Inutile de présenter Jacques Attali, le bon vieux mage national qui tire les cartes et qui aboutit toujours aux mêmes pronostics : la guerre mondiale pour les goyim qui ont péché par antisémitisme, et le gouvernement mondial à Jésuralem. Sa prédiction semble toutefois mal barrée : l’arrivée du messie des likoudistes n’est pas pour demain, vu qu’il est déjà arrivé il y a 2 000 ans et qu’il a réussi le tour de force d’être universel, c’est-à-dire anti-communautaire.
Dans cette courte vidéo, probablement réalisée dans l’hôtel particulier où il reçoit le gratin de la culture et de la politique chaque dimanche, Jako tente de récupérer le concept d’inversion accusatoire, qui fait tant de mal à son camp. En effet, et en deux mots, le pouvoir de Tel-Aviv, notamment depuis le 7 Octobre, joue à la victime alors qu’il est indéniablement bourreau, et bourreau de tout un peuple. Il faut être idiot ou malhonnête pour ne pas le voir. Il y a même des idiots malhonnêtes, mais ne nous écartons pas du sujet.
À la demande du crif. https://t.co/8tzeX8wcmf
— Rima Hassan (@RimaHas) May 22, 2024
Rima répondait au discours à la fois diplomatiquement idiot et moralement malhonnête de notre immense diplomate :
« Ces demandes simultanées de mandats d’arrêt ne doivent pas créer d’équivalence entre le Hamas et Israël. D’un côté vous avez un groupe terroriste qui s’est félicité des attentats du 7 Octobre, qui les a revendiqués, et de l’autre côté vous avez un État démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international. »
Face aux instrumentalisations partisanes de l’action de la Cour pénale internationale, j’ai rappelé nos principes :
Respect de l’indépendance de la justice internationale ;
Aucune équivalence possible entre le Hamas, un groupe terroriste, et Israël, un état démocratique. pic.twitter.com/iuIIRoI5JH— Stéphane Séjourné (@steph_sejourne) May 21, 2024
L’inversion accusatoire, ce sont donc les Israéliens qui répondent à une attaque de la résistance armée palestinienne (le Hamas) par un génocide, multipliant les 7 Octobre par 230, et qui veulent qu’on les plaigne. On peut appeler les assaillants du 7 Octobre terroristes ou pas terroristes, ça ne change rien à l’affaire.
On peut aussi appeler terroriste la politique israélienne depuis le début de la colonisation, puisqu’elle viole en permanence le droit international en assassinant des leaders politiques de la résistance palestinienne et en persécutant tout un peuple sur sa terre.
Nantis de ces précisions, écoutons Jacquadit.
« Une des 80 formules de rhétorique usuellement répertoriées, et très importante aujourd’hui, en particulier, c’est ce qu’on appelle l’inversion accusatoire. C’est celle qui consiste, pour essayer d’annuler une accusation, de faire porter à la victime le statut de bourreau. C’est de dire à un peuple qui a été victime de génocide qu’il est lui-même génocidaire. »
"L'agresseur hurle qu'on l'égorge ! Le truc est vieux comme Moïse... il fonctionne toujours..."
LFC— Arthur Sapaudia (@ArthurSapaudia) May 22, 2024
Tout le monde voit évidemment où Jacquadit veut en venir. C’est lourd comme un cheval mort, mais du haut de sa grande intelligence mise au service du mal israéliste, le conseiller des princes peut dire ce qu’il veut. La presse aux ordres ne mouftera pas : elle a trop peur d’être accusée d’apologie de crime de lèse-majesté.
La manipulation de l’inversion accusatoire est la dernière arme conceptuelle des sionistes dans les cordes : tout le monde voit le mensonge, gros comme une montagne de morts à Gaza, mais les menteurs s’enferment dans leur mensonge à double tour.
De la même façon, on peut souligner le retournement du concept de bouc émissaire : parfois, un criminel, logiquement rejeté par la communauté humaine, crie au bouc émissaire. Or, par définition, le bouc émissaire est innocent. Là encore, on a une spoliation du statut de victime.
La population israélienne est aveuglée par sa haine des Palestiniens et par une intense propagande médiatico-politique anti-arabe. Menachem Klein, professeur de sciences politiques en Israël, ici interrogé par Mediapart, décrit un enfermement mental à l’origine du rejet de l’accusation de la CPI.
Quel effet a eu l’annonce de la requête de Karim Khan ?
La société israélienne n’a pas compris et ne pouvait pas comprendre. Il y a eu deux réactions. La première, qui est presque une réaction pavlovienne, automatique, a été d’affirmer : « Ils sont antisémites, ils nous détestent », et ainsi de suite. L’autre réaction, combinée à l’argument de l’antisémitisme, est la suivante : « Nous n’avons rien fait de mal ! Nous nous sommes simplement défendus. C’est nous qui avons été attaqués. C’est une honte qu’ils nous mettent sur la même page que les terroristes du Hamas. » Il y a une incapacité à comprendre le point de vue de l’extérieur, le point de vue de l’ensemble du monde occidental. La société israélienne ne comprend pas comment Israël est perçu à l’extérieur. C’est notamment dû à la machine de propagande et de désinformation : les médias israéliens n’ont informé le public israélien que de manière très limitée sur ce qu’Israël fait réellement dans la bande de Gaza.
La société et les dirigeants israéliens vivent toujours le 7 octobre, et cela, en effet, explique en partie le rejet de la requête de Karim Khan. Tous les discours portent sur ce qui nous est arrivé le 7 octobre. Y compris le slogan à propos des otages : « Ramenez-les à la maison maintenant ». À l’exception d’un petit groupe de personnes à l’esprit critique, qui suit les médias internationaux, les Israéliens sont totalement aveugles à ce qui se passe à Gaza. Ils ne sont pas intéressés. Ils sont enfermés dans leur propre traumatisme. Ils n’ont pas l’esprit critique. La propagande de l’armée et celle du gouvernement font de leur mieux pour maintenir les Israéliens enfermés dans le 7 octobre. La guerre est toujours perçue comme une revanche. Le 7 octobre justifie tout. Il n’y a pas de discussion publique sérieuse sur la guerre.
Attali, qui n’ignore pas la réalité du massacre, est un aveugle volontaire, donc doublement coupable.