Voici la vidéo de la conférence organisée par E&R Lorraine le 5 octobre 2013 à Nancy, laquelle réunissait Pierre Hillard et Piero San Giorgio sur le thème du mondialisme. Quels sont les effets de cette idéologie, quelles voies sont actuellement empruntées par ses adeptes pour mettre leurs projets à exécution, comment s’y opposer et en réchapper dans les meilleures conditions ?
L’intervention de Pierre Hillard :
L’intervention de Piero San Giorgio et les questions du public :
Annexe : la version écrite de l’intervention de Piero San Giorgio
Cet article à été présenté pour une conférence à Nancy, le 6 octobre 2013. Il est libre de droits, mais la source devrait toujours être citée, par courtoisie.
Piero San Giorgio
« You’re one in a million, yeah that’s what you are You’re one in a million, babe, you’re a shooting star Maybe someday we’ll see you before you make us cry You know we tried to reach you, but you were much too high, Much too high, much too high… »,
Commençons par une petite histoire.
Il y a fort longtemps… en Grèce, Zeus se rebella contre son père Cronos. Ce fut une guerre terrible. D’un côté, Cronos et les Titans, de l’autre Zeus, ses frères, ses sœurs, les géants et les cyclopes. Zeus fut victorieux et plongea ses ennemis dans le Tartare, et devint ainsi le père de tous les dieux.
Deux Titans, toutefois, qui avaient combattu à côté de Zeus, furent non seulement épargnés, mais récompensés : ils se nommaient Prométhée et son frère Épiméthée. Zeus chargea Prométhée de créer les hommes à partir d’argile… mais lui interdit de leur donner le secret du feu, afin que l’univers reste en équilibre.
Voyant les hommes dans l’obscurité, Prométhée défia le commandement de Zeus… Il vola le secret du feu a Zeus et celui de la connaissance à sa fille Athéna, et les donna aux hommes. Zeus, furieux, enchaîna alors Prométhée sur le mont Caucase, condamné pour l’éternité à se faire dévorer le foie par un aigle. Foie qui se régénère chaque jour, afin que le supplice recommence encore et encore.
Pour calmer le chagrin d’Épiméthée, effondré de voir son frère souffrir autant, Zeus lui offrit en mariage la première femme, Pandore, dotée de toutes les qualités, y compris la curiosité. En cadeau de mariage, Zeus leur offrit une jarre – une « boite » – avec l’instruction de ne jamais l’ouvrir. Évidemment, Pandore l’ouvrit, et de celle-ci s’échappèrent les malheurs du monde…
Ainsi, Zeus punit à la fois Prométhée, coupable d’hubris [1] – de démesure – mais également et indirectement les hommes. Car avec le feu et la connaissance – c’est-à-dire la « lumière », le « progrès » – les hommes auront la folle tentation de se mesurer aux dieux et ainsi de s’élever au-dessus de leur condition, ce faisant déréglant l’univers. Pour compenser cela, il fallait qu’ils soient constamment remis en place, rappelés à l’équilibre, par les maux que Pandore avait libérés.
En philosophie, le mythe de Prométhée est admis comme métaphore de l’apport de la connaissance aux hommes, et cela est quasi universellement vu comme une chose positive. Une statue de Prométhée est d’ailleurs située sur l’esplanade du Rockefeller center à New York [2]. Pourtant, Mary Shelley, avec son roman Frankenstein, le Prométhée moderne (Frankenstein or The Modern Prometheus) – avait brillamment perçu cette démesure de l’homme à défier Dieu, métaphoriquement ou de manière réelle selon vos croyances.
On retrouve des éléments de ce mythe, dans le récit biblique d’Adam et Eve, chassés du paradis pour avoir goûté au fruit de l’arbre de la connaissance. Et puis, Prométhée… porteur de lumière aux hommes, ressemble fort à un autre « porteur de lumière », aussi nommé dans la mythologie juive (dans Isaie) « lumière de l’aube » ou encore « étoile du matin » et dont le nom latin est Lucifer, ange favori de Dieu, puis déchu, portant aux hommes « lumière et instruction »…
Ce préambule mythologique fait, je souhaite couvrir un thème que je n’ai que peu abordé dans mon livre Survivre à l’effondrement économique et qui pourtant est essentiel à comprendre. Il s’agit de l’oligarchie.
Une oligarchie (du grec ancien ὀλιγαρχία / oligarkhía, dérivé de ὀλίγος / olígos (« petit », « peu nombreux »), et ἄρχω / árkhô (« commander »)) est une forme de gouvernement où le pouvoir est réservé à un petit groupe de personnes qui forment une classe dominante.
Les informations et chiffres qui suivent sont prises, notamment des ouvrages Superclass de David Rothkopf, et de L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie d’Hervé Kempf, des réflexions d’Étienne Chouard et de mon expérience personnelle.
Qui sont les gens qui dirigent le monde aujourd’hui ? Si on allume la télévision, ce que, j’espère, vous ne faites plus, on pourrait croire que des personnages élus comme Obama, Cameron, Merkel, Abe, Poutine, Hollande… dirigent le monde… Oh, bien sûr, il faudrait ajouter un roi d’Arabie Saoudite par ci, un milliardaire influent par là….
La réalité est toute autre.
Les hommes d’État, les hommes politiques ont certes une influence, mais ils ne sont – de loin – pas ceux qui tirent le plus les ficelles du monde. Il y a un certain nombre d’acteurs – politiques, industriels, économiques, financiers, militaires, médiatiques mais aussi artistiques qui influencent le fonctionnement du monde.
Ces élites ont toujours été présentes dans les organisations humaines. Par la force souvent, parfois par l’intelligence et la ruse, et exceptionnellement par l’exemple et des actes héroïques, des gens se font remarquer, s’élèvent au dessus des autres, sont craints, admirés, suivis, vénérés par la masse – que celle-ci soit une tribu, une cité, une nation, un empire.
