On s’en fout. Respirer, dormir, regarder, éternuer, manger, déféquer, se gratter, réfléchir, chanter, rire, pleurer, changer de vêtements, critiquer, objecter et contredire, sont des droits supra-constitutionnels : ces activités ne relèvent pas de la jurisprudence ni de la règle de droit, mais du droit naturel sur lequel l’État ne peut légiférer.
Pragmatisme : Impossible de bâillonner un citoyen et d’appliquer à ses droits des restrictions incompatibles avec le fait d’exister. Nul ne peut exister sans pensée ; le monument de la pensée française René Descartes a énoncé cette évidence dans l’apophtegme le plus incontestable de la raison philosophique : cogito, ergo sum.
Attendu qu’il n’y a pas d’humanité sans pensée, pas de pensée sans réflexion, pas de réflexion sans tension dialectique, et pas de tension dialectique qui ne découle sur une opinion, laquelle implique l’existence de versions conflictuelles, il est impossible de légiférer sur la critique, en tant qu’elle est consubstantielle à l’activité cérébrale humaine.
Si Israël ne veut plus être critiquée, 2 options simples s’offrent à elle : cesser d’être critiquable. Devenir imperméable à la critique légitime que son ignominie provoque.
Ce petit député zélé espère t-il aussi interdire un jour la critique culinaire ? Le guide Michelin claque déjà du fessier, à l’idée d’écrire que tout il est bon et qu’on a léché l’assiette dans chaque boui-boui.
Conclusion : La critique étant indissociablement corrélée au mécanisme de la formation des idées et de la parole dans le cerveau humain, il est en pratique impossible de contraindre ou restreindre la critique sans attenter à la nature des transmissions neurologiques.
Cette proposition de loi à la con est anti-cartésienne, donc par essence anti-française : quelle honte qu’elle émane de la représentation nationale française ! Si ce député obtient ce qu’il veut, il faudra déréférencer Le Discours de la méthode de la BNF, débaptiser tous les établissements scolaires et rues Descartes et surtout, interdire les dessins sur Mahomet, qui ulcèrent les musulmans. La critique politique s’applique à tous ou à personne.
Ramification dangereuse : De surcroît, contrarier l’activité naturelle et culturelle qu’est la critique, conduirait les individus à redéployer dans l’action violente, leur agressivité rhétorique nouvellement criminalisée au bénéfice de quelques uns. La loi a t-elle vocation à faire société ou à cajoler des susceptibilités ?
Répondre à ce message