Le président Trump ne fait rien comme ses prédécesseurs (sauf son modèle, Andrew Jackson). Il déconcerte donc ses partenaires. Le « Deal du siècle » qu’il a imaginé pour la Palestine a suscité la colère du président Abbas qui l’a interprété au regard des propositions états-uniennes précédentes. Ne s’est-il pas trompé ?
Le président Donald Trump a plusieurs fois déclaré que sa méthode de gouvernement était apte à régler bien des conflits et qu’il espérait même parvenir, durant son (ou ses) mandat(s), à conclure la paix entre Palestiniens et Israéliens.
Selon la presse internationale, pour des raisons électorales états-uniennes, Donald Trump aurait évolué. Alors qu’il paraissait peu intéressé par les questions religieuses, il se serait rapproché des chrétiens sionistes et subirait l’influence de son vice-président, le chrétien évangélique Mike Pence, et d’un de ses donateurs de fonds, le casinotier juif Sheldon Adelson.
Les décisions du président Trump de déplacer l’ambassade des États-Unis de Tel Aviv à Jérusalem, d’interrompre le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), puis de reconnaître la souveraineté israélienne sur le Golan syrien occupé ont été interprétées comme confirmant son biais pro-Israélien.
Tout cela est vrai, mais ne permet pas de comprendre le mode d’approche particulier du conflit palestinien de Donald Trump et peut donner lieu à de graves erreurs d’interprétation. Pour saisir sa pensée, il faut étudier son modèle, le président Andrew Jackson, et le replacer dans la situation particulière des États-Unis d’avant la guerre de Sécession.
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Lorsque Donald Trump propose de développer économiquement Gaza et la Cisjordanie, sans aucune contrepartie, il applique la politique de Thomas Jefferson pour les « Indiens civilisés ». Il pense qu’en les intégrant par « le marché », il parviendra à la paix. Il le fait d’autant plus généreusement que ce développement ne sera pas financé par les États-Unis, mais par les monarchies arabes. Ce faisant, il s’oppose à la stratégie israélienne – soutenue par Sheldon Adelson – de sabotage de l’économie palestinienne visant à pousser les Palestiniens à fuir pour survivre.
Lorsque Donald Trump refuse de soutenir la solution à deux États et renvoie cette question à des négociations entre les parties concernées, il agit comme Andrew Jackson durant les négociations des Traités indiens. Ce faisant, il s’oppose à la politique israélienne depuis les Accords d’Oslo.
L’Autorité palestinienne considère avoir déjà accepté un compromis en soutenant les résolutions de l’ONU. Elle exige donc leur application, alors qu’Israël refuse de s’y plier depuis 70 ans. Elle refuse a priori le « Deal du siècle » parce que Donald Trump ignore cette exigence.
Cette attitude est légitime et honorable. Tous les gouvernements du monde savent que si la résolution du conflit se faisaient selon les règles du Droit anglo-saxon en violation de celles du Droit international, cette paix ici ouvrirait la porte à des guerres ailleurs.
En effet, le droit anglo-saxon se distingue de toutes les autres formes de Justice dans le monde. Il prévoit que deux parties opposées sur un délit pénal peuvent clore l’affaire lors d’une transaction qui ignore le droit local. Au plan national, c’est une Justice de classe, au plan international, c’est la loi du fort.
Quoi qu’il en soit, l’Autorité palestinienne a tort lorsqu’elle accuse Donald Trump d’être plus favorable à Israël que ne l’était George Bush Jr. Sur ce point, son attitude ne peut s’expliquer que parce qu’elle doit son existence juridique aux Accords d’Oslo. Il serait plus efficace de considérer que, malgré son arrogance, Donald Trump est de bonne foi ; que son plan est moins favorable aux Israéliens que le statu quo et qu’il n’est pas hostile au Droit international ; bref que certains aspects de sa médiation pourraient être positifs pour la cause palestinienne.
Mon analyse est peut-être faussée par le fait que je ne vis pas sous occupation depuis 70 ans et que j’ai été éduqué par une nation colonisatrice, mais je ne pense pas que le choix actuel se résume à la Collaboration ou à la Résistance comme lors de Nakba. Je n’ai donc pas de conseil à donner, juste à souligner qu’il ne faut pas répéter les erreurs du passé et injurier une personne qui ouvre une porte de bonne foi.
Il semble que le président Mahmoud Abbas envisage d’infléchir sa position. Il a fait libérer le chef d’entreprise qui a, selon lui, trahit la cause palestinienne en participant à l’atelier de Bahreïn sur le « Deal du siècle ». Et il prépare une délégation pour aller prendre la température à la Maison-Blanche.