Ces oligarchies, ou élites sont parfois bienveillantes – je pense à certains rois ou certains grands administrateurs, comme Colbert –, ayant à cœur le développement de la richesse et même du bonheur de leur peuple. Parfois, les oligarchies peuvent imposer au monarque ou au dictateur le partage de ses pouvoirs avec d’autres couches de la société. Un exemple de ce processus est l’union des nobles d’Angleterre, forçant en 1215 le roi Jean à signer la Magna Carta, reconnaissance tacite de l’existence d’un contre-pouvoir et de l’affaiblissement du pouvoir royal. Ce fut le début de la bourgeoisie marchande anglo-saxonne… l’un des points de départ (avec l’imprimerie, la Réforme, la Renaissance et les Lumières) du monde moderne.
Parfois, après une vie de rapine et de gestion sauvage, certaines de ces élites se rachètent une sainteté en léguant une grosse partie de leur fortune à des œuvres publiques, comme l’ont fait des Andrew Carnegie, J. P. Morgan, Rockefeller, Vanderbilt, Guggenheim, ou, plus récemment des Gates, Ted Turner ou Warren Buffet.
Qui sont ces élites ? et quel est leur pouvoir réel [3] ?
Ce sont des gens de pouvoir et d’influence – pas forcement très riches.
Ce sont :
des capitaines d’industrie qui façonnent le monde (Steve Jobs...),
des hommes d’État (Vladimir Poutine…),
des dirigeants d’organisations supranationales (ONU, UE),
des milliardaires (Warren Buffet…),
les têtes couronnées qui comptent (roi Abdullah d’Arabie Saoudite…),
certains leaders religieux (le pape…),
des personnages influents des arts (Bono…),
des moghuls de médias (Rupert Murdoch),
les grands patrons de studios de cinéma (les frères Weinstein), ou de musique (lancement du rap, etc.) [4],
des chefs militaires (amiral Mike Mullen…),
des recteurs d’université façonnant les générations futures de cerveaux (Harvard…),
des personnages un peu plus dans l’ombre dans les grandes agences du renseignement (Tamir Pardo, directeur du Mossad…),
des think tanks (Project for the New American Century, Chatham House, Council on Foreign Relations, Heritage Foundation, Bertelsmann Foundation, ),
des lobbys (AIPAC…),
des banquiers centraux (Ben Bernanke…),
des membres de la haute finance (Lloyd Blankfein…),
des personnes de réseau (Klaus Schwab…),
ou des personnalités très médiatiques [5] (Aung San Suu Kyi…)
sans oublier le moustachu à la mode du jour (Hitler, Staline, Saddam Hussein, Ben Laden, Kadhafi hier, Bachar el-Assad aujourd’hui…).
Bref, des gens capables d’influencer le monde [6].
On estime que leur nombre est entre 6 000 et 8 000 individus – nombre qui varie en fonction des années – soit à peut près 1 sur 1 000 000.
Il s’agit de 94 % d’hommes et 6 % de femmes.
Il s’agit en majeure partie d’Américains et d’Européens, bien que la proportion de nouveaux membres venant d’Asie (Inde, Chine, Japon…) ou d’autres pays émergents (Brésil, Nigeria…) augmente fortement.
Selon la manière de compter, ils sont 20 % de chrétiens, entre 15 et 40 % de juifs [7], entre 2 et 6 % de musulmans, quelques-uns d’autres croyances (religions orientales, sectes…), beaucoup se considèrent sans religion.
Ne nous voilons pas la face, si un Bono ou la Mère Theresa du jour sont influents, la vraie puissance réside tout de même dans la concentration de l’influence et de la richesse, de plus en plus liées.
Aujourd’hui, 0,001 % de la population mondiale détient 30 % des richesses. Le 0,01 % suivant détient 19 % des richesses, et le 0,1 % les 32% des richesses suivantes. Quant aux 99,9 % de la population humaine – vous et moi compris – ils ne possèdent que 19 % de la richesse restante. Probablement, à l’intérieur de ce 19 % restants, les proportions sont tout aussi concentrées vers le sommet.
Cette concentration a toujours existé. La richesse d’un chef de guerre, d’un roi ou d’un grand marchand a toujours été des milliers de fois supérieure à celle du commun des mortels.
Certes, les situations de guerre permettent à un individu de concentrer de grands pouvoirs – ce fut le cas de Jules César, de Genghis Khan… Certes, le commerce international et l’enrichissement très concentré qu’il permet conduit aussi à une concentration, dont profitèrent par exemple les Médicis à Florence, ou les marchands hollandais ou encore les « robber barons » américains.
Mais depuis la fin de la Guerre froide et la seconde globalisation, cette concentration s’est accélérée.
Cela est normal. L’humain et les organisations humaines ne fonctionnent que par la concentration. Des 4 000 religions existant dans le monde, seules 10 ont plus de 1 million de fidèles et seulement deux ont plus d’un milliard de fidèles. Pareil pour le militaire. Sur 200 pays et leurs forces armées, seulement 4 sont crédibles et seulement une peut projeter des forces conséquentes à travers le monde entier. Pour le nucléaire, seulement 9 pays ont l’arme atomique et seulement 4 ont une capacité de seconde frappe crédible. Pour des millions de joueurs de tennis ou de basketball, il n’y a qu’un Roger Federer, qu’un seul Michael Jordan, avec les salaires qui vont avec. Il y a dans le monde près de 30 000 000 de millionnaires (en dollars), il n’y a que 30 000 personnes dont la fortune est supérieure a 100 millions. Quant à la richesse, la paye des directeurs généraux de grands groupes est passée, en rapport au salaire moyen de l’entreprise de 25 pour 1 en 1980 à 350 pour 1 en 2010. Le salaire annuel moyen d’un PDG d’une grande entreprise est aujourd’hui de 9.7 millions de $, +6,5 % par rapport à l’année précédente. Et vous ? c’était quoi votre augmentation cette année ?
