Les autorités allemandes souhaitent faciliter l’intégration des réfugiés et leur apprentissage de la langue. Pour se faire, elles cherchent à faire rentrer les migrants dans le monde du travail, en créant cent mille offres d’emploi sous-payés.
Berlin veut créer 100 000 mini-jobs à 80 centimes de l’heure pour les réfugiés, dont 11 600 pour le seul Land de Bade-Wurtemberg. L’objectif affiché ? Faciliter leur intégration et leur permettre d’apprendre l’allemand à travers le monde de l’entreprise.
Mais en Allemagne, une telle mesure provoque la polémique : non seulement les réfugiés seront particulièrement mal payés, mais avec ce salaire, ils imposent une féroce concurrence aux travailleurs allemand, et plus particulièrement aux chômeurs longue durée.
En effet, de tels mini-emplois existent déjà pour les chômeurs longue durée dans le pays, mais ils sont rémunérés 1,05 euro de l’heure, ce qui est déjà très peu.
Interrogée par France Bleu, la directrice générale de l’association des villes allemandes Gudrun Heute-Bluhm a tenu à clarifier la situation : « Ce n’est ni un salaire, ni un vrai travail, comme remplacer des vendeurs ou autre, mais des tâches qu’ils n’effectueraient sans doute pas en temps normal. Plutôt un travail d’utilité publique ».
« Pour 75 % des offres d’emploi, cet argument n’est pas valable », rétorque la député Verte Brigitte Pothmer, toujours sur France Bleu. « Les réfugiés sont très mal payés parce que la ministre du travail, veut absolument créer 100 000 jobs à 80 centimes. Elle n’a pas réussi à faire débloquer assez d’argent par le ministère des finances, voilà pourquoi les réfugiés doivent travailler pour moins cher encore que les chômeurs de longue durée » explique la parlementaire allemande.
Les migrants susceptibles d’être recrutés n’ont pas encore de permis de séjour. En attente de documents en règle, ils ne peuvent donc pas prétendre à de réelles offres d’emploi.
En 2015, environ un million de migrants sont arrivés en Allemagne, encouragés par l’annonce faite par la chancelière d’en accueillir 800 000.
Colère des internautes
Sur la toile, les internautes allemands sont particulièrement critiques à l’égard de cette nouvelle mesure. La plupart soulignent que ces nouveaux emplois seront encore plus précaires que les fameux « jobs à un euro ». « Les migrants ne sont pas aussi stupides que les allemands, qui acceptent d’être payé un euro pour un travail. Être payé aussi peu est une honte » tweet un utilisateur.
« Quel intérêt si les migrants viennent travailler pour moins d’un euro ? Ne feraient-ils pas mieux de rester dans leur pays ? » s’interroge un autre internaute.
Enfin, certains semblent s’alarmer de la concurrence instaurées entre travailleurs allemands et migrants : « Avec ces emplois encore moins cher que les jobs à 1 euros, les migrants seront embauchés en premier. À éviter, en ces temps de tensions sociales ».
L’immigration et le capital, lire chez Kontre Kulture