À l’occasion de la seconde visite du président Emmanuel Macron en Chine, où il doit rencontrer Xi Jinping, Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’IRIS et spécialiste de la Chine, répond au quotidien 20 Minutes.
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Comment la France est-elle aujourd’hui perçue par la Chine ?
[…] Aux yeux des Chinois la France est un pays comme les autres. Pour les Chinois, hors du « romantisme », et de quelques aspects industriels comme les Airbus, la France est placée très loin sur la carte. Elle est vue comme un petit État européen, loin derrière l’Allemagne et l’Angleterre.
À l’inverse, Emmanuel Macron a besoin de se présenter comme un grand président. Il se met en avant, il se met en scène. Toute la communication présidentielle lors de la visite va être axée sur le fait qu’il parle d’égal à égal aux plus grands dirigeants mondiaux.
Économiquement, que pèse la France face à la Chine ?
Aujourd’hui, la Chine représente le principal déficit commercial de la France – près de 30 milliards d’euros. C’est un fournisseur de matériaux à très bas prix, ce qui permet de contenir l’inflation dans les pays européens. […]
Du côté des importations, elle importe surtout des Airbus, et pas à n’importe quelles conditions. D’ailleurs, c’est assez drôle de voir la France et l’Allemagne revendiquer les ventes d’Airbus pour leur propre compte chaque fois que l’un d’eux vient en Chine. Il s’agit pourtant des mêmes avions !
Concernant la crise à Hong-Kong, Emmanuel Macron a promis d’en faire « un sujet de discussion très franc et très sincère ». Cela peut-il conduire à une crispation côté chinois, pour qui il s’agit d’un problème intérieur ?
Tout va se passer comme d’habitude. À l’issue de la rencontre avec le président chinois, vous aurez un communiqué qui dira que le problème a été évoqué. Mais en réalité, le sujet ne sera pas abordé. La France dira ce que la Chine l’autorise à dire dans son communiqué, comme sur le sujet des droits de l’homme.
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