Masi cette concentration est particulièrement forte lorsqu’on regarde l’influence.
Prenons un exemple très concret :
Les 2000 plus grandes entreprises du monde emploient 70 millions de personnes. Cela veut dire qu’elles influencent la vie de ces personnes et leurs familles, soit à peu près 500 millions de personnes (pun intended). Il faudrait ajouter les innombrables fournisseurs et distributeurs dépendant plus ou moins directement de ces entreprises – par exemple une société comme Procter&Gamble rassemble près de 30 000 entreprises dans son « réseau ». Il faudrait donc multiplier par un facteur – 1,5, 2, 3 ? – l’influence de ces 2000 entreprises. Mettons un facteur 2 pour arriver à un milliard. Ces 2000 entreprises sont chacune dirigées par un CEO. Donc, ces 2000 CEO impactent la vie d’un milliard de personnes. Sauf que comme ces CEO sont nommés par leur conseil d’administration et mesurés sur la performance de leurs actions en bourse et que 30 % des volumes des transactions boursières sont fait par des hedge funds, et que les 30 plus grands hedge funds représentent 85 % du volume de trading des hedge funds…. Vous avez 30 personnes (et leur conseil d’administration), à la tête des Bridgewater, Paulson, Quantum, Moore, MAN group, Blackrock, JPMorgan, et autres Goldman Sachs… Avec en plus les quelques gestionnaires de fonds de pension et de fonds souverains (Norvège, Arabie Saoudite, Abu Dhabi, Qatar, Koweït, etc.), une poignée d’hommes, qui impactent directement la vie de milliards de personne.
Ça n’était jamais arrivé.
Bien que les élites soient issues de strates sociales plus diverses qu’il y a un siècle ou seulement quelques décennies, cette concentration se fait également dès les études : 30 % des élites sont issues de 20 universités ou grandes écoles.
Ces élites se connaissent bien mieux qu’auparavant. Elles se réunissent régulièrement lors :
de dîners entre amis,
de réunions d’anciens élèves,
de réunions de confréries maçonniques,
de think tanks géopolitiques (Council on Foreign Relations, Trilateral Commission, Young Leaders, etc.),
de conférences comme celles du World Economic Forum, du Bilderberg, de Bohemian Grove, du Fathers and Sons Group, Club du Siècle et bien d’autres encore ou l’intérêt n’est pas dans ce qui se dit dans les sessions plénières, mais dans les couloirs, dans les sessions privées, dans les suites des hôtels… affaires, alliances, résolution de conflits, parties de jambe en l’air parfois si l’on en juge par le nombre de couples que forment ces élites avec des jeunes et jolies journalistes – prétendument indépendantes et « de gauche ».
On est loin de la réunion occulte de secte encapuchonnée, mais des plans sont mis en place et parfois même annoncés. Comme l’a fait remarquer Pierre Hillard concernant la fondation Bertelsmann, la pan-Europe et le processus de création de l’Union européenne, la plupart des informations sont publiées et sont publiques. On rejoint ici les recherches d’un Peter Dale Scott et de ses concepts de supra-monde et d’État Profond.
Ces élites se connaissent donc presque toutes entre elles et se côtoient régulièrement. Et si ce n’est pas le cas, elles sont toutes à un ou deux coup de fil les unes des autres. Très souvent, leurs enfants se fréquentent et se marient entre eux. Une caste est en train de se former, bien qu’il y ait un ascenseur social assez bien considéré de leur part. C’est que ce « sang neuf » permet de pallier au manque d’ambition de la 2ème et 3ème génération, notamment chez les filles, et d’apporter des idées nouvelles ainsi qu’un léger renouvellement… C’est que de leur point de vue la méritocratie est une valeur importante.
Dans les faits de leur histoire personnelle, la réalité est plus prosaïque : ces gens ont beaucoup de chance. Souvent, ils sont issus d’un milieu assez aisé et, surtout, ils sont nés au bon endroit au bon moment. Comme le dit en rigolant le milliardaire Warren Buffet, s’il était né avec son physique à une autre époque, il aurait probablement fini comme déjeuner pour une bête sauvage !
Ce que mon expérience m’a montré en fréquentant quelques unes de ces élites, c’est qu’elles ont en général une très grande intelligence, un instinct du réseau très développé, une capacité impressionnante au travail (lorsque Silvio Berlusconi s’est lancé en politique, je me suis dit que c’était plié, les gens en face n’avaient aucune chance ! Silvio a 8h du matin avait déjà fait plus de travail que le politicard italien de base ne pourrait en faire en une journée, et ça après une soirée Bunga Bunga la veille !), et une bonne dose de pathologies.
Ce sont souvent des personnalités narcissiques, neurasthéniques, obsessionnelles, mégalomaniaques…
Parfois, il s’agit carrément de psychopathie. Cette pathologie qui ne touche officiellement que 1 % de la population est bien plus diffuse dans les hautes sphères du pouvoir. Beaucoup de ces élites sont extraordinairement froides, beaucoup plus calculatrices et impitoyables envers les autres que la plupart des gens.
De plus en plus, et surtout dans le secteur financier, ces hommes ne se préoccupent que de la poursuite de leur enrichissement, de leur glorification personnelle et à l’exclusion de toutes autres considérations. Ils semblent ne pas être affectés par l’effondrement des entreprises qu’ils ont causé et se présentent avec désinvolture, sans regrets et peu dérangés par le chaos autour d’eux. Bien sûr, ils ne se soucient pas trop de ceux qui ont perdu leurs emplois, épargnes et investissements – cause de leurs décisions. Pertes et profit. nothing personal.
Je ne voudrai pas généraliser, car j’ai connu des gens formidablement bons, bienveillants et ouverts (je pense notamment à un Mark Benioff [8] de Salesforce.com, à un Ray Lane [9] chez Kleiner Perkins, à un Patrick Odier de LODH, ou un Moustapha Sarhank [10] du Sarhank Group), mais ce n’est pas la norme – et certains ne se privent pas de s’en vanter, comme un Larry Ellison d’Oracle ou un Bill Gates de Microsoft incitant à « tuer la concurrence », ou une Madeleine Albright disant que l’avancement des intérêts géopolitiques des entreprises américaines valait bien la mort de 500 000 enfants irakiens.
Ces pathologies ne sont pas un problème pour eux, elles sont en réalité un atout, parfois même le moteur psychologique à la source de l’ambition et de la réussite de ces gens ! Là où une personne normale, certes douée et travailleuse, s’arrête, satisfaite une fois ayant atteint des objectifs raisonnables d’une vie : création d’une entreprise ou d’un commerce florissants, assuré la marche et la réputation d’un cabinet d’une profession libérale, accumulé quelques millions en épargne et en actifs immobiliers. ces élites ne voient qu’une étape. Elle n’en ont jamais assez. Elles veulent plus. Et plus encore !
C’est leur nature.
Je vous raconte une petite histoire :
Un scorpion veut traverser une rivière. Or un scorpion ça ne nage pas. Il aperçoit une grenouille. Il s’approche et lui dit : « Oh, grenouille, laisse moi monter sur ton dos, ainsi tu n’auras qu’à nager et me transporter de l’autre côté. » La grenouille lui réponds : « Tu est un scorpion, tu vas me piquer et je vais mourir. » le scorpion lui dit : « Réfléchis, si je fais cela, tu couleras, et je mourrai également. » La grenouille est convaincue, elle laisse le scorpion lui monter sur le dos, elle nage, elle arrive au milieu de la rivière et le scorpion la pique… tous deux coulent, et la grenouille, paralysée arrive néanmoins à dire « Mais pourquoi as-tu fait cela, scorpion, nous allons mourir tous les deux ! » Celui-ci lui répond : « C’est dans ma nature. »
Ce qui m’a le plus surpris dans ma courte expérience auprès de certaines de ces personnes, ce n’est pas leur attitude, finalement que très rarement obscène ou arrogante. C’est surtout l’attitude de leurs enfants, nés – littéralement – avec une cuiller d’argent dans la bouche, ne se fréquentant que entre « fils de » et développant une attitude réellement élitiste, avec le mépris des autres, notamment du petit personnel… et presque la conviction d’être une « race » à part.
Encore une fois, je généralise, bien sûr, certains de ces enfants que j’ai pu côtoyer, et malgré une abondance de ressources qui feraient passer n’importe lequel de nos enfants rois pour un mendiant Rom, volontairement handicapé par ses parents, sont restés la tête sur les épaules et même avec une saine ambition ! Je pense aux enfants de l’Aga Khan, de Sophia Loren, d’Aznavour...
Le trait psychologique le plus marquant est probablement – comme pour nous tous – l’individualisme. Cet individualisme fait que ces élites sont rarement coordonnées et ont, comme dans un lycée, des dissensions, parfois très fortes, de la compétition acharnée entre eux pour être le plus en vue, le plus riche, le plus médiatisé, le plus grand baiseur, le mieux habillé, ou celui avec la plus grosse quéquette… représentée par le plus long yacht, l’avion privé customisé à la dernière mode, etc.
Quant à leurs intérêts philosophiques ou géostratégique, la plupart roulent d’abord pour les intérêts de leurs entreprises et de leurs secteurs d’industrie et en soutiennent donc les lobbies qui les représentent. Je me souviens qu’en 1992, la société de téléphonie AT&T avait plus de 1 000 lobbyistes à l’œuvre et dépensait plus d’un milliard de dollars par an pour faire avancer ses intérêts. D’autres militent pour une cause nationale, comme ceux qui participent à créer depuis les années 1950, ce qu’un Peter Dale Scott appelle l’« État profond [11] » (J.Edgar Hoover pour les plus anciens, Zbigniew Brzezinski, Dick Cheney, Donald Rumsfeld pour les plus récents), d’autres encore sont au service des intérêts d’un pays étranger, comme le puissant lobby pro-israélien et d’autres sayanim, ou des politiciens carrément à la solde de puissances étrangères, comme ce fut récemment le cas de plusieurs chanceliers de la RFA, au moins un premier ministre britannique et au moins un président de la république française [12].
Ces intérêts s’opposent souvent mais peuvent parfois converger comme ce fut le cas lors de la guerre contre l’IraK de 2003 où l’industrie d’armement, celle de la finance, celle du pétrole, les militaires, et les lobbies pro-israéliens ont convergé pour la vendre au grand public. Récemment, contre la Syrie, ces intérêts divergent : les milieux industriels et militaires sont, par exemple, contre, et l’État profond israelien est très divisé sur la question.
On remarquera que les politiciens sont, en Occident en tout cas, de plus en plus aux ordres des ces forces profondes et ne sont finalement de plus en plus que des portes paroles coûteux, des leurres pour le peuple. Ceci explique que les « alternances politiques » ne changent rien !
Il est à la mode de s’imaginer que les décideurs se réunissent, assemblés en cours de justice machiavélique, chacun représentant un intérêt. Une telle réunion d’intrigants n’a, à mon sens, quasiment jamais lieu. À la place, il s’agit, encore une fois selon moi, d’une convergence d’intérêts, d’amitiés et d’inimitiés, de collusion informelle de volontés, parfois sans plus de bruits qu’un murmure à l’oreille.
Soyons clairs : les complots existent. Tout conseil d’administration en est un, par définition. La collusion d’intérêts commerciaux tend a produire monopoles, oligopoles, arrangements de prix. Ce sont des complots, et ils sont combattus assez efficacement, si l’on en juge de l’histoire de l’Anti-Trust américaine en tout cas. Souvent, il y a surtout beaucoup d’opportunisme de la part de gens intelligents et d’organisations qui ont prévu pratiquement tous les scénarios et savent donc en tirer le meilleur parti, quoi qu’il arrive.
