvent présenter certaines mêmes positions idéologiques générales que les nôtres.
Le travail semble présenter une concentration plus objective de personnalités diverses, mais celui-ci réunit souvent des classes sociales proches (employés de bureau autour de la machine à café, ouvriers autour d’un sandwich sur les chantiers, etc.).
Les activités associatives ou sportives ne sont pas totalement dépourvues de biais non plus (club de philatélie versus association de migrants, tennis et équitation versus football et judo, etc.).
Quant aux réseaux sociaux et l’Internet en général, ils fonctionnent en bulles desquelles on sort peu, d’une part parce que les algorithmes ne nous y incitent pas, mais aussi en grande partie parce qu’on ne le souhaite pas. Tel ou tel sondage Internet n’a donc pas grande valeur, mais si l’échantillon est important et le public pas trop militant, cela peut donner une indication :
Les sondages d’un grand journal ou d’une radio nationale peuvent aussi donner une légère tendance si à la fois l’échantillon est grand et les résultats vraiment marqués :
Quand 84% des répondants disent ne pas vouloir la réélection de Macron, le sondage est subitement supprimé par RTL !
On se demande bien pourquoi #StopCensure pic.twitter.com/9WJ2iWHB1f— Florian Philippot (@f_philippot) March 4, 2022
Encore un sondage qui va mystérieusement disparaître.#censure #STOPcensure pic.twitter.com/dsVp4EJOdH
— Bastien Tell (@bastien_tell) March 4, 2022
Que reste-t-il donc alors pour juger exactement de ce que pensent les populations ? Probablement les élections nationales (en supposant qu’elles soient encore à peu près fiables), mais aussi le marché : quelles sont les dépenses des Français, quels produits achètent-ils, quelles destinations de voyages, quelles émissions regardent-ils, quels livres lisent-ils, etc. ? L’acte d’achat implique, d’autant plus que le prix est élevé, et il ment peu.
Dans un autre domaine, un youtubeur s’est essayé au port ostensible du drapeau russe, en pleine ville de Bordeaux. Le résultat sur les passants, bien qu’aucunement significatif, n’est pas totalement inintéressant :
Il y a aussi les manifestations et les mobilisations qu’elles entraînent. Mais cela ne veut pas dire grand chose, c’est d’ailleurs particulièrement évident pour les manifestations actuelles de soutien à l’Ukraine qui rassemblent des centaines de milliers de personnes dans le monde. On trouvera toujours beaucoup de gens pour la paix et contre la faim sur Terre. Mais imagine-t-on une manifestation pro-Poutine ? Les majorités sont souvent silencieuses et les minorités bruyantes – car autorisées à l’être.
Le test du Salon de l’agriculture
Peut-être reste-t-il alors le bon vieil applaudimètre ? Rigolo, mais d’une fiabilité relativement nulle, celui-ci peut devenir un indicateur dans certains cas. Et nous nous sommes pliés à ce petit jeu en visionnant les nombreuses heures des différents candidats à la présidentielle au salon de l’agriculture. Voici notre résultat, en attendant vos commentaires !
Marine Le Pen : vainqueur à l’applaudimètre, au selfiemètre et à l’affectivomètre.
Éric Zemmour : assez bien classé au selfiemètre, quelques « Zemmour président » qui émaillent les 3h29 de déplacement mais avec quelques doutes sur leur sincérité (ne sont-ce pas des jeunes de la Génération Z ?).
Jean Lassalle : affectivomètre maximal, sincérité et jovialité, pas mal de grignotage et beaucoup d’alcool. On aime ! (la vidéo est courte, nous en conseillons le visionnage jusqu’à la danse finale)
Valérie Pécresse : la pauvre Valérie semble s’être perdue entre tous ces paysans et autres ploucs.
François Hollande : quelques personnes serrent la main de l’ancien président, mais sans conviction, par curiosité presque. Quelques selfies aussi, parce que, quand même, c’est l’ancien président.
Yannick Jadot : accompagné par quelques clampins, visite de quelques stands, aucune ferveur, pas de selfie, une visite aussi ennuyeuse qu’un menu vegan.
Anne Hidalgo : toujours aussi ridicule, des interventions souvent malvenues ou a minima sans intérêt. On ne tirera pas sur l’ambulance. À noter, à 11’50 le selfie avec la bobo-vegan du salon (et à 38’15 avec l’une de ses rares électrices).
Fabien Roussel : déambule un peu comme un inconnu, mais au moins boit des coups.
Jean Castex : le seul à porter ostensiblement un immense masque (qu’il enlève dehors et remet à l’intérieur, en bon soldat stupide alors qu’il est entouré d’une même masse de gens), le pauvre ministre ne suscite d’enthousiasme béat que par sa fonction.
Visionner 12h30 d’images et revoir 6 ou 7 fois chaque stand du Salon de l’agriculture n’est pas une sinécure ! Aidez la Rédaction E&R dans ces tâches ingrates, nous avons besoin de vous pour continuer à vous informer : Financement associatif. Chaque petit don, même modeste, compte. Merci !