Le 12 décembre 2016, dans Arte Journal, les téléspectateurs français et allemands ont droit à une leçon de néonazisme sous le titre « Allemagne, les nostalgiques du Reich ». Le titre de la page sur le site d’Arte est, lui, beaucoup plus fort :
En Allemagne, les "Citoyens du Reich" sèment le chaos
À la lecture de la vidéo, on se rend compte que le chaos en question se résume à quelques courriers envoyés aux fonctionnaires communaux de la ville de Radeberg, près de Dresde, par des personnes qui ne reconnaissent pas la République fédérale allemande et qui posent la question de sa légitimité. D’après le maire de la ville, souriant, il s’agit d’un « charabia » bourré d’« histoires tordues ».
La voix off explique tout de même de quoi il retourne :
« Pour les Citoyens du Reich, l’État allemand est une dictature sans constitution contrôlée par des groupes américains et d’autres forces obscures »
Merkel ayant fait allégeance de manières directe et indirecte à la puissance américaine, et n’étant pas farouchement opposée aux écoutes de « ses » alliés, la première partie de la définition ne semble pas fantaisiste. En revanche, il faudrait en savoir plus sur les « autres forces obscures » pour se prononcer. Pour en savoir plus, nous avons exhumé un article du Figaro datant du 20 octobre 2016 qui explique, en substance, que les Citoyens du Reich sont un conglomérat d’« hurluberlus » et de militants « d’extrême droite ». Ils ne reconnaissent pas l’État et produisent par exemple leurs propres papiers d’identité. Ils s’appuient pour cela sur une décision de la Cour suprême allemande de 1973 qui laisse « entendre que le Reich allemand n’a pas disparu légalement après la capitulation de 1945 ».
Cependant, parmi les « hurluberlus », il y en a qui s’arment, et un policier est mort de ses blessures, mi-octobre, après avoir été abattu par un des Reichsbürger. Ces derniers seraient responsables de « plus de 200 incidents depuis 2012 ».
Qu’il s’agisse d’un micro-phénomène ou d’une épidémie de néonazisme, on a l’impression que le système médiatico-politique allemand, très sensible à ces questions, cherche un contrepoids et des contre-feux aux problèmes civiques posés par l’adjonction d’un million de migrants en 2015, et environ 300 000 en 2016.
Tous ne sont pas des délinquants, mais la délinquance de ces déracinés, souvent des jeunes hommes perturbés à la fois culturellement et sexuellement, a choqué la population. Pendant que le pouvoir central et les médias aux ordres hurlent au nazisme renaissant, les Allemands d’en bas s’échangent les vidéos d’agressions perpétrées par des migrants ou des étrangers. Il y a comme une escalade dans la dénonciation d’exactions de part et d’autre, avec une surdité grandissante des deux côtés.
Angela Merkel et sa politique sont aujourd’hui très fermement contestées par la base populaire. Car ne l’oublions pas, si l’Allemagne est le pays riche de l’Europe, il y a toujours un peuple allemand, qui s’était calmé politiquement (il a toujours été très à gauche ou très à droite historiquement) à la faveur des années économiques fastes, et du haut niveau de l’emploi national. Cependant, la crise profonde que traverse le pays, la baisse de natalité, la punition migratoire, la tutelle américaine, le « politische Korrektheit », ont fait resurgir les fantômes du passé : le rêve d’une Allemagne indépendante, qui pense d’abord à ses habitants, et ethniquement plus homogène. Ce qui est le cauchemar de ses dirigeants.
Il ne faut pas analyser autrement la « hitlermania » qui s’empare de toute une frange de la jeunesse allemande, qui cherche des repères forts dans le passé, vu ce que le présent leur propose. Ainsi, cette vidéo d’Hitler fascine les jeunes :
Certes, Hitler était un monstre – sous une apparence humaine plutôt bonhomme –, mais le régime actuel allemand ne déclenche pas la même ferveur, c’est le moins qu’on puisse dire. C’est cette équation qui donne la migraine à tous les spécialistes de la politique : les régimes démocratiques ne rencontrent plus l’adhésion des foules, qu’ils craignent comme la peste et qu’ils ont logiquement hitlérisées, des foules qui réclament une certaine transcendance. Elles ont besoin de se transcender dans quelque chose. Et ce quelque chose ne peut être que la Nation.
Qu’elle soit d’essence royaliste ou républicaine, la nation a prouvé, dans les moments de crise, qu’elle était un idéal efficace, pour qu’un peuple se retrouve, se ressoude et reconstitue ses forces.
La démocratie parlementaire montre ses limites dans la situation actuelle. On en voit le résultat piteux avec l’Union européenne, ses errements, et la méfiance, voire la rétractation, des peuples concernés. Cependant, la Nation, c’est justement ce que les régimes en place, pris dans les rets de l’oligarchie internationale et ses injonctions (chaos migratoire, logique de marché, primat de la finance, destruction des frontières, profit de masse, chômage de masse), interdisent. Alors, comment sauver ces régimes dits démocratiques, s’ils perdent progressivement leur appui populaire, comme c’est le cas actuellement en Europe, et s’ils n’ont pas le droit d’exalter le nationalisme ?
Aucun régime ne peut tenir longtemps sans l’adhésion de son peuple. Quel contrat lui proposer, sans retomber dans les excès du nazisme ?