Par exemple :
1. Première Guerre mondiale : pas de complot, mais opportunisme de la part de la Grande-Bretagne et de la City pour que la guerre se déclenche et dure.
2. Révolution bolchévique de 1917 : pas de complot, mais opportunisme allemand et de la finance pour qu’elle réussisse.
3. Assassinat de JFK : complot, issu de la collusion de nombreux intérêts (les documents commençant à sortir sont très intéressants et corroborent beaucoup de thèses « complotistes », notamment celle du procureur Jim Garrison).
4. 11 Septembre : complot. À moins de croire que des Saoudiens, armés de cutters, déroutent quatre avions et défient pendant plus d’une heure l’espace aérien de la première puissance militaire du monde, que deux avions percutant deux gratte-ciels en font effondrer trois, qu’un avion de 40 mètres d’envergure réussisse a faire un trou de 5 m de diamètre dans le Pentagone et que ses pièces de titane s’évaporent dans l’impact... Maintenant, complot de qui, et pour quoi, que les enquêteurs et les historiens fassent leur travail.
5. Volonté de « se débarasser » des juifs des territoires occupés par l’Allemagne nazie, d’une manière ou d’une autre : complot. Là aussi, aux historiens de faire leur travail, pour savoir qui sont les coupables, comment ils ont agi, quand la décision à été prise et pourquoi.
Il faudrait dire un mot sur l’idéologie qui est quasiment partagée de manière uniforme par toutes ces élites.
Il s’agit d’un
consensus sur l’excellence du libéralisme économique qui s’est imposé comme idéologie globale après avoir surclassé puis abattu le modèle communiste, inefficace et peu productif ;
consensus sur le capitalisme, sur Keynes, sur Friedman et l’école de Chicago ;
consensus sur l’ouverture des frontières, sur la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux ;
consensus sur le fait que la performance boursière est une bonne manière de mesurer les résultats de l’activité humaine ;
consensus sur le fait que les forces du marché peuvent résoudre, tôt ou tard, tous les problèmes de manière efficace ;
consensus sur la méritocratie, sur l’universalisme, sur le développement du monde avec comme modèle les États-Unis jusqu’à présent, mais aussi de plus en plus la République populaire chinoise et son capitalisme corporatiste ;
consensus sur la nécessité de gouvernements supra-nationaux pour résoudre à un niveau global les problèmes globaux, pour déréguler encore plus, tout en réglementait par une bonne gouvernance le monde.
Cela se comprend. C’est le libéralisme économique qui a permis, de 1990 à 2009 aux pays émergents de vivre une immense croissance économique et une explosion de la richesse de leurs classes moyennes :
+ 300 millions en Chine,
+ 180 millions en Inde,
+ 91 millions en Russie,
+ 48 millions en Indonésie,
+ 50 millions au Brésil,
+ 44 millions en Turquie,
+ 34 millions au Mexique,
+ 17 millions en Afrique du Sud…
Alors si le prix à payer est que quelques dizaines de millions de Français, d’Anglais, d’Américains s’appauvrissent… tant pis pour eux, ils n’ont « qu’à travailler plus, et se défaire de ces États lourds et de ces structures calamiteuses d’État-providence » ! Le corpulent Bismarck se retournerait dans sa tombe, s’il avait la place !
Sauf que... Sauf que ce turbo-capitalisme, selon l’expression heureuse d’Edward Luttwalk, s’est transformé, ces derniers temps en une orgie effrénée d’affaires à haut risque. De plus, cette économie libérale, avec de moins en moins de règles, est tôt ou tard corrompue par la fraude et les excès. Autrement dit, la prétendue liberté d’entreprise, de concurrence et d’initiative est un leurre. L’économie libérale est tout aussi truquée que le bonneteau pratiqué à la sauvette au coin des rues, ou qu’un conseil de ministres d’un gouvernement. Parmi les élites, certains commencent à critiquer ces excès, mais beaucoup se complaisent dans une attitude libérale libertaire, et une minorité, de nature plus tyrannique, se réjouit de cette évolution, se voyant déjà comme des dictateurs en puissance… C’est déjà le cas de certaines de ces élites provenant des pays les plus pauvres.
Du fait de la concentration de la richesse et du pouvoir, ces élites délibèrent entre elles de décisions s’appliquant à l’ensemble de la population, alors que celles-ci ont pour finalité exclusive de servir leurs intérêts personnels.
Or cela commence à se voir de plus en plus et à être compris par les peuples, sortis de leur torpeur télévisuelle par la perte de leur emploi, de leur logement, du respect de leur conjoint et de leurs enfants. Selon un sondage de mars 2010 : 79 % des Américains pensent possible un effondrement économique et plus personne ne croit au rêve américain qui était la promesse qu’en travaillant dur et avec un minimum de discipline nos enfants auront une chance de mieux s’en sortir que nous, de même que nous avons eu une chance de mieux nous en sortir que la génération qui nous a précédés.
Les Américains et les Européens constatent autour d’eux la réduction de l’investissement dans les ressources humaines, les coupes budgétaire dans l’éducation, dans la santé publique, dans les services sociaux, partout. Les premiers touchés sont les enfants, les retraités, les handicapés, les malades, les malades mentaux, les étudiants, les enseignants, les SDF…
Quelques chiffres :
Les investissements dans l’infrastructure – qui est vitale pour notre économie - ne sont plus que 2,4 % du PIB aux USA, 5 % en Europe, et 9 % en Chine.
Aux USA, en 2009, le taux de chômage est de 3 % pour les métiers rémunérés à plus de 150 000 dollars par an, 9 % pour ceux dans la moyenne, et 31 % pour les 10 % les plus pauvres. Quant au chômage des jeunes de 16 à 24 ans, il est de 19,1 %.
Les USA détenaient 66 % des réserves d’or mondiales en 1946, 38 % en 1961, 24 % en 1971, 0 % aujourd’hui ?
