Peut-on encore émettre quelques critiques sur le projet politique – ou politico-religieux – qu’est le sionisme sans immédiatement être foudroyé par le rayon laser paralysant de l’antisémitisme ? Il nous semble que oui, car de tout temps des populations ont envahi d’autres populations et les ont même parfois fait disparaître. Analyser ces phénomènes s’appelle l’Histoire, les dénoncer lorsqu’il n’est pas encore trop tard c’est être simplement humain.
Tantura était un village palestinien situé dans le territoire attribué à un État juif dans le plan de partage de la Palestine des Nations Unies de 1947. Dans le cadre du Plan Dalet, formulé en mars 1948, en préparation de la Déclaration d’indépendance israélienne du 14 mai 1948, la Haganah a assigné la Brigade Alexandroni à « l’occupation d’al-Tantura et d’al- Furaydis ».
Le massacre de Tantura a eu lieu dans la nuit du 22 au 23 mai 1948, pendant la guerre israélo-arabe de 1948, lorsqu’environ 40 à 200 villageois arabes palestiniens de Tantura ont été massacrés par la brigade Alexandroni de l’armée de défense d’Israël. Le massacre a eu lieu après la capitulation de Tantura, un village d’environ 1 500 habitants en 1945 situé près de Haïfa. Les victimes ont été enterrées dans une fosse commune, qui sert aujourd’hui de parking pour la plage de Tel Dor voisine.
Les témoignages oraux des Palestiniens survivants ont été accueillis avec scepticisme. Une thèse de 1998 réalisée par Theodore Katz, diplômé de l’Université de Haïfa, qui a interrogé des survivants, a également été confrontée au déni. En 2022, un documentaire israélien intitulé Tantura a été publié, dans lequel plusieurs anciens combattants israéliens ont déclaré avoir été témoins d’un massacre à Tantura après la reddition du village. En 2023, Forensic Architecture a publié son enquête commandée sur la région et a conclu qu’il y avait trois sites de sépulture potentiels dans la région de la plage de Tel Dor liés à un massacre.
Ce documentaire est disponible ci-dessous mais, aucun diffuseur français n’ayant à ce jour eu le courage de le distribuer, il n’existe qu’en version sous-titrée en anglais :
De leur côté, les anglophobes pourront visionner avec grand intérêt le documentaire suivant, La Terre parle arabe, qui est un film documentaire palestinien de 61 minutes réalisé par Maryse Gargour en 2007. Ce documentaire a reçu plusieurs prix dont le prix ASBU, le prix mémoire de la Méditerranée et le prix France 3 Méditerranée.
Il retrace les évènements qui ont précédé la Nakba (la Catastrophe, c’est-à-dire l’expropriation dans le sang des Palestiniens de leur terre) en rappelant les origines du sionisme puis le déroulement progressif d’un plan d’évacuation d’une terre dont plus personne ne peut encore dire éhontément qu’il s’agissait « d’une terre sans peuple pour un peuple sans terre ».