Ce fut l’un des grands absents du procès « Crépuscule », qui s’est achevé le 16 juin et comptait déjà six prévenus officiellement en fuite. Cyril Astruc, considéré comme l’une des têtes pensantes de la fraude à la « taxe carbone », ne s’est jamais présenté devant le tribunal correctionnel chargé de juger l’affaire. Petit prince des escroqueries financières, l’ancien gamin de Mantes-la-Jolie est soupçonné dans ce dossier d’avoir participé au détournement de près de 150 millions d’euros via la société éponyme, qui achetait et vendait des quotas de droit à polluer sans reverser la TVA à l’État.
En moins d’un an, d’avril 2008 à mars 2009, Crépuscule a acquis pour 900 millions d’euros de droits carbone, détournant 146 millions de TVA. Le produit de cette escroquerie au CO2 a ensuite été blanchi grâce à des virements vers des sociétés offshore, notamment à Hong Kong et en Turquie. Une ingénierie financière dans laquelle Astruc aurait joué un rôle-clé, même s’il l’a toujours nié durant les auditions, renvoyant la balle vers un autre prévenu, Grégory Zaoui, surnommé « Bichon ».
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4 X 4 noirs et gros bras
Le deuxième jour du procès, alors que les sept prévenus présents cherchaient du regard celui que l’on surnomme « le maigrichon », il a fait lire une lettre par son avocate Me Frédérique Baulieu. Dans cette missive, le dandy millionnaire de 44 ans informe le tribunal qu’il se fera représenter durant les trois semaines du procès en raison des risques qu’il encourt à se présenter à la barre. En délicatesse avec certains de ses anciens associés, à commencer par le caïd israélien Avi Mulner, Astruc assure que lui et sa famille ont fait l’objet de menaces de mort.
Peu après cette déclaration-surprise, des policiers se sont présentés au domicile parisien occupé par le flamboyant quadra depuis plusieurs mois. Un immense appartement situé en rez-de-chaussée des immeubles Walter, prestigieuse résidence de l’Ouest parisien qui a compté parmi ses co-propriétaires l’animateur Arthur, l’industriel Serge Dassault, le petit fils de Picasso ou encore Catherine Deneuve. Si les voisins l’ont souvent croisé accompagné de ses gardes du corps, les policiers dépêchés sur site ont trouvé porte close.
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Fâché avec la plupart de ses anciens associés, qui l’accusent d’avoir beaucoup parlé pour se ménager la clémence des juges, Astruc a échappé à la prison dans le scandale Crépuscule (ce qui ne l’a pas empêché de faire quinze mois de détention à Fresnes pour une autre affaire), en contrepartie d’une caution de deux millions d’euros. Ses confidences ne semblent pas avoir ému outre mesure les deux procureurs du Parquet national financier : Bruno Nataf et Patrice Amar ont requis contre lui dix ans de prison et un million d’euros.