L’illettrisme est passé de moins de 1 % en 1910 en France ou en Allemagne à 15 % en 2010.
La part de l’industrie financière dans le PNB est passée de 2,5 % en 1947, à 4 % en 1970, à 8,3 % en 2000. La part des bénéfices est passée de 16 % en 1985 à 21 % en 2000 et à 41 % en 2009.
Ce déclin est palpable par tous.
Ce déclin, les élites ont contribué à le créer, par définition, puisqu’ils étaient aux commandes. Nous le savons. La population commence à le savoir. Mais eux – attitude très humaine – ne le voient pas.
Pour en illustrer la raison, encore une petite histoire, cette fois une blague khazar :
Cette histoire se passe en 1877, sur la Volga dans l’empire de Russie. On apprend la mobilisation générale pour une énième guerre contre l’Empire ottoman. Dans une famille juive, une mère parle à son fils, mobilisé.
« Mon fils, je t’en prie, ne prends pas de risques inutile. Ne fait pas de zèle. Le matin, tu te lèves, tu va tuer un Turc et après tu rentres. Le lendemain, tu te lèves, tu tue un Turc et tu rentres. Pas besoin d’en faire trop, mon fils.
– Mais maman, et si c’est le Turc qui me tue ?
– Mais pourquoi il te tuerait ? Tu ne lui as rien fait ! »
En effet, ces élites ne peuvent pas comprendre qu’ils sont en grande partie responsables du déclin actuel et qu’ils seront blâmés, voire punis car ils sont identifiés comme ceux qui sont aux commandes.
Alors par déni, par crainte d’une révolte, un peu comme les soldats qui, en temps de danger mortel, éprouvent inconsciemment un sentiment d’objectif partagé, de solidarité et de proximité, il se peut que ces élites réagissent.
On réduit d’abord au silence tous ceux qui tirent à la sonnette d’alarme, on limite voire interdit la transparence, on met en place un système de surveillance dans lequel aucune autorité centrale n’est responsable et on accumule délibérément les ambiguïtés et les complexités pour que, si – ou plutôt quand – tout se casse la figure, on puisse se retrancher derrière la bonne excuse du « qui aurait pu s’en douter ? ».
Mais, plus grave, face à ce danger de révolte, ces élites vont également, consciemment ou non mettre en place un nouveau processus de domination.
Cela n’a rien de nouveau.
Les processus de domination, ont sans doute démarré, de manière anthropologique, avec la peur de la mort. Cette peur, permet a l’humain d’être contrôlé par d’autres… par la promesse d’éviter la mort et la souffrance ou d’une vie après la mort. Ça remonte à très loin.
Le dominant, que ce soit le chef, le roi, la théocratie, l’État, voit la population comme une ressource. Plus ou moins corvéable, plus ou moins totalement soumise, plus ou moins imposable. Il peut donc en prendre plus ou moins soin en fonction de son intérêt, tout comme un fermier prend soin de son bétail.
Ceci à évolué en quatre phases :
Phase 1 : Le contrôle se fait par la force brute (fouet, etc.). C’est basique, mais c’est peu productif, et ça pose beaucoup de problèmes de coûts : mise en place de contremaîtres, etc. Le dominé n’a rien, il ne doit sa vie qu’au bon vouloir de son maître. Il n’a aucun espoir. Il ne va pas trop se fouler.
Phase 2 : Esclavage et servage. On commence à donner un peu de liberté et même de droits aux esclaves, certains ayant même accès à une éducation poussée (précepteurs, administrateurs, etc.) et si le plus grand nombre est voué aux travaux pénibles, une partie est vouée au service à la personne et aux tâches ménagères. Parfois, un esclave peut même être émancipé. L’efficacité augmente, mais le coût reste élevé (logement, nourriture). L’esclave ou le serf est, si l’on veut, placé au « bilan » de l’exploitation de son maître, et est donc un « actif ». Mal traité, blessé ou mort, sa valeur diminue, et donc diminue d’autant la valeur des possessions du maître.
Phase 3 : Salariat. On abolit l’esclavage, mais on crée à la place des ouvriers dans les usines, dans les champs ou dans les bureaux. On passe donc le travailleur du « bilan » au tableau de « pertes et profits », avec un salaire à la clé, juste assez élevé pour se loger, se vêtir et se nourrir, mais juste pas trop élevé pour que l’on se sorte de cette condition – même si certains y arrivent et font « rêver » les autres. La productivité augmente fortement, mais la vie est dure, les revendications et les révoltes augmentent.
Phase 4 : Société de consommation. Il s’agit d’augmenter la productivité autant que le permettent les ressources naturelles, l’expansion du niveau d’éducation et l’accès généralisé au capital. La population à la liberté de faire ce qu’elle veut, elle jouit d’une grande partie de ce qu’elle produit et ce, tant qu’elle reste relativement docile. L’innovation permet de produire et d’offrir de plus en plus de produits et services. La richesse augmente et se répand progressivement à travers toutes les strates de la société. Les révoltes sont inexistantes. Les revendications se font sur des sujets triviaux ou sociétaux. Mais le problème de tant de liberté c’est que la population finit par questionner l’autorité et les élites. Pour que cette 4ème phase du système de domination continue il faut :
Endoctriner (éducation, médias).
Mettre en place une compétition de tous contre tous (individualisme / normalisation – i.e. tatouages, piercings).
Faire croire qu’on est libres (ceci à été bien étudié par des gens comme Noam Chomsky, Michel Clouscard, etc.) Voici une phrase édifiante que Lyndon Johnson aurait dit à Edgar Hoover, juste après la mort de Kennedy : « Dans 10, 20 ans, 50 ans et même des siècles, ce sera toujours la même chose. L’électeur nous délègue le sale boulot. Il sait que l’exercice du pouvoir doit rester opaque. Parfois il ne sait pas à quel point. Quant il le découvre, il fait mine de s’en offusquer, mais tant qu’il est devant son téléviseur avec une bière bon marché et qu’il y a de l’essence dans le réservoir de sa voiture, il est plutôt satisfait que d’autres fassent le sale boulot à sa place. »
Mettre en place des kapos : idiots utiles (antifascistes, antiracistes), médias achetés ou cooptés, terrorisme intellectuel.
