S’il pouvait sauter de joie comme un cabri le jour de son anniversaire, il le ferait : le rav Ron Chaya, que nos lecteurs connaissent bien, annonce enfin, après 2 000 ans et quelques d’attente fébrile et régulièrement déçue, la venue du messie des juifs, le Machia’h.

C’est écrit dans les textes (qui font loi) qu’Il viendrait au moment ou après une grosse guerre entre les Gentils et les méchants – pardon, les juifs, on s’y perd –, que ce serait un super chaos et que les juifs, les préférés de Dieu, les Élus (au suffrage pas très universel à un tour avec bourrage d’urnes), gagneraient, et qu’ils reconstruiraient le Troisième Temple [1].

On n’a pas lu tout le Talmud en faisant du headbanging mais ça se résume à ça, avec beaucoup de complications et de circonvolutions. Guyénot et Hindi vous expliqueraient ça, chacun à sa façon, de manière beaucoup plus précise.

C’est donc au bénéfice d’une nouvelle guerre ouverte après celles de 1967, de 1973 et de 2006 (on ne compte pas la guerre israélo-arabe originelle ni les escarmouches permanentes entre une armée d’occupation et la résistance palestinienne), que certains rabbins talmudistes – il en est d’autres qui sont contre un État pour les juifs, on verra leur sort plus bas... – annoncent la venue de leur messie.

On n’a pas trop idée de qui ça peut être et le rav ne le dit pas, genre il fait un gros teasing, mais déjà, par élimination, ça sera pas Netanyahou : lui, c’est un temporel, et tout sauf un prophète. C’est plutôt l’instrument militaire de la tendance religieuse radicale actuellement au pouvoir. Les talmudistes pressés dictent, Bibi frappe, c’est ça le deal.
Ce ne sera pas non plus Attali, qui a traité Netanyahou de criminel, alors qu’il rêve de présider le premier gouvernement mondial à Jérusalem. Et encore moins BHL, qui ne vend pas un bouquin en France malgré une promo de dingue.

Alors qui ?

Selon nous, et on pense que l’intéressé n’est même pas au courant, ça lui tombe dessus comme une lumière divine, comme ça, flash !, c’est Enrico. Pourquoi Enrico ? parce que Enrico Machia’h, déjà, qui devient Macias avec le temps, et parce que le chanteur est grand public : il ne clive pas, il rassemble. Pour preuve, il chante ici devant les deux leaders de droite et de gauche, Netanyahou le sanguinaire et Pérès le père de la bombe atomique, qui frappent des mains ensemble :

Seul Enrico peut réconcilier les juifs entre eux, et c’est pas chose facile. Parce que quand on dit « les juifs », et là BHL a raison (mais pour une autre raison), on se trompe. Il y a bien sûr une essence commune, la croyance, mais beaucoup de sensibilités.
Par exemple des militaires ou policiers juifs peuvent brutaliser des coreligionnaires parce qu’ils sont antisionistes :

On ne sait pas si le messie du rav va réconcilier les juifs entre eux et les juifs avec leurs ennemis, mais il aura du boulot. On voit ici que beaucoup de juifs ne sont pas en paix avec le monde, et qu’ils voient de la haine partout.

Comme dit notre Seigneur, le Christ, le vrai messie, ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’il te fasse, et surtout, tu vois la paille dans l’œil du voisin mais pas la poutre qui est dans le tien. Le roi de la punchline a encore frappé.
Si le Chaya trouve mieux que Lui, on prend !