Ruffin, de « je vote Macron » en 2017 à « battons Macron » en 2022
Ruffin est le député sortant de cette circo de la Somme. Il a déjà trahi les ouvriers et les pauvres en avril 2017, en demandant à ses fidèles de voter pour le petit prince de la Banque, Emmanuel Macron, qui a fait plus de mal à la France que tous les Le Pen réunis. Mais chez les gauchos, on n’en est pas à une contradiction près.
On écoute son slogan de campagne législative :
« Battons Macron, partageons le pognon ! »
Huit candidats se présentent face au député sortant de la France insoumise, François Ruffin. Ils tentent de répondre aux préoccupations de la population sur l’inflation et ses conséquences au quotidien.
« Vous voulez bien compter avec moi ? 1, 2, 3. Et voilà, pendant ces trois secondes, Jeff Bezos a gagné 10 000 euros », lance François Ruffin, mardi 31 mai, lors d’un porte-à-porte à Condé-Folie (Somme). « Et vous, pendant ce temps, votre pouvoir d’achat, il va subir 1, 2 ou 3 % d’inflation », ajoute le député de La France insoumise (LFI) en campagne pour les élections législatives des 12 et 19 juin.
Angélique, employée dans une jardinerie, acquiesce derrière la grille de son jardin pavillonnaire en écoutant la proposition du candidat : indexer les salaires, les pensions et les minima sociaux sur l’inflation. « En ce moment, tout augmente, sauf notre salaire », commente la mère de famille.
Dans la première circonscription de la Somme, Marine Le Pen est arrivée en tête à la présidentielle (30 % des voix), devant Emmanuel Macron (28 %) et Jean-Luc Mélenchon (22 %). Les difficultés économiques n’épargnent pas ce territoire, qui s’étend du nord d’Amiens à Abbeville en passant par de nombreuses communes rurales. « On doit faire attention à tout. On est obligés de se restreindre, de s’accorder moins de loisirs », regrette Laetitia, devant son chariot de courses, sur le parking d’une enseigne de hard discount de Flixecourt. « Le pouvoir d’achat, c’est le sujet numéro 1 ici. On regarde ce qu’on mange, on fait gaffe à notre consommation de viande et de poisson », confirme une employée du Café du Centre.
« Moi, j’ai trois enfants. Si j’achète une paire de baskets à l’un, je ne peux pas en payer aux deux autres. »
Une employée du Café du Centre, à Flixecourt
Cette petite ville de 3 000 habitants, où François Ruffin a lancé sa campagne début mai et qui a voté à plus de 44 % pour Marine Le Pen à la présidentielle, reste marquée par le chômage après les multiples fermetures d’usine qui ont touché la région ces dernières années, de Goodyear à Whirlpool en passant par Flodor, ou Amcor. L’inflation qui grippe l’économie française n’arrange pas les choses. (...)
« Le salaire, à peine il arrive, il est déjà bouffé. »
Une fleuriste de Flixecourt
La commerçante juge les aides sociales trop importantes et les charges des indépendants trop élevées. « On ne peut pas embaucher, on ne se verse même pas un smic », assure-t-elle. (...)
À quelques kilomètres de là, à Ailly-le-Haut-Clocher, la candidate du Rassemblement national (RN), Nathalie Ribeiro-Billet, fait visiter la ferme familiale où elle élève ses poules et entretient quelques ruches. Cette employée de banque se félicite d’avoir organisé sous son hangar un marché de petits producteurs, les vendredis, « pour permettre aux gens de mieux manger, pour retrouver les valeurs de l’ancien temps et pour supprimer les marges de la grande distribution ». « Mais de plus en plus de gens ne s’arrêtent plus aux stands, car ils n’ont pas les moyens », s’inquiète cette mère de famille de 31 ans.
Cette novice en politique fait de son expérience personnelle un argument de campagne.
« J’ai vécu avec un revenu de 500 euros », assure l’élue du conseil régional lors du débat organisé sur France 3. « J’ai aussi rencontré cette pauvreté sur le territoire, on est face à la misère. Je les vois, ces petits vieux qui ne s’arrêtent pas de travailler avant de mourir », confie-t-elle à franceinfo, en déroulant les propositions de Marine Le Pen sur le pouvoir d’achat, entre baisse de la TVA à 5,5 % pour les énergies et suppression des taxes sur une « centaine de produits de première nécessité ». (...)
« Quarante ans de résignation »
Pour autant, certains projets de la majorité présidentielle inquiètent une partie des électeurs, comme la réforme des retraites ou le conditionnement de l’allocation du RSA à des heures hebdomadaires d’activité ou de formation. « Le jour où Macron passe sa réforme, je leur laisse les 400 euros… Je n’irai pas faire des chantiers de réinsertion je ne sais pas où », proteste Éric, ancien routier de 51 ans.
Accoudé au zinc d’un bar d’Abbeville déserté en début de matinée, Éric touche le RSA après plusieurs problèmes de santé successifs. « Pendant plus de dix ans, je travaillais la nuit et je dormais seulement trois heures. Mais un jour, j’ai fait un malaise. J’avais un problème d’oxygène dans le sang », décrit cet électeur du RN en terminant son café. Pour compléter ses 440 euros d’aides sociales, ce passionné de voitures anciennes revend des pièces mécaniques et des objets de collection. Mais avec l’inflation actuelle, il a resserré sa ceinture d’un cran. « J’ai dû augmenter le budget bouffe de 20 euros par semaine. Sans compter le gaz, la taxe foncière… »
« Il faut qu’il n’y ait rien de grave, car au moindre problème, on n’y arrive pas. »
Éric, habitant d’Abbeville
À Condé-Folie, à 30 minutes par la route, François Ruffin tente de mobiliser son électorat au son de « Battons Macron, partageons le pognon ». Il interpelle les habitants : « Votre salaire, il a triplé sous Macron ? Non ? Parce que celui des grandes fortunes, lui, il a triplé ». Avec son langage populaire, le Picard tente ainsi de ramener à gauche les électeurs des classes populaires, dont beaucoup sont acquis au RN. « Je vote pour vous, mais je vote pour l’homme, car vous êtes courageux. D’habitude j’ai tendance à voter de l’autre côté », lance un électeur depuis sa fenêtre.
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