Créer les problèmes et y amener les solutions/protection afin de garder la population unie et confiante dans l’État et dans les élites. (immigration/politique sécuritaire, conflit de civilisation/guerres, dé-éducation et déculturation/faites confiance dans ceux « qui savent mieux »…
Le problème avec cette 4ème phase c’est que ça marche de moins en moins.
Endoctriner les gens devient de plus en plus difficile car Internet permet de court-circuiter les médias de plus en plus discrédités par la réalité. De plus l’endoctrinement comporte un élément d’abrutissement et d’apathie, qui réduit l’innovation, l’efficience et la productivité.
Trop de richesses et trop de libertés rendent la population molle et faible, sans motivation, décadente, incapable, sans rêves autres que sa consommation à court terme et des récompenses immédiates et faciles, donc peu motivée à travailler dur pour l’avenir, sans parler de l’incapacité croissante de se concentrer plus que cinq minutes sur un sujet. L’individualisme rend la population incapable de se mobiliser dans autre chose que son plaisir immédiat. Par la globalisation, les industries délocalisent là où les coûts sont moins élevés, provoquant chômage et déclassement social de masse. Le ressentiment augmente.
Enfin, l’État devient de plus en plus gros, de plus en plus parasite de l’économie réelle, de plus en plus déficitaire et incapable de rembourser ses emprunts. Surtout, les ressources naturelles commencent à se tarir…
La phase suivante, la Phase 5 est le remplacement de l’État national par une ou plusieurs structures globales ou supranationales – le fameux Nouvel Ordre mondial qui à été annoncé par la plupart des dirigeants mondiaux de ces vingt dernières année. Structures bien évidemment oligarchiques par nature, essentiellement contrôlées par des entités économiques privées (financières, agro-alimentaires, énergétiques, pharmaceutiques…) et donc éloignées de tout contrôle démocratique et populaire. Cette phase – tant par sa nature que par son envergure globale - n’a jamais été essayée, c’est une nouveauté.
Le processus de la mise en place de cette 5ème phase est largement soutenu par les élites agissantes, et les masses ne comptant pas, c’est inéluctable.
À moins que…
À moins que, le tarissement des ressources – qui n’a pas été prévu ni pris en compte – ne réduise si fortement la croissance économique que ces systèmes complexes ne puissent plus se maintenir en état de fonctionner.
À moins que leur « réflexe », très naturel, face à cette perte de pouvoir soit de renforcer des mesures coercitives, finalement pour régresser vers la phase de l’esclavage ou du coup de fouet… phases peu subtiles, rappelons-le, et qui se remarquent… et qui provoqueront donc un mouvement de révolte, révolte contre des élites bien identifiées… On a les noms ! Les listes commencent à s’établir et à circuler sur les réseaux...
À moins que l’on élimine les esclaves physiquement – mais avec quel consensus, quelle coordination, quels moyens (restons réalistes !) ?
À moins que le chaos à venir soit utilisé ?
Mon expérience personnelle est qu’il n’y a aucun plan d’envergure pour la « survie » des élites – au-delà de quelques individus originaux ayant investi dans des bunkers, au-delà des systèmes de redondance pour la continuation des gouvernements et des armées (bunkers gigantesques dans les Appalaches, les Ozark, les montagnes Rocheuses...), centres de commandement (NORAD, COOP et Site R pour les USA ; Project 131 et similaires pour l’armée chinoise ; Mont Yamantau et Mont Kosvinsky pour les forces stratégiques russes, etc.) capables de faire tenir quelques centaines de milliers de personnes pour un temps assez long. Ce n’est pas exactement un plan sympa ni un cocon cosy pour le mode de vie des élites. Et peu sont pervers au point de se réjouir d’un scénario à la « Docteur Folamour ». « Mein Führer, I can valk ! » Au-delà de cela, je ne sais pas ou alors c’est de la science-fiction ou du fantasme.
Je crois en revanche que la plupart des élites – tout comme la plupart d’entre nous – sont incapables de concevoir que le monde qu’ils ont toujours connu ne peut pas continuer. Comme les élites du passé, se demandant soudain comment il se fait qu’elles se trouvent sur l’échafaud, leur tête au bout d’une pique, brûlant dans leur château assiégé, ou encore fuyant vers la Suisse avec leur pièces d’or cousues dans les ourlets de leurs vêtements…
Dans leur monde de pouvoir et de luxe, la réalité ne leur apparait que trop tard. Un bon livre qui va bientôt sortir chez l’éditeur « Le Retour aux sources » est le dernier livre, traduit en français, de James Howard Kunstler, Too much magic, qui explique très bien le phénomène de la pensée magique et de la foi dans le progrès et dans la technologie de notre civilisation et de ses élites, encore plus aveuglées que nous autres par les illusions du monde moderne – ce qui est normal puisqu’elles en ont le plus profité et en sont le plus accoutumées. Après tout George Orwell disait bien que : « Les gens sont capables de prévoir l’avenir uniquement dans la mesure où il coïncide avec leurs propres désirs, et les faits le plus grossièrement évidents peuvent être ignorés lorsqu’ils sont inopportuns. » - Cela vaut pour les élites comme pour moi !
Vous connaissez peut-être ma thèse que je décris dans Survivre à l’effondrement économique : Nous sommes à l’aube d’une période de crises de plus en plus fortes. Nous sommes à la convergence de tendances lourdes – raréfaction des ressources naturelles, notamment le pétrole ; destruction des écosystèmes et des ressources agricoles ; explosion programmée du système financier basé sur une croissance infinie et une dette colossale – qui provoquera à brève échéance – dans les 10 ans à mon avis – un effondrement économique qui aura des conséquences terrifiantes sur nos vies.
En effet, nous vivons de manière totalement dépendante de systèmes complexes qui nous apportent eau, nourriture, énergie, chauffage, électricité… et notre individualisme et caractère enfantin fera qu’en cas de rupture de ces systèmes, donc en cas de manque de tout ce que nous considérons comme normal, comme dû… nous réagirons mal, très mal. Avec énervement et violence.
Et alors il sera trop tard. À quoi servira alors une villa somptueuse dans les Hamptons ou à Santa Monica, alors que le personnel de maison vous aura abandonné. À quoi servira le ranch en Argentine si on ne peut s’y rendre ou s’il à été « réquisitionné » par le personnel. À quoi servira l’appartement cossu de Neuilly ou du 16ème, si les hordes de gens affamés et énervés descendront des banlieues et vous désigneront comme cible prioritaire du fait de vivre dans un « beau quartier » sans parler de la Mezouzah sur le linteau de la porte.
Et si vous arrivez à fuir ? Que feront des milliers de membres de l’hyperclasse, entre eux, entassés à St. Barth, Gstaad, Courchevel ou St. Tropez ? S’organiser en confrérie de pirates sur leurs yachts ?
Donc pas besoin d’attendre que les Illuminati encapuchonnés, réalisent le « Nouvel Ordre mondial » et l’apocalypse selon saint Jean… la fin de notre monde arrive. C’est un cygne noir de la taille de Godzilla !
Non, pour s’en sortir, il faudra tenir le coup.
Physiquement, cela veut dire de se préparer à ces crises – petites ou grandes, courtes ou longues. Et pour cela travailler pour réaliser une Base autonome durable, c’est-à-dire un endroit de résilience, d’autonomie, d’autosuffisance… un endroit ou vous pouvez résister dans la durée, tenir le choc. Cela peut être votre appartement en ville, votre maison périurbaine, votre villa de vacances, ou, plus adéquat, votre maison à la campagne, votre ferme ou encore votre caravane, votre cabanon et, oui, pourquoi pas votre ranch en Uruguay ou votre yacht de 120 mètres !
Quel que soit l’endroit où vous vous préparez, il vous faut couvrir sept éléments qui sont :
1. L’eau
2. La Nourriture
3. L’hygiène et la santé
4. L’énergie
5. La connaissance
6. La défense
7. Le lien social
Sans lesquels, il sera difficile de s’en sortir, de bien s’en sortir.
Sans doute, il faudra également chercher à développer une indépendance, une liberté et une autosuffisance également mentale, psychologique et spirituelle… et pour cela, il n’y a pas d’autres solutions que de faire sécession du Système. Sécession dans vos esprits et dans vos cœurs, pour l’instant.
Cela commence forcement par vous couper des sources de désinformation que sont les médias officiels, la télévision, le divertissement, les jeux vidéo… de toutes ces drogues subtiles qui nous abêtissent et créent l’accoutumance culturelle qui nous empêche de voir et de ressentir la réalité. Ensuite, apprendre à ignorer et à ne plus subir les kapos du système et le politiquement correct, apprendre à passer entre les gouttes de lois de plus en plus liberticides présageant l’État « pénal-carcéral », apprendre à vous informer par vous-mêmes, et surtout de réapprendre à penser par vous-mêmes, à remettre en question tous les dogmes et toutes les valeurs que le système vous a inculquées.
Ce n’est pas facile, j’en conviens !
Mais comme l’alternative, ça peut être pauvreté, violence, famine... Ça devrait être motivant !
Cela veut dire aussi de développer votre propre philosophie de vie, vos propres valeurs – qu’elles soient prises de la tradition, du monde moderne ou d’un mélange – tant qu’elles fonctionnent au contact du réel. Par le renouveau d’un lien social sincère, réellement solidaire et utile, vous connecter et vous attacher au nombre croissant de personnes qui sont dans cette démarche, faisant l’effort de chercher ce qui unit au lieu de ce qui divise. Comme le disaient les révolutionnaires américains (et aussi Pink Floyd) : « United we stand, divided we fall. » (Unis nous tenons, divisés nous mourrons.)
Si vous êtes croyant, priez et tendez la main aux autres croyants, fussent-ils d’autres religions ou laïcs.
Si vous êtes laïc, tendez la main à ceux et celles qui sont croyants.
Si vous êtes de gauche ou de droite, cherchez ce qui vous rassemble… cette gauche du travail et cette droite des valeurs ne sont pas si différentes !
Si vous êtes identitaires, tendez la main aux personnes issus de l’immigration qui ont des valeurs saines de droiture, de travail, d’honnêteté...
Si vous êtes issus de l’immigration et que vous ne pouvez ni ne voulez rentrer dans votre pays d’origine, soyez honnêtes et ne commettez aucun crime (cela vaut pour tous d’ailleurs...), et oubliez les mensonges de l’antiracisme, les populations allogènes des pays occidentaux ne sont pas vos ennemis, ne sont pas les vrais racistes.
Tendre la main de manière franche et ferme, en tant qu’hommes libres a d’autres hommes libres.
En récompense de cet effort : notre liberté retrouvée. Liberté de penser et de vivre par nous-mêmes.
Et donc, il ne s’agit pas de se terrer comme des rats dans un trou. Il s’agit d’établir la base logistique et mentale pour tenir le coup et ensuite de lancer la reconquête du monde.
Un monde, qui sera – nous devons le croire – meilleur et plus sain. Un monde qui sera le nôtre – génétiquement et philosophiquement. Nous le devons à nos enfants, nous le devons à nos ancêtres et nous nous le devons, car ce monde est possible.
Ce monde meilleur, Il ne tient qu’à nous de le réaliser.
Il ne me reste qu’une chose à dire : au boulot !
Merci !
Piero San